Peu de progrès pour le plan de réduction des émissions de GES en Alberta

EDMONTON — L’Alberta en a fait peu pour faire avancer son plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), implanté il y a un an, suggère une analyse.

«Sur la base de ce manque de progrès, il ne semble pas que l’Alberta ait un plan climatique actif, a déclaré Simon Dyer, du groupe de réflexion sur l’énergie propre de l’Institut Pembina, vendredi. C’est un plan qui n’a que le nom.»

Le ministère de l’Environnement et des Aires protégées de l’Alberta n’a toujours pas commenté le rapport.

Le 19 avril 2023, le gouvernement du Parti conservateur uni a publié son plan de réduction des émissions de GES et de développement énergétique. Son objectif était de «renforcer la position de l’Alberta en tant que leader mondial en matière de réduction des émissions de GES, de technologies et d’innovations propres et de développement durable des ressources».

Celui-ci comprenait huit orientations pour réduire les émissions tout en maintenant la sécurité énergétique de la province.

«Le plan cherche à y parvenir grâce à la collaboration et aux partenariats, aux technologies propres et à l’innovation, ainsi qu’aux cadres financiers et politiques», indique un document gouvernemental.

Dans le secteur pétrolier, on a déjà atteint une réduction des émissions de méthane d’environ 45 %. Le plan incluait cependant un engagement bien plus grand. 

«Le ministère de l’Environnement et des Aires protégées de l’Alberta engagera les parties prenantes, les Albertains et les organisations autochtones pour évaluer les voies potentielles pour atteindre un objectif provincial de réduction des émissions de méthane de 75 à 80 %», peut-on lire dans le plan.

L’Institut Pembina déplore que l’Alberta se soit opposée depuis aux mesures fédérales visant à atteindre cet objectif.

«Il n’y a aucune preuve que des travaux ont eu lieu», a déclaré M. Dyer.

Le plan proposait aussi de nouvelles réglementations pour abaisser le seuil de 100 mégatonnes provenant des sables bitumineux.

Rien n’indique cependant une évolution dans cette direction, conclut le rapport Pembina. «En ce qui concerne la limite d’émissions des sables bitumineux, il n’existe aucune preuve publique de progrès.»

Des conséquences pour tout le Canada

Le rapport fait cependant l’éloge de la création par le gouvernement d’un programme de subventions pour les initiatives de captage du carbone. Il note également une augmentation du pourcentage de l’argent de la tarification sur le carbone industriel destiné aux initiatives de réduction des émissions.

Mais le rapport prétend que les discussions nécessaires entre les différents secteurs de l’économie n’ont pas eu lieu.

«Le gouvernement a dit qu’il allait embaucher des consultants pour évaluer les opportunités de réduction pour chaque secteur, mais il n’y a aucune preuve que des travaux ont été effectués. Et il n’y a eu aucune consultation publique sur certains éléments du plan.»

Les forums promis pour la participation des Autochtones et des jeunes ne se sont pas non plus concrétisés. L’Alberta reste la seule juridiction au Canada qui n’autorise pas les services publics à offrir des programmes d’efficacité énergétique.

De plus, le rapport indique que le plan de l’Alberta pour resserrer le rythme auquel les installations industrielles doivent réduire leurs émissions ne suffit pas à empêcher le marché d’être inondé de crédits de carbone bon marché, ce qui détruirait les arguments économiques en faveur de la réduction des émissions.

La province n’a pas non plus introduit de repères pour mesurer les progrès pour réaliser son objectif de neutralité carbone d’ici 2050.

Les émissions de carbone de l’Alberta ont augmenté de 9 % depuis 2005, année de référence pour la plupart des accords internationaux. Les gains réalisés par la province proviennent de l’élimination progressive de l’électricité produite au charbon, qui est maintenant presque terminée.

Les émissions de pétrole et de gaz ont quant à eux augmenté de près de 40 % depuis 2005.

La province a également créé de l’incertitude quant aux mesures de réduction des émissions de carbone en imposant de nouvelles restrictions.

Les conséquences de cette inaction ne se limitent pas à l’Alberta, a souligné M. Dyer.

«Le Canada ne sera pas en mesure d’atteindre son objectif si l’Alberta n’y participe pas activement. De toute évidence, l’Alberta ne fait pas sa part pour atteindre cet objectif national.»