Blaine Higgs dit qu’exporter du gaz naturel serait plus efficace que la taxe carbone

OTTAWA — Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, a déclaré que la solution de rechange de sa province à la tarification du carbone serait d’exporter du gaz naturel liquide (GNL) vers l’Europe comme une source d’énergie alternative au charbon.

M. Higgs affirme avoir en main une analyse de rentabilité pour le projet d’exportation du GNL, malgré les doutes du premier ministre Justin Trudeau quant à la viabilité du transport du GNL à partir du Canada atlantique.

Il n’y a cependant qu’un seul problème.

«Nous n’avons pas d’approvisionnement en gaz actuellement, a déclaré Higgs. Et c’est le problème.»

M. Higgs a comparu virtuellement devant un comité de la Chambre des communes, où les conservateurs ont invité M. Higgs et ses homologues de l’Alberta et de la Saskatchewan à témoigner de leur aversion pour la tarification du carbone. Ils font partie des sept premiers ministres qui ont récemment demandé au premier ministre Justin Trudeau d’annuler l’augmentation du prix du carbone prévue pour le 1er avril.

Le premier ministre Scott Moe a comparu mercredi, alors que les audiences de Blaine Higgs et Danielle Smith ont eu lieu jeudi. 

Mme Smith a qualifié le prix du carbone d’«immoral», «imprudent» et «inhumain», accusant les libéraux d’exclure les Albertains en rendant le gaz naturel inabordable. Après le 1er avril, le prix du carbone finira par être plus de deux fois supérieur au coût de base du gaz naturel lui-même, a-t-elle affirmé.

Les libéraux, pour leur part, soutiennent que ces arguments ne prennent pas en compte les remises sur le carbone du gouvernement, qui visent à compenser le coût du prix du carbone pour la plupart des familles.

Les conservateurs et les libéraux ne sont pas d’accord sur l’impact de ces rabais, bien qu’ils citent tous deux le même rapport récent du directeur parlementaire du budget.

Ce rapport révèle que les réductions dépassent effectivement les coûts directs du prix du carbone supportés par la plupart des familles – mais pas lorsque l’impact du prix du carbone sur l’emploi et les salaires est pris en compte.

Questionné cette semaine sur la dissidence de ces premiers ministres, M. Trudeau les a accusés à deux reprises de mentir aux Canadiens au sujet du prix du carbone.

«Les faits comptent, a-t-il déclaré jeudi à Vancouver. Les premiers ministres, et plus particulièrement les premiers ministres conservateurs, induisent les Canadiens en erreur.»

Plus tôt cette semaine, Justin Trudeau a écrit cette semaine à ces premiers ministres pour les inviter à proposer des solutions alternatives à la tarification du carbone qui permettraient d’obtenir les mêmes résultats.

Une stratégie plus efficace

Blaine Higgs a affirmé au comité qu’il existait une solution de rechange.

Le gaz naturel canadien expédié pour remplacer le charbon plus polluant dans les centrales électriques à l’étranger aurait un impact plus important sur les émissions mondiales de GES que la tarification sur le carbone, a-t-il déclaré. Le charbon produit plus d’émissions lorsqu’il est brûlé que le gaz naturel.

«Je plaide donc ici, au-delà des lignes partisanes, pour dire: pensons plus grand», a lancé M. Higgs

«Regardons le Canada comme une solution aux impacts environnementaux mondiaux et aux changements et réductions, plutôt que de nous concentrer uniquement sur notre capacité interne à assumer les coûts quotidiens de la vie».

Si le Nouveau-Brunswick produisait son propre gaz naturel, cela ne poserait pas de problème, a soutenu M. Higgs.

M. Higgs défend depuis longtemps le développement de l’industrie du gaz de schiste au Nouveau-Brunswick et il affirme que la tarification du carbone ne permettra pas de réduire les émissions mondiales de GES tant que la Chine continuera de construire des centrales au charbon.

Il affirme que les émissions du Canada ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan des émissions mondiales et que l’expédition de carburants plus propres à l’étranger pour remplacer le charbon serait une stratégie plus efficace.

«Au Canada, nous pensons à petite échelle, a affirmé M. Higgs. Je propose de faire une différence dans le monde entier.»

L’année dernière, une entreprise espagnole a renoncé à une proposition visant à construire un terminal d’exportation de gaz naturel à Saint-Jean, invoquant les coûts élevés du transport du gaz, qui devrait être acheminé par pipelines depuis l’Ouest canadien.

L’ancien premier ministre libéral, Brian Gallant, avait adopté un moratoire sur la fracturation hydraulique au Nouveau-Brunswick en 2014. Cette décision est survenue après de violentes manifestations contre la fracturation hydraulique qui ont secoué le Nouveau-Brunswick en 2013.

La fracturation hydraulique est un processus qui pompe de grands volumes d’eau et de produits chimiques sous terre pour briser les couches de roche et libérer les poches de gaz emprisonnées à l’intérieur.

Danielle Smith se défend

Danielle Smith a également été critiquée par les députés libéraux au sujet de la décision de sa province d’augmenter la taxe provinciale sur l’essence de 9 cents à 13 cents le litre, rétablissant ainsi le montant de la taxe d’accise que la province avait réduit lorsque les prix de l’essence étaient élevés.

La taxe provinciale sur l’essence est inférieure au prix du carbone, a-t-elle déclaré: le 1er avril, le prix ajoutera 3,3 cents supplémentaires par litre d’essence, pour un impact total de 17,6 cents par litre.

La taxe provinciale construit des routes, a-t-elle ajouté. Ce n’est pas le cas de la tarification sur le carbone.

Le député libéral de l’Ontario Irek Kusmierczyk a souligné que Mme Smith avait récemment assisté à un rassemblement pour «supprimer les taxes» avec le chef conservateur Pierre Poilievre. M. Kusmierczyk lui a demandé si elle avait également l’intention de supprimer sa propre taxe sur l’essence.

Cette taxe, a rappelé M. Kusmierczyk, ne comprend pas de réduction.