François Legault réitère que le campement de McGill doit être démantelé

L’ASSOMPTION, Qc — Le premier ministre du Québec a réitéré que le campement propalestinien à l’Université McGill doit être démantelé alors que les policiers demeurent «à l’affût de l’évolution de la situation».

De passage dans sa circonscription de L’Assomption vendredi matin, François Legault a de nouveau demandé que soit démantelé «le campement illégal» sur le campus de l’université, même si la Cour supérieure du Québec a rejeté mercredi une demande d’injonction pour déplacer le campement érigé depuis samedi.

«Il y a toutes sortes de façons très légales de manifester», mais «de faire un campement sur un terrain d’une université qui ne veut pas de ce campement-là, c’est illégal», a fait valoir le premier ministre, ajoutant qu’il «compte sur les policiers pour démanteler de la façon qu’ils pensent qui est la mieux, puis au moment où ils pensent qui est le mieux».

Le premier ministre avait formulé la même demande jeudi, 48 heures après que les dirigeants de l’université eurent demandé l’assistance de la police, estimant avoir échoué à persuader les manifestants de mettre fin à ce qu’ils ont qualifié d’action illégale.

Au même moment à Montréal, le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a déclaré qu’il faisait «totalement confiance au SPVM pour la suite des choses» et pour les «opérations qu’ils vont mener pour démanteler cela».

«Un précédent dangereux»

Également vendredi matin, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) a publié un communiqué dans lequel elle s’est dite «inquiète des commentaires récents» du premier ministre.

«Les campus universitaires sont, depuis toujours, des lieux où les idées se confrontent, parfois de façon vigoureuse», a déclaré la professeure Madeleine Pastinelli, présidente de la FQPPU.

«Dans une société libre et démocratique, il ne revient pas au pouvoir politique de donner des mots d’ordre à la police sur des questions opérationnelles» et «que le premier ministre s’attaque à la liberté d’expression des manifestants en appelant à une intervention des forces de l’ordre à leur encontre constitue un précédent dangereux et inquiétant», a ajouté la présidente de la FQPPU.

Les policiers évaluent la situation

De son côté, le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a publié un communiqué dans lequel il écrit avoir pris acte de la décision rendue par la cour de rejeter la demande d’injonction provisoire de deux étudiants de McGill, en raison de «l’absence de démonstration d’une urgence».

Le SPVM a indiqué qu’il suivra de près «les débats judiciaires entourant ce litige» et demeurera à l’affût de l’évolution de la situation.

«Rappelons que le rôle des policières et des policiers dans une telle situation est d’assurer la paix, le bon ordre, la sécurité des personnes, et ce, dans le respect des droits et libertés», a écrit le corps policier.

Jeudi, le ministre fédéral de la Justice, Arif Virani, avait rabroué le premier ministre Legault au sujet de sa position. «Les décisions opérationnelles des polices sont toujours leurs décisions indépendamment des politiciens. C’est toujours le cas dans une démocratie comme la nôtre. (…) Ça nous sépare des autres pays où on ne respecte pas la règle de droit, donc c’est extrêmement important», avait-il dit à son arrivée au parlement canadien.

Les manifestants exigent que McGill, ainsi que l’Université Concordia, située à proximité, coupent leurs liens financiers avec des entreprises qui, selon eux, «profitent du génocide» à Gaza. Ils souhaitent également que l’université coupe tous les liens avec certaines institutions israéliennes.

Un nombre de campeurs «plus que suffisant»

Vendredi, le campement sur le campus de l’Université McGill était passé de quelques tentes à plusieurs dizaines entourées de clôtures métalliques. Mais le manifestant Ali Salman, 19 ans, affirmait qu’il n’y avait «aucun plan» pour l’étendre au-delà des 100 personnes qui, selon lui, prévoyaient camper pour la nuit.

«Des centaines de personnes nous ont dit « nous voulons camper », mais comme nous n’agrandissons pas le camp, nous ne pouvions pas les laisser entrer.» Une centaine de campeurs, dit-il, «c’est plus que suffisant».

Ali Salman, étudiant en sciences politiques à l’Université Concordia, est présent sur le site depuis le montage des premières tentes samedi dernier. Si le camp s’agrandit, a-t-il expliqué, les militants commenceront à avoir des difficultés à gérer leurs approvisionnements et à prendre soin de tout le monde.

«Mais si nous constatons qu’il n’y a aucune communication avec McGill, alors nous pourrions reconsidérer notre décision», a-t-il déclaré, faisant référence aux demandes que lui et d’autres manifestants ont adressées à l’université.