Robin Richard-Campeau: Le joggeur philosophe

SAINT-LÉONARD-D’ASTON. Il est de retour d’Afrique du Sud où il a participé à l’ultramarathon Comrades pour fêter ses 40 ans. Il est fondateur d’un club de coureurs. Il parcourt chaque semaine des dizaines de kilomètres dans les rues de Saint-Léonard-d’Aston. Une question se pose: mais qu’est-ce qui fait courir Robin Richard-Campeau?

«Certainement pas ma mère!», répond-il en riant, précisant du même souffle que sa mère a de nombreuses qualités.

Les années au secondaire ont passé mais Robin continue de participer au Polycourons. Le club qu’il a fondé compte parmi ses anciens membres Winona Lefebvre Castillo, Marc-André Raiche et Hugo Houle. 

«Mon père, lui, a toujours aimé le sport. Il pratique le tennis. Il joue encore au hockey deux ou trois fois par semaine», précise Robin qui, à l’enfance, ne cadrait pas nécessairement bien dans les sports d’équipe.

«Au secondaire, j’ai été vers le badminton. J’ai touché un peu au ski de fond et au vélo, mais j’ai rapidement été vers la course à pied. C’est resté exclusivement ça depuis que j’ai l’âge de 13 ans», relate celui qui a fait de la course à pied un mode de vie.

Une passion qui trouve également ses racines dans sa génétique. «J’ai toujours eu, comme chez certains membres de ma famille du côté paternel, un profil un peu addictif. Il y a cela, mais la course fait maintenant partie de mon identité. On ne se demande pas si on va se coucher ou si on va manger; c’est la même chose pour moi concernant la course à pied.»

La mythique course de la Polyvalente de Saint-Léonard, le Polycourons, sera précisément le déclencheur de cette dépendance pour le jeune Robin. «C’est le départ, mais ça n’a pas été un franc succès. La première fois que j’ai fait le 4 km, ça m’a prit 24 minutes. J’ai fini 75e. J’étais bien loin du podium», se rappelle-t-il en précisant qu’il a conservé des archives de toutes les courses auxquelles il a participé depuis 27 ans.

Se considérant sportif, en secondaire 3, il en a ras le bol d’être dans l’ombre. «Je voulais ma petite auréole en course à pied. J’ai compris que je n’avais pas de vitesse, je me suis dit que j’allais miser sur la distance en participant au 8 km. C’est là que j’ai commencé à m’entrainer plus sérieusement. Ce qui était un peu une anomalie. Personne ne faisait ça au secondaire à l’époque», souligne avec justesse l’athlète.

En plus de s’entrainer par les soirs, le futur enseignant en philosophie au Cégep de Drummondville va se mettre à la recherche de conseils. Pas d’internet dans les années 80 et 90, Robin va se renseigner auprès de son enseignant en éducation physique, Jean-Yves Doucet, et de son beau-père, Jean-Denis Allaire.

L’entraineur et le professeur

Vers la fin du secondaire, en participant à quelques courses, Robin se rend compte qu’il y a tout un univers de coureurs en dehors de ce qui se passe à l’école. Arrivé à Trois-Rivières pour poursuivre ses études collégiales, il s’inscrira au Club Milpat. Espérant y recevoir des conseils, bien qu’à peine sorti du secondaire, il constate que ses années d’abonnement à la revue Runner’s World font qu’il a des connaissances dépassant celles de coureurs de plus de 20 ans d’expérience. Il devient entraineur à 22 ans.

«Je me suis rendu compte que mon besoin d’apprendre pour moi afin de m’améliorer pouvait bénéficier aux autres. J’ai compris que coacher, c’était ma destinée dans le domaine la course à pied», constate-t-il. Cette passion dévorante pour le sport ne l’empêchera pas de faire des études en philosophie. «C’est beau le corps humain, c’est bien l’activité physique, mais il ne faut pas oublier la partie intellectuelle, tout ce qui est lié à la curiosité est tout aussi nécessaire pour moi. «Un esprit sain dans un corps sain» et ce dans les deux sens de la phrase. On ne voit jamais quelqu’un évoqué l’expression pour justifier le fait d’ouvrir un livre, mais c’est aussi bénéfique», de souligner Robin Richard-Campeau.

L’enseignant voit également une unicité entre enseigner la course et la philosophie. «Que ce soit une compétition ou la réalisation d’une dissertation, c’est la même méthode. On se fixe un objectif, on organise son temps de préparation et on performe le moment venu. Dans les deux cas, j’accompagne la personne à réaliser son objectif».

Des conseils?

«Le premier conseil, c’est d’arrêter de chercher des conseils. Tu mets tes souliers, tu sors dehors et tu vas courir», affirme sans détour Robin Richard-Campeau. Par la suite, expérience aidant, le moins débutant pourra aller chercher des manières de s’améliorer. «Y aller, c’est ce qui demande le plus de courage. Après le début, il y a la suite. L’après aura toujours de la portée et des bénéfices», conclut-il, philosophe.