Yves Bourque en entraînement sur l’eau

SPORTS. Après deux participations aux Jeux paralympiques d’hiver, le Bécancourois Yves Bourque accroche ses skis… pour sortir son kayak! Il avait parlé du projet au terme des Jeux de PyeongChang et voilà que depuis avril, il s’entraîne effectivement sur l’eau dans l’espoir, peut-être, d’accéder aux Jeux paralympiques d’été de Tokyo, en 2020.

L’entraînement est cependant loin d’être un jeu d’enfant. «Ce n’est pas aussi simple que je l’imaginais, avoue d’entrée de jeu l’athlète de haut niveau qui, rappelons-le, est né sans jambes. Pour une raison que j’ignore, je n’arrive pas à pagayer. Ça ne fonctionne tout simplement pas, probablement en raison d’un problème biomécanique. Mes dorsaux me font mal.»

Après avoir tenté de manipuler la pagaie à deux pales durant un mois, il a essayé  la rame. Le test a été concluant. «J’ai arrêté de me casser la tête. Avec une pagaie, ça ne marche pas. Avec une rame, je peux faire un bon entraînement d’une heure à une heure et demie sans douleur à l’épaule», indique celui qui a subi, en carrière, quelques déchirures à la coiffe du rotateur.

Devant ce constat, il a décidé de bifurquer un peu de son plan initial pour finalement évoluer à bord d’un outrigger, plutôt qu’en canoë-kayak. Un outrigger, c’est une longue et fine embarcation fermée (24 pieds), munie d’un flotteur sur le côté. «L’équipe nationale m’en prête un pour l’été grâce au Club de canotage de Shawinigan, où je m’entraîne. Je l’ai adapté pour être en mesure de l’utiliser.»

«Ce n’est pas aussi simple que je l’imaginais»

– Yves Bourque

Avant d’avoir accès à cette embarcation, Yves Bourque allait sur la rivière Saint-Maurice à bord de son kayak personnel, qu’il a modifié en lui ajoutant notamment un gouvernail à l’arrière. «Je me suis loué un espace au Maïkan, à Trois-Rivières, où je vais encore ramer quelques fois par semaine. La fin de semaine, je vais à Shawinigan. J’aime ça, là-bas; j’ai une excellente coach (Hélène Gervais) et je suis en contact avec Mathieu St-Pierre, qui est un vrai gars de canot.»

Pour lui, c’est le début d’une nouvelle aventure. «Je m’entraîne six jours par semaine incluant du musculaire. Je veux également voir avec mes entraîneurs pourquoi ça ne va pas avec la pagaie (à deux pales). Dans mon sous-sol, je me suis fabriqué une machine pour pagayer et j’arrive à le faire. C’est une fois rendu sur l’eau que ça ne va plus; j’ai mal après 60-65 coups alors que chez moi, je peux pagayer une heure sans problème.»

Quant à savoir s’il a réellement des chances de participer à des Jeux paralympiques d’été, il avoue que c’est difficile à dire pour le moment. «Je suis encore en processus d’adaptation. Il y a des tests physiques à faire. Je n’ai aucune idée d’où je me situe, si j’ai même une possibilité de faire l’équipe nationale. Il y a des essais à Montréal du 22 au 25 juin et là, ça devrait m’enligner un peu plus. Par contre, ce qui sera vraiment déterminant, ce seront les Championnats canadiens qui se tiennent à Sherbrooke à la fin août.»

L’athlète de 52 ans se dit tout de même confiant: «J’ai une bonne base de forme physique. C’est juste que le mouvement et la technique sont différents du ski…»