Du «airbrush» dans l’église de Saint-Zéphirin-de-Courval

AFFAIRES. Un atelier de peinture «airbrush» pour motos est en train de prendre forme dans l’église de Saint-Zéphirin-Courval. La conversion a commencé il y a quelques semaines, après que Pierre Gratton, fondateur d’Archange Custom Cycle, soit devenu l’heureux propriétaire de l’endroit.

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L’immensité des lieux (18 000 pieds carrés!) lui permet également d’y construire trois grands appartements pour loger sa famille. Il en occupera un avec sa conjointe, tandis que son fils et ses beaux-parents occuperont les deux autres.

Ces logements seront situés à l’arrière du bâtiment, où commençait la sacristie. L’atelier de peinture occupera quant à lui une portion de la partie avant. Le reste sera subdivisé de façon à pouvoir y réaliser diverses opérations complémentaires, comme le polissage, le sablage et le lavage des véhicules. Un petit local sera aussi loué à une amie tatoueuse.

«Ce sera la plus grosse « shop » de motos custom indépendante au Québec [en terme de superficie]», sourit M. Gratton, qui évolue dans le domaine depuis une vingtaine d’années déjà. Il travaille avec son fils et sa conjointe, en plus d’embaucher un employé à temps partiel. Auparavant, son entreprise était située à Sainte-Julie, dans un local de 2000 pieds carrés.

«L’atelier, ici, aura 12 000 pieds carrés, alors il y a plein de possibilités qui s’offrent à nous. L’entreprise pourrait bien grossir au fil du temps. Par exemple, on pourrait décider d’embaucher un mécano pour ajouter éventuellement un volet d’entretien et de réparation à notre service de relooking», mentionne-t-il.

Le nouveau propriétaire envisage aussi démarrer une petite cantine avec terrasse, le printemps prochain, pour permettre la tenue d’événements ponctuels sur le parvis de l’église ou dans le stationnement. «J’aimerais offrir aux passants un endroit où se rassembler. J’ignore encore la forme exacte que ça va prendre au final, mais je voudrais que ce soit quelque chose de simple», indique-t-il, mentionnant avoir déjà en main le permis de la ville.

Pierre Gratton a commencé les travaux de conversion de l’église il y a un peu plus d’un mois. Les appartements seront habitables d’ici une à deux semaines, tandis que l’atelier devrait pouvoir ouvrir ses portes au public d’ici la mi-août. En attendant, il habite dans une roulotte, installée dans le stationnement de l’église.

«C’est tout un trip!, lance-t-il. On travaille fort, mais on n’a aucun stress. C’est d’ailleurs comme ça que je fonctionne dans la vie: une journée à la fois.»

Un drôle de hasard

Au départ, ce n’était pas dans les plans de Pierre Gratton d’acheter une église. Néanmoins, il en avait visité une par hasard, à côté de Saint-Jean-sur-Richelieu.

«J’aime les vieilles affaires, avoue-t-il d’entrée de jeu. Il y avait une église et un presbytère abandonnés à vendre. J’ai demandé à les visiter et j’ai eu un gros coup de cœur. C’était vraiment des beaux bâtiments. Sur place, j’ai fait une petite vidéo dans laquelle je disais entre autres que je pourrais déménager ma « shop » de motos ici et je l’ai mise sur Facebook. Ça s’est promené partout et les gens trouvaient l’idée géniale. Par contre, la ville n’a rien voulu savoir de mon projet, alors on n’a pas pu s’entendre.»

Dans les semaines suivantes, un ami a vu que l’église de Saint-Zéphirin-de-Courval était à vendre. «Il m’a envoyé le lien. On demandait 75 000$ pour la bâtisse. Je pensais qu’il y avait erreur ou qu’il y avait des problèmes majeurs, mais non. Je suis venu voir, et on connaît la suite.»

Pour celui qui a été servant de messe dans sa jeunesse, il s’agit d’une opportunité tombant presque du ciel. «Je suis croyant depuis toujours, alors le concept de combiner l’église et ma shop me fait évidemment tripper

Pierre Gratton prévoit investir environ 200 000$ pour transformer son acquisition en atelier et en logements. Une aubaine, dit celui qui perçoit son entreprise comme le projet d’une vie. «Si j’étais millionnaire, j’aurais fait entrer une équipe de 30 personnes et terminé ça en un mois, mais ce n’est pas le cas. On va s’installer, on va pouvoir travailler, et au fil du temps, on va bonifier. J’ai 47 ans et tout mon temps», philosophe-t-il.