La Coupe du monde de rugby attend Alexandra Tessier

SAINT-LÉONARD-D’ASTON. Malgré la pandémie, Alexandra Tessier se prépare religieusement pour la prochaine coupe du monde de rugby, qui aura lieu en Nouvelle-Zélande à l’automne 2021.

Évidemment, l’entraînement diffère de celui auquel elle est habituée, mais la jeune femme originaire de Saint-Léonard-d’Aston ne s’en formalise pas. Elle continue d’avoir le couteau entre les dents et les yeux rivés sur son objectif. «L’événement n’est ni annulé, ni déplacé», indique celle qui est déterminée à bien y performer et qui fait tout ce qu’elle peut, dans le contexte actuel, pour bien s’y préparer.

«Les athlètes du Québec brevetées «Excellentes» ont pu recommencer exceptionnellement à s’entraîner dans les gyms», se réjouit-elle, avouant du même souffle que l’entraînement «n’est pas évident» depuis la COVID-19. «On n’est pas sur la même cédule que d’habitude. Normalement, on a beaucoup plus de matchs que ça.»

L’athlète espère pouvoir reprendre l’entraînement en équipe à partir de janvier, en respectant une certaine bulle. C’est ce qui est dans l’air, dit-elle, bien que rien ne soit confirmé. «Pour le moment, on se prépare dans nos provinces et régions respectives. Je suis à Montréal. On est un bon groupe ici. Dès qu’on aura le feu vert, on fera des pratiques et des entraînements une ou deux fois par semaine et la fin de semaine.»

Pour le moment, les Canadiennes se situent au troisième rang mondial. Plusieurs joueuses sont présentement à l’étranger, notamment en Europe et en Nouvelle-Zélande, où le rugby a repris. «Je suis allé à Bordeaux cet été. J’y ai joué cinq matchs pour me préparer et aider l’équipe», raconte Alexandra.

Dans le meilleur des mondes, l’équipe nationale devrait tenir un premier camp en mai prochain. Généralement, il y a aussi des parties contres des équipes de l’étranger pour optimiser la préparation. Or, en raison de la situation actuelle, difficile de savoir à quoi ressemblera le calendrier.

«L’important sera de maximiser le temps de jeu, affirme Alexandra Tessier. Le reste du monde joue alors qu’ici, c’est arrêté. Ils ont une petite longueur d’avance sur nous côté préparation. On a hâte que ça débloque.»

Les débuts

L’ascension d’Alexandra Tessier dans le monde du rugby est le fruit d’un talent sportif inné, combiné à une détermination sans bornes. Dès l’enfance, elle est intéressée par les sports. Influencée par Richard Tessier et Manon Desrochers, ses parents, elle aime bouger tout en n’étant pas obligée de le faire, précise-t-elle. «C’était, et ça demeure naturel pour moi».

Balle, soccer et basketball; elle fait la plupart du temps équipe avec les garçons en tirant son épingle du jeu à l’école Tournesol. Son talent au basket amènera l’enseignant d’éducation physique Jean-Yves Doucet à la recruter pour l’équipe de l’école secondaire La Découverte… même si elle n’est qu’en sixième année. «Je me suis dit « pourquoi pas »», s’exclame la jeune fille. Une attitude ouverte et toujours prête à relever des défis qui la définit encore aujourd’hui, à 27 ans.

Déjà un pied dans la porte en étant membre des Broncos en basketball, pour les benjamines, Alexandra Tessier y entrera à plein dès sa première année au secondaire, tout en ayant de bons résultats scolaires. C’est à La Découverte qu’elle découvrira des sports comme le flagfootball et le football qui, sans le savoir à ce moment-là, lui serviront d’introduction au rugby.

Fait à noter: durant son année de footballeuse avec le Bleu et Or, la talentueuse receveuse de passe réussit encore à faire sa place dans un monde de gars. Jean-Yves Doucet en a été un observateur privilégié: «Alexandra ne s’en vante pas, mais elle levait plus que certains de ses coéquipiers au <@Ri>benchpress<@$p>!», témoigne-t-il. Une force naturelle qu’elle bonifiera en s’entraînant sérieusement en salle lors de son passage au collégial.

«Cinq cégeps m’ont recrutée pour leur équipe de basketball. J’ai choisi Dawson, car c’était la meilleure équipe au Québec», indique la jeune femme qui accepte alors à nouveau de relever un défi, dans ce cas-ci, linguistique. «L’anglais n’était pas ma meilleure matière au secondaire. Je me suis dit que j’allais apprendre. C’était extrêmement difficile, mais ç’a m’a fait sortir de ma zone de confort.»

Pourquoi le rugby?

«Je me suis fait des amies à Montréal. L’une d’elles, Kaitlin Olynick, jouait au rugby l’été dans une ligue pour adultes. Elle m’a proposé d’essayer et j’ai accepté», précise Alexandra pour qui cette invitation aura un immense impact sur sa vie d’athlète.

Il s’agira cependant d’un départ difficile. «Je ne connaissais pas du tout le rugby! La seule chose que je savais, c’est que c’était un sport de contact sans équipement. La première fois que je l’ai pratiqué, j’ai cassé le nez à une fille», confie-t-elle avec candeur, précisant que c’est son amie Katlin qui lui a servi de guide.

Rapidement parmi les meilleures

Son amour grandissant pour le rugby amène Alexandra Tessier à laisser de côté le basketball et à poursuivre son parcours scolaire à l’université Concordia. Dès 2012, elle goûte pour la première fois à une compétition internationale en participant au Championnat mondial universitaire de rugby à 7. Elle y remporte l’or en 2014.

Rapidement, elle est identifiée comme l’une des bonnes joueuses québécoises. Malgré son jeune âge, 18 ans, on la sélectionne pour l’équipe Québec en 2013. «Je me suis vraiment rendu compte que j’étais à la bonne place. C’était décidé, je voulais performer contre les meilleurs au monde», confie celle qui a un connu une ascension on ne peut plus rapide entre son initiation au rugby, en 2011, et sa sélection pour le Canada à la Coupe du monde de 2017.

Bien qu’impressionnante, cette épopée ne s’est pas faite sans embûches. Encore là, Alexandra Tessier a dû faire preuve de courage. «Tous mes entraînements étaient orientés vers la sélection canadienne pour la Coupe du monde de 2017. Au mois de mars, j’ai eu deux malchances coup sur coup en me foulant les deux chevilles. J’étais à deux semaines du camp… mais je l’ai fait pareil!»

(Avec la collaboration de Stéphane Lévesque)