«C’est un conflit qui est subventionné»

ÉLECTIONS. De passage sur les lignes de piquetage de l’Aluminerie de Bécancour, les co-portes-paroles de Québec Solidaire, en présence de tous les candidats de la région, en ont profité pour réitérer leur appui aux travailleurs en lockout depuis bientôt huit mois.

Après un brin de causette avec le président du syndicat Clément Masse, Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois n’ont pas mâché leurs mots pour dénoncer la situation dans laquelle les 1030 employés d’ABI se retrouvent.

On se souviendra que dès le début du conflit, cet hiver, Gabriel Nadeau-Dubois était venu à Bécancour pour souligner son appui aux travailleurs. Il avait ensuite déposé une motion à l’Assemblée nationale demandant aux partis de reprendre les négociations. Le tout s’était traduit par une brève rencontre avec la ministre du Travail, puis du retrait de l’offre de l’employeur.

«Nous sommes venus dès le début et pas pour les kodaks. Il n’y en avait pas à l’époque, rappelle Nadeau-Dubois. On est venu ici, pour vous exprimer notre solidarité, parce qu’à Québec Solidaire, quand il y a un conflit de travail comme celui-là, notre position n’est pas neutre, timide, compliquée. Elle est simple, elle est claire. On est avec vous, on est derrière vous. Parce qu’on sait que vous ne vous battez pas juste pour vos conditions, mais pour celles de votre région, des prochaines générations. Ça, ça mérite le respect.»

Gabriel-Nadeau Dubois est allé serré la main des travailleurs.
(Photo Sébastien Lacroix)

Le co-porte-parole a de plus déploré le contrat d’approvisionnent avec Hydro-Québec qui défavorise les syndiqués dans le lockout en permettant d’opérer sans pénalités. «Le conflit qui se vit à ABI, c’est un conflit de travail qui est subventionné par l’argent des contribuables, a-t-il lancé.  Chaque jour, c’est 600 000$ de fonds publics qui sont investis ici pendant que vous êtes sur le trottoir. C’est une honte pour le gouvernement québécois.»

«Le gouvernement du Québec n’a pas le droit d’être neutre devant une situation comme celle-là, continue-t-il. C’est un enjeu politique, d’intérêt public. Tous les Québécois et Québécoises investissent dans cette entreprise-là. On a droit de demander des conditions de travail dignes pour vous autres.»

En agissant de la sorte, le co-porte-parole estime qu’ABI brise le deal avec la société québécoise. «Quand on accorde des tarifs préférentiels à des entreprises comme ABI, c’est parce qu’il y a une entente. Leur bout du deal, c’est qu’en échange de tarifs préférentiels, subventionnés par l’ensemble des contribuables, qu’ils offrent de bonnes conditions de travail pour vous autres, vos familles et ça fait un effet économique sur toute la région. En ce moment, ce deal-là n’est pas respecté.

« C’est un problème politique, tranche-t-il. Je vous invite à poser la question aux autres politiciens, s’ils viennent, de se positionner.  Il faut que tout les partis politiques prennent une position claire. Est-ce qu’ils sont d’accord avec le fait qu’un investisse 600 000$ par jour pour subventionner un lockout? Devant une question comme ça, il y a deux réponses possibles. On est d’accord ou on n’est pas d’accord. Il n’y a pas de demi-mesure. Il n’y a pas de nuances possibles. Vous la connaissez notre réponse: on n’est pas d’accord, on est avec vous et on le sera tant et aussi longtemps que ce ne sera pas réglé. Vous allez toujours pouvoir compter sur nous. »

Il les a également invités à continuer la bataille. «Lâcher pas. Ce que vous faites, c’est important, a-t-il lancé. Parce que quand on s’attaque aux conditions de travail dans une région comme ici, quand on s’attaque aux personnes qui se sont battues pour avoir de meilleures conditions de travail, c’est pour casser le mouvement syndical. Pour casser les travailleurs et les travailleuses. On commence toujours par ceux qui ont de bonnes conditions et qui les ont gagnées. Parce qu’après, ce sont les autres qu’on veut faire passer au cash. C’est une  lutte qui est importante, pour vos familles, pour votre région et tous les travailleurs au Québec.»