Seule contre le désert marocain

BÉCANCOUR. Parcourir 5 000 kilomètres en solo sur son quad, dans le désert du Maroc, tel est le défi que vient de se lancer Caroline Fréchette.

Un projet majeur pour lequel elle se prépare depuis déjà quelques semaines en vue de participer au trophée Rose des Sables. Une course d’orientation qui se déroulera du 15 au 27 octobre 2019, qui comprend plusieurs épreuves d’orientation, de franchissement de dunes, et deux jours et une nuit en autonomie complète dans le désert.

Un défi colossal si l’on considère que la grande majorité des participantes réaliseront ce défi en duo. «Chaque année, il y a 280 à 300 équipages qui font la course, mais seulement 4 ou 5 qui la font tout seuls», indique Caroline Fréchette, de l’équipage quad Rose adrénaline 603.

En plus de réaliser le tout en solo, elle tentera de compléter le tout sur un quatre roues «Sports» plutôt que sur un 4X4, comme la plupart des participantes. Elle est d’ailleurs en démarches auprès de Yamaha Canada pour un Raptor 700.

Pour peaufiner sa préparation physique, elle s’entraîne déjà de trois à quatre fois par semaine au Maximum Fitness de Fortierville, où elle est encadrée par Isabelle Lambert. «C’est pour augmenter l’endurance. Parce que dépendant des étapes, ça peut représenter de 10 à 12 heures sur le quatre roues», indique Caroline Fréchette.

Comme l’épreuve consiste surtout à s’orienter dans le désert, elle devra également apprendre le maniement de la boussole et les rudiments du «road book». Elle apprendra d’ailleurs avec un entraîneur chevronné, soit Patrick Trahan qui a déjà fait le célèbre Rallye Paris-Dakar à quelques reprises.

Au cours des prochains mois, ses sorties en quatre roues se serviront surtout à apprendre à se servir d’une boussole. Quelques semaines avant de se rendre au Maroc pour vivre son expérience, elle prendra part au Rallye de Parent, en Haute Mauricie. Un parcours extrême d’environ 350 kilomètres où elle pourra mettre à l’épreuve ses apprentissages.

Il y a aussi tout l’aspect mécanique qu’elle devra apprendre avant de se lancer à l’assaut du désert marocain. Elle entend d’ailleurs monter sa machine en mode «rallye» et apprendre la base pour être en mesure de faire ses réparations, si nécessaire.

Caroline Fréchette apprendra le maniement de la boussole et les rudiments du «road book» avec Patrick Trahan qui a déjà fait le célèbre Rallye Paris-Dakar à quelques reprises. (Photo courtoisie)

Un retour à la compétition

Pour la jeune maman de trois enfants, de Bécancour, c’est un défi qu’elle a décidé de relever pour ses 35 ans. C’est aussi un retour à la compétition pour celle qui avait fait des courses sur terres battues avant de délaisser son sport en raison des événements de la vie.

De 2004 à 2008, elle avait en effet fait des courses d’été et d’hiver dans les catégories «inter» et «femmes pro» sur des pistes de «Flat track» et «mx» un peu partout au Québec avec l’association Courses VTT. Elle avait également réalisé un 4 heures d’endurance en duo, à Saint-Raymond-de-Portneuf, en 2006, où il y avait eu seulement 8 équipes de filles sur 50.

Même si elle a cessé les courses il y a déjà dix ans, l’esprit de compétition est encore bien présent chez Caroline Fréchette. Son objectif est d’ailleurs de se classer dans les premiers rangs et de réaliser d’autres rallyes, et qui sait, peut-être un Dakar, soulève-t-elle.

Celle qui s’inspire de Camélia Liparoti, qui a remporté plusieurs championnats du monde des Rallyes TT, désirait relever ce défi depuis deux ou trois ans. Ne réussissant pas se trouver une coéquipière, elle a décidé de foncer et de le faire en solo.

«J’ai décidé de le faire et de ne pas attendre après les autres. Ce sera difficile, mais c’est faisable, témoigne-t-elle. Avec mon travail d’infirmière, je côtoie la maladie et la mort quotidiennement. Les épreuves de la vie me font réaliser et comprendre qu’il ne faut pas attendre pour vivre ses rêves.»

C’est également un exemple qu’elle veut donner à ses trois garçons. «Je veux leur transmettre de bonnes valeurs tel le partage, la persévérance, la solidarité et le dépassement de soi. Tout ce dont j’aurai besoin, explique-t-elle. Ça va me permettre de sortir de ma zone de confort. J’avais besoin de ça. Je m’ennuyais de l’adrénaline et des moteurs.»

En plus de combiner sa préparation avec sa vie de famille, Caroline Fréchette doit aussi trouver le moyen d’amasser 18 000$, la somme qui est nécessaire pour payer les frais liés à son expérience.

Jusqu’ici, elle estime avoir récolté environ 3 000$. Pour chaque don de 20$, elle donne une bouteille de vin. Elle organise aussi quelques soirées-bénéfices et elle recherche activement des commanditaires.