Une ligue professionnelle de soccer féminin voit le jour

Une page d’histoire s’est mise en branle, la semaine dernière, lorsque la naissance de la nouvelle Ligue professionnelle canadienne de soccer féminin a été officialisée. Le Québec ne sera pas en reste puisqu’une franchise a été octroyée à la Ville de Montréal, quelques mois après qu’une nouvelle ligue professionnelle de hockey féminin voit le jour, octroyant elle aussi une équipe à Montréal.

La ligue, qui devrait lancer ses activités au printemps 2025, a aussi confirmé l’annonce des franchises à Vancouver, Calgary, Toronto et Halifax. 

« C’est une grande nouvelle pour toutes les joueuses de soccer du Canada, a lancé Marie-Ève Nault, ancienne membre de l’équipe canadienne et médaillée olympique. Au Québec et au Canada, il n’y avait pas d’options (professionnelles) après l’université. Au Québec, il y avait la PLSQ (Première ligue de soccer du Québec), mais si tu voulais jouer au plus haut niveau, il fallait regarder du côté des États-Unis ou en Europe. La nouvelle ligue va permettre aux joueuses de demeurer à la maison, au Québec ou au Canada, en jouant au soccer professionnel tout en gagnant leur vie avec des salaires intéressants. C’est une excellente nouvelle. Tout comme au hockey, la ligue va commencer à six équipes et qui sait, on pourrait peut-être espérer une équipe à Québec dans quelques années? »

« C’est majeur comme annonce et une bénédiction pour la pyramide du soccer féminin au Québec, et au Canada. Les filles vont pouvoir rêver de jouer professionnel et de vivre de sport, ici, au Canada. On va permettre à un plus grand bassin de joueuses de pouvoir jouer professionnel sans avoir à s’expatrier », confie pour sa part James Ayotte, qui est entraîneur de soccer féminin des Diablos de Trois-Rivières depuis six ans (troisième année comme entraîneur-chef), puis entraîneur au programme sport-études soccer à l’Académie Les Estacades.

De son côté, Durnick Jean, qui a rejoint la formation de soccer féminin des Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) en juillet 2023, abondait dans le même sens que ses comparses face à cette annonce. « C’est extrêmement important comme annonce parce que le bassin de joueuses de talent est tellement important au Québec, et au Canada, a-t-il lancé. Ce sont des joueuses qui ne pouvaient pas aspirer à jouer professionnel alors c’est vraiment une bonne chose pour elle qu’il existe maintenant une option au sommet de la pyramide. »

« Après l’université, il n’y avait pas vraiment d’options, outre le Senior AAA ou le Semi professionnel, mais tu ne pouvais pas vivre de ton sport, financièrement. L’exode pour les États-Unis et l’Europe était vraiment grand du côté féminin. Il y avait même des filles qui partaient faire leurs études universitaires aux États-Unis pour espérer accéder au niveau professionnel ensuite. »

Projet signé Diana Matheson 

Fait intéressant à noter, le Canada se voulait le seul pays parmi les dix meilleurs du classement féminin de la FIFA à ne pas offrir de ligue professionnelle. L’instigatrice du projet est Diana Matheson, ancienne membre de l’équipe canadienne et médaillée olympique.

« Diana est une amie et une ancienne coéquipière, et c’est depuis sa retraite qu’elle avait son plan en tête. L’équipe féminine était encore Top-10 au monde, mais on voyait qu’on se faisait rattraper par des pays qui ont investi beaucoup dans le développement », ajoute Mme Nault.

« Diana est extrêmement intelligente et très passionnée. Lorsqu’elle s’investit dans un projet, c’est pour avoir à cœur l’intérêt des joueuses. C’est elle qui a lancé l’association des joueuses avec l’équipe nationale. Elle est allée étudier à l’université pour chercher son MBA (Master of business administration) et elle s’est construit un plan d’affaires qui tient la route. Elle a mis beaucoup de temps dans le projet. »

Tel que mentionné précédemment, la Ligue professionnelle de hockey féminin a vu le jour cette année, la formation du Minnesota étant couronnée grande championne après s’être rendue au match ultime de la grande finale face à Boston.

« C’est vraiment un bon timing pour le sport féminin. On a vu tout l’engouement avec la ligue de hockey cet hiver alors si on est capable de reproduire ça avec le soccer féminin, ça va être excellent. On a vraiment hâte de voir ça en avril prochain! », ajoute Mme Nault.

« Je pense que l’arrivée de la Ligue professionnelle de hockey féminin a grandement aidé, ajoute pour sa part M. Ayotte. On a vu un engouement tout a long de la saison, mais également en séries lorsqu’elles jouaient à la Place Bell. Le succès de l’année numéro un et sa visibilité ont été exceptionnels et je pense que c’est venu aider à convaincre plusieurs investisseurs dans le dossier du soccer féminin », conclut-il.

La franchise montréalaise sera opérée par Isabèle Chevalier et Jean-François Crevier, qui se sont entourés d’un bon groupe d’investisseurs du milieu des affaires, des arts et des sports.