Les derniers arguments ont été entendus concernant le monopole allégué de Google

WASHINGTON — La prééminence de Google en tant que moteur de recherche sur internet est un monopole illégal soutenu par plus de 20 milliards $ US dépensés chaque année par le géant de la technologie pour exclure la concurrence, ont soutenu les avocats du département de la Justice à l’issue d’un procès antitrust aux enjeux élevés.

Google, de son côté, maintient que son omniprésence découle de son excellence et de sa capacité à fournir les résultats recherchés par les clients.

«Ce serait une décision sans précédent que de punir une entreprise pour avoir gagné sur le fond», a déclaré vendredi après-midi l’avocat de Google, John Schmidtlein, en résumant les conclusions de l’entreprise.

L’avocat du département de la Justice Ken Dintzer a affirmé au juge que le temps était venu qu’il intervienne et mette fin au comportement monopolistique de Google, qu’il a comparé aux tactiques utilisées par Microsoft il y a 20 ans qui ont déclenché une bataille antitrust similaire.

Le gouvernement américain, une coalition d’États et Google ont tous présenté leurs conclusions vendredi dans le cadre du procès qui a duré 10 semaines devant le juge de district américain Amit Mehta, qui doit maintenant décider si Google a enfreint la loi en maintenant son statut de monopole en tant que moteur de recherche.

Moteur de recherche par défaut

Une grande partie de l’affaire, le plus grand procès antitrust depuis plus de deux décennies, tourne autour de la mesure dans laquelle Google tire sa force des contrats qu’il a conclus avec des sociétés comme Apple pour faire de Google le moteur de recherche par défaut préchargé sur les téléphones portables et les ordinateurs.

Au procès, les preuves ont montré que Google dépensait plus de 20 milliards $ US par an pour de tels contrats. Les avocats du département de la Justice ont déclaré que cette somme énorme est révélatrice de l’importance pour Google de devenir le moteur de recherche par défaut et d’empêcher ses concurrents de prendre pied.

Google répond que les clients pourraient facilement cliquer sur d’autres moteurs de recherche s’ils le souhaitaient, mais que les consommateurs préfèrent invariablement Google. Des entreprises comme Apple ont témoigné au procès qu’elles s’associaient à Google parce qu’elles considéraient son moteur de recherche comme supérieur.

Google fait également valoir que le gouvernement définit le marché des moteurs de recherche de manière trop étroite. Bien qu’il occupe une position dominante sur d’autres moteurs de recherche généralistes comme Bing et Yahoo, Google affirme être confronté à une concurrence beaucoup plus intense lorsque les consommateurs effectuent des recherches ciblées. Par exemple, le géant de la technologie affirme que les acheteurs pourraient être plus susceptibles de rechercher des produits sur Amazon que sur Google, que les planificateurs de vacances pourraient effectuer leurs recherches sur AirBnB et que les convives affamés pourraient être plus susceptibles de rechercher un restaurant sur Yelp.

Et Google a déclaré que les sociétés de médias sociaux comme Facebook et TikTok présentaient également une concurrence féroce.

Lors des échanges de vendredi, le juge Mehta s’est demandé si certaines de ces autres sociétés étaient réellement présentes sur le même marché. Il a affirmé que les sociétés de médias sociaux peuvent générer des revenus publicitaires en présentant des publicités qui semblent correspondre aux intérêts du consommateur. Mais il a souligné que Google peut placer des annonces devant les consommateurs en réponse directe aux requêtes qu’ils soumettent.

«Il n’y a que Google où nous pouvons voir cette intention directement déclarée», a affirmé le juge Mehta.

Me Schmidtlein a répondu que les sociétés de médias sociaux «disposent de très nombreuses informations sur vos intérêts qui, je dirais, sont tout aussi puissantes».

Google a également fait valoir que sa force sur le marché est ténue alors qu’internet se renouvelle continuellement. 

Les avocats du gouvernement ont également soutenu que l’entreprise technologique devrait être sanctionnée pour la dissimulation de preuves d’intentions et de pratiques monopolistiques.

Les preuves au procès ont montré que les avocats de Google ont recommandé aux employés de veiller à ce que leurs discussions professionnelles ne soient pas enregistrées en raison de leurs implications juridiques potentielles.

Des prix artificiellement plus élevés

Le gouvernement soutient que le monopole de Google sur les moteurs de recherche lui permet de facturer des prix artificiellement plus élevés aux annonceurs, qui finissent par se répercuter sur les consommateurs.

«Les augmentations de prix devraient être limitées par la concurrence, a déclaré l’avocat du département de la Justice David Dahlquist. Ce devrait être le marché qui décide quelles seront les augmentations de prix.»

Le juge Mehta n’a pas encore précisé quand il rendra sa décision, même si l’on s’attend à ce que cela prenne plusieurs mois.

S’il estime que Google a violé la loi, il planifiera alors une phase de «réparation» du procès afin de déterminer ce qui devrait être fait pour renforcer la concurrence sur le marché des moteurs de recherche. Le gouvernement n’a pas encore indiqué quel type de remède il chercherait à obtenir.