Un proche allié du premier ministre populiste remporte la présidentielle en Slovaquie

BRATISLAVA, Slovaquie — Un proche allié du premier ministre populiste Robert Fico a battu un diplomate de carrière pro-occidental pour devenir le nouveau président de la Slovaquie et succéder à Zuzana Čaputová, la première femme cheffe d’État du pays.

Le président du Parlement, Peter Pellegrini, a obtenu 53,26% des voix après le dépouillement des bulletins de presque tous les bureaux de vote par l’Office des statistiques lors du second tour des élections de samedi, devançant l’ancien ministre des Affaires étrangères Ivan Korčok qui avait obtenu 46,73%.

«Je peux promettre que je serai le président de tous les citoyens slovaques, a déclaré M. Pellegrini. Je peux promettre que je serai toujours aux côtés de la Slovaquie.»

Peter Pellegrini devient le sixième président de la Slovaquie depuis que le pays a accédé à l’indépendance après la scission de la Tchécoslovaquie en 1993.

Zuzana Čaputová, une fervente partisane de l’Ukraine voisine dans sa lutte contre l’invasion russe, n’a pas brigué de second mandat à ce poste essentiellement cérémoniel.

La victoire de M. Pellegrini a consolidé l’emprise du premier ministre Fico sur le pouvoir en lui donnant, ainsi qu’à ses alliés, le contrôle de postes stratégiques majeurs.

Le président de ce pays de 5,4 millions d’habitants choisit le premier ministre après les élections législatives, prête serment au nouveau gouvernement et nomme les juges de la Cour constitutionnelle. Le président peut également opposer son veto aux lois, bien que le Parlement puisse annuler ce veto à la majorité simple et les contester devant la Cour constitutionnelle. Le chef de l’État a également le droit de gracier les condamnés.

Le gouvernement, dirigé par le premier ministre, possède la plupart des pouvoirs exécutifs.

Le parti de gauche Smer (Direction) de M. Fico a remporté les élections législatives du 30 septembre sur un programme pro-russe et anti-américain.

M. Pellegrini, 48 ans, favorable à un rôle fort de l’État, dirige le parti de gauche Hlas (Voix), qui a terminé troisième lors des votes et a rejoint une coalition gouvernementale avec M. Fico et le Parti national slovaque ultranationaliste.

Les critiques craignent que la Slovaquie de Robert Fico abandonne sa voie pro-occidentale et suive la direction de la Hongrie du premier ministre populiste Viktor Orbán.

Le nouveau gouvernement a immédiatement interrompu toute livraison d’armes à l’Ukraine. Récemment, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Slovaquie à plusieurs reprises pour se rassembler contre la politique pro-russe et autres politiques de M. Fico, notamment son projet de modifier le Code pénal et de prendre le contrôle des médias publics.

«Une majorité de citoyens en Slovaquie ont déclaré qu’ils préféraient cette façon de gouverner», a affirmé M. Fico dans ses commentaires.

Korčok a critiqué les mesures du gouvernement qui, selon les manifestants, pourraient porter atteinte à l’État de droit, tandis que Pellegrini a soutenu le nouveau gouvernement et n’a pas remis en question sa politique.

Ivan Korčok est l’ancien ambassadeur aux États-Unis et en Allemagne, qui a également été envoyé du pays auprès de l’OTAN et de l’Union européenne (UE). Il soutient fermement l’adhésion de la Slovaquie à l’UE et à l’OTAN.

Il a reconnu sa défaite et a félicité le vainqueur.

«Je suis déçu», a-t-il admis à propos du résultat.

Peter Pellegrini, qui était l’ancien adjoint de Robert Fico à Smer, est devenu premier ministre en 2018, après que M. Fico ait été contraint de démissionner à la suite d’importantes manifestations antigouvernementales en réaction au meurtre du journaliste Ján Kuciak et de sa fiancée.

M. Pellegrini s’était temporairement séparé de M. Fico après que Smer, entaché de scandale, ait perdu les élections précédentes, en 2020.

Avec la victoire de M. Pellegrini, le premier ministre Fico a rebondi après deux défaites consécutives aux élections présidentielles. M. Fico a été battu lors du scrutin présidentiel par Andrej Kiska, il y a 10 ans, tandis que Mme Čaputová a revendiqué la victoire sur un candidat qu’il avait soutenu lors du scrutin de 2019.