Martel croit qu’on doit voir plus large qu’ABI

POLITIQUE. S’il admet que le fait qu’un lockout soit considéré comme un cas de «force majeure» dans le contrat qui lie ABI et Hydro-Québec est discutable en termes de relations de travail, Donald Martel n’est pas nécessairement contre le principe.

Le député de Nicolet-Bécancour a fait cette déclaration après avoir été invité par Le Courrier Sud à réagir à l’intervention du député de Québec Solidaire, Alexandre Leduc, qui est porte-parole de la troisième opposition en matière de travail.

Le député d’Hochelaga-Maisonneuve affirmait que le gouvernement doit sortir de la «fausse neutralité» qu’elle affiche dans le conflit chez ABI, puisque la clause «Act of God» du contrat intervenu avec Hydro-Québec fait en sorte qu’on «subventionne le lockout».

«Le gouvernement doit être différent du parti libéral qui a laissé le conflit perdurer et casser ce moule-là. Souvent, les gouvernements ne se gênent pas pour aller jouer dans des lois spéciales pour aider les patrons, mais là, il serait peut-être temps d’aider les travailleurs et travailleuses en mettant de la pression sur les patrons pour que cette situation change et qu’on sorte du lockout le plus vite possible», a-t-il lancé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Donald Martel, qui est aussi adjoint parlementaire du premier ministre pour les volets Projet Saint-Laurent et les zones d’innovation, croit qu’il en va en quelque sorte de la crédibilité du gouvernement auprès de l’industrie et que l’État doit parfois donner pour attirer des entreprises.

«C’est une entente qui a été signée avec le gouvernement libéral, et je ne vois pas comment un nouveau gouvernement arriverait et dirait à la compagnie: ce que vous avez signé, nous on ne respecte pas ça, plaide-t-il. Il y a l’entente avec ABI qui est importante, mais on essaie d’attirer d’autres entreprises au Québec, notamment dans le parc industriel et portuaire de Bécancour. C’est donc important que quand le gouvernement s’entend avec une compagnie, qu’il respecte sa parole.»

Il estime également que de considérer la grève, mais pas le lockout, comme un cas de «force majeur» aurait pour effet de déséquilibrer le rapport de force dans les négociations, mais à l’inverse. «Ce serait quoi le pouvoir que la compagnie détient?», lance-t-il.

«On focus sur l’ABI, mais moi je regarde plus large. Il faut créer des conditions qui font en sorte que ce soit attirant de venir investir au Québec, continue le député de la CAQ. L’entente qu’il y a, je ne suis pas contre le principe, si c’était une demande de la compagnie, mais je sais que c’est discutable en termes de relations de travail que ce soit un cas de force majeure. Je l’entends et je le comprends, mais… pourquoi on offre des tarifs avantageux au Québec? C’est parce qu’on a la disponibilité en électricité et qu’on veut avoir de bons emplois.»

Le député ne croit pas non plus qu’il soit opportun d’offrir des tarifs d’électricité encore meilleur marché pour relancer l’usine. «Il faudrait d’abord que la compagnie le demande, mais ce n’est pas un enjeu pour elle», croit-il.

À son avis, les conditions financières de la fourniture de l’électricité devraient être attachées à des investissements. «C’est un outil qu’on a pour inciter les compagnies à investir et le pari que l’on fait, c’est que si la compagnie investit, on garantit les emplois beaucoup plus longtemps», lance l’adjoint parlementaire de François Legault.

Pour ce qui est de la méthode employée par le ministre Jean Boulet pour rapprocher les parties, en travaillant sur les objectifs des deux parties, le député croit qu’il faut lui faire confiance pour en venir à une entente négociée. Parce qu’en fin de compte, les deux parties vont s’entendre ensemble, et non avec le gouvernement, rappelle-t-il.

Afin de relancer les négociations, le député demande tout de même à la compagnie d’être plus claire par rapport à leurs attentes. «Je serais même favorable à ce qu’elle fasse une proposition globale, suggère-t-il. Elle en a fait une il y a un an. Qu’elle en fasse une autre. Je pense que ce pourrait être un élément déclencheur.»