Visite guidée des installations de Gentilly-2

BÉCANCOUR.  Dix ans après la mise à l’arrêt de son réacteur, ça ne fourmille plus autant dans les couloirs des installations de Gentilly-2, qui est passé de quelque 700 employés à moins d’une quarantaine. Des étages complets de bureaux ont été désaffectés, des panneaux entiers de commande de la centrale sont hors fonction et on peut marcher de nombreuses minutes dans le labyrinthe que semble être Gentilly-2 avant de croiser quelqu’un. L’accueil qu’a reçu Le Courrier Sud dans les vestiges de la centrale nucléaire n’avait pourtant rien de triste. Bien au contraire! La visite a débuté avec des employés chaleureux dans une salle de réunion au nom qui fait sourire : Dupond et Dupont (non loin de la Castafiore ou encore d’Obélix).

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Les installations de Gentilly-2 sont divisées en trois zones radiologiques. La zone 1, c’est là où se trouvent les bureaux. Bien que cette zone soit située à l’intérieur de l’enceinte, il n’y a aucun souci de contamination et on peut y entrer ou en sortir sans se vérifier. Lorsque la centrale était en exploitation, les bureaux étaient répartis sur deux bâtiments de cinq et de six étages. Aujourd’hui, tout le monde a été rapatrié sur un seul étage, le reste étant désaffecté.

Il existe ensuite la zone 2 où la contamination est possible, sans qu’elle soit toutefois tolérée. Avant de quitter la zone, il faut s’assurer de ne traverser aucun contaminant en zone 1, il est donc impératif de se vérifier ainsi que tous les objets qui transitent entre les deux zones. C’est dans cette zone que se situe, notamment, la salle de commande.

Finalement, c’est dans la zone 3 que les risques de contamination sont les plus élevés, étant donné la nature des travaux qui s’y déroulent. D’ailleurs, pour y travailler, il faut changer de vêtements. « Ce ne sont pas des vêtements qui offrent une protection particulière, mais ils sont à usage unique, si on veut », explique Patrice Desbiens, directeur adjoint des installations de Gentilly-2.

La zone 2 est considérée comme une zone transitoire entre la zone 3 et la zone 1. « Ce n’est pas magique, la zone 3! », lance le directeur adjoint. Les zones 2 et 3 ne sont généralement séparées que par une chainette. « C’est juste pour dire que de l’autre côté, on peut présumer que c’est contaminé », précise-t-il.

La salle de commande, le centre nerveux de Gentilly-2

Dans l’impressionnante salle de commande des installations de Gentilly-2, presque tous les panneaux de contrôle sont éteints. Sur les 125 systèmes que compte la centrale, une vingtaine seulement sont encore en fonction. Dans cette salle, on retrouve des systèmes d’arrêt d’urgence du réacteur et de refroidissement du cœur, ou encore une enceinte étanche qui pouvait confiner le bâtiment réacteur en cas d’événement. Tous ces panneaux n’ont jamais été utilisés, hormis pour les essais de routine.

Des dizaines et des dizaines de bouts de papiers collants orange portant l’inscription MERT ont été apposés au fil des 10 dernières années sur les boutons et cadrans hors fonction, preuve que le déclassement est bien avancé. « MERT » signifie Mise en retrait temporaire. « Maintenant, je dirais plutôt Mise en retrait terminée, précise André Lalancette, coordonnateur en déclassement. Si tu vois un collant orange, ça veut dire que c’est fini pour toujours. »

Dès le premier coup d’œil, on remarque le design rétro de la salle de commande par ses couleurs, ses écrans cathodiques et ses indicateurs analogiques. « Ça a déjà été futuriste!, précise Patrice Desbiens. Les gens pensent qu’une centrale nucléaire, c’est ultra moderne et à la fine pointe, mais non! C’est super bien fait, c’est robuste et fiable, mais ce n’est pas de la technologie moderne! »

« On était une équipe de 100 à 120 personnes à s’alterner dans la salle de commande 24h sur 24, 7 jours sur 7. Maintenant, on est plus que quatre à faire ça, du lundi au jeudi, sur un horaire régulier », raconte M. Lalancette.

« Aujourd’hui, c’est un petit peu particulier. Ça se peut que vous arriviez ici, qu’il n’y ait pas un chat et que plusieurs alarmes sonnent! », poursuit ce dernier, expliquant que désormais, les alarmes peuvent être consultées à distance.

Bâtiment réacteur

Le bâtiment réacteur, c’est l’emblématique silo de béton qui caractérise le paysage de Gentilly-2. Comme on peut le deviner, c’est à l’intérieur de celui-ci que l’on retrouve le réacteur. Tout autour, ce sont les bâtiments de service, les bâtiments auxiliaires, qui contiennent des équipements qui étaient autrefois en fonction.

Pour accéder au bâtiment réacteur, les employés devaient passer par un sas. « C’est comme un gros tube étanche avec deux portes », illustre M. Desbiens. Le sas était nécessaire, car le bâtiment réacteur était maintenu en légère dépression de sorte que s’il y avait une fuite, c’est l’air externe qui entrait à l’intérieur, et non le contraire. « C’est le principe de base pour éviter que la contamination sorte. Les deux portes permettaient de faire le sas entre la pression normale et la pression moindre à l’intérieur », ajoute-t-il. Aujourd’hui, la porte de ce sas est grande ouverte, offrant un accès libre au bâtiment.