Les trois accusés du meurtre du militant sikh Hardeep Singh Nijjar ont comparu

SURREY, C.-B. — Les trois ressortissants indiens accusés du meurtre du militant sikh Hardeep Singh Nijjar en Colombie-Britannique ont brièvement comparu par visioconférence devant le juge Delaram Jahani, mardi, mais en présence de plusieurs membres de la communauté sikhe à l’intérieur et à l’extérieur de la salle d’audience.

Les manifestants devant le palais de justice de Surrey portaient des pancartes en hommage au militant pour l’indépendance sikhe et brandissaient les drapeaux bleu et jaune du mouvement séparatiste.

Les trois accusés – Karan Brar, Karanpreet Singh et Kamalpreet Singh – portaient des combinaisons orange et ont répondu brièvement aux questions.

Brar et Karanpreet Singh ont convenu, par l’intermédiaire de leurs avocats, de revenir devant le tribunal de Surrey dans deux semaines, le 21 mai. Par contre, le tribunal n’a pas décidé d’une nouvelle date pour Kamalpreet Singh, qui n’est pas encore représenté par un avocat. 

Les trois hommes font face à des accusations de meurtre au premier degré et de complot en vue de commettre un meurtre. Ils avaient été arrêtés vendredi à Edmonton relativement à l’assassinat par balle de M. Nijjar le 18 juin dernier, dans le stationnement de son temple à Surrey. 

Cet assassinat a considérablement envenimé les relations du Canada avec l’Inde. En septembre dernier, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré en Chambre qu’il existait des «renseignements crédibles» liant le gouvernement indien à la mort du militant sikh. New Delhi a catégoriquement nié ces allégations.

Jay Michi, l’avocat représentant Karanpreet Singh, a déclaré que la défense commençait tout juste le processus consistant à passer par une «vague massive» de divulgations de la Couronne afin de déterminer ce qui serait contesté devant le tribunal.

«Et c’est ce que nous ferons», a-t-il promis, ajoutant que la nationalité de son client ne devrait pas obscurcir le processus visant à déterminer ce qui s’est passé.

«C’est le travail de l’avocat de la défense de s’assurer que tout le monde bénéficie d’un procès équitable, que vous soyez ou non citoyen canadien. Tout le monde a droit à une procédure régulière, à la protection des droits garantis par la Charte et à la primauté du droit.»

La Gendarmerie royale du Canada a déclaré vendredi qu’elle poursuivait ses enquêtes pour savoir si le gouvernement indien était effectivement impliqué dans cet assassinat.

Hardeep Singh Nijjar était l’un des principaux organisateurs de référendums non officiels sur la création d’un État sikh indépendant en Inde, le Khalistan. Il était considéré par le gouvernement indien comme un terroriste.

Un procès populaire

Mardi, certains manifestants brandissaient des pancartes affichant les visages des trois suspects présentés comme des «Agents indiens arrêtés».

La tribune réservée au public était remplie pour cette comparution. Une autre salle a été ouverte pour accueillir les observateurs.

L’avocat de M. Brar, Richard Fowler, a indiqué qu’il «comprend parfaitement» la forte attention du public et que cela le rend «encore plus déterminé à garantir que les personnes accusées de ces infractions aient droit à un procès équitable». 

«Et je n’ai aucun doute que les membres de la communauté, la communauté canadienne dans son ensemble et la communauté internationale sont tout aussi intéressés à garantir un procès équitable.»

Il a rappelé l’importance que «chacun fasse son travail avec diligence et soin et ne se laisse pas influencer par des préoccupations extérieures, afin de garantir que tous les accusés bénéficient d’un procès équitable et que justice soit rendue.»