Le chef suprême taliban exhorte ses responsables à mettre de côté leurs divergences

ISLAMABAD — Le chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, a exhorté ses responsables à mettre de côté leurs divergences et à servir l’Afghanistan correctement, selon un communiqué écrit publié samedi à l’approche de la fête de l’Aïd al-Fitr, marquant la fin du ramadan.

La dissidence publique au sein des talibans est rare, mais certains hauts responsables ont exprimé leur désaccord avec le processus décisionnel des dirigeants, en particulier l’interdiction de l’éducation des femmes.

Le chef Akhundzada, un érudit islamique qui n’apparaît presque jamais en public, quitte rarement le bastion des talibans, dans la province méridionale de Kandahar. Lui et son entourage ont joué un rôle déterminant dans l’imposition de restrictions aux femmes et aux filles, ce qui a déclenché un tollé international et isolé les talibans sur la scène mondiale.

Son message abordait les relations diplomatiques, l’économie, la justice, la charité et les vertus de la méritocratie.

Hibatullah Akhundzada a souligné que les responsables talibans devraient «vivre une vie fraternelle entre eux, éviter les désaccords et l’égoïsme».

Il a déclaré que la guerre contre l’invasion soviétique et le communisme avait échoué en raison de désaccords au sein des talibans et qu’ils ne pouvaient pas appliquer la charia en Afghanistan en raison de ces divisions.

S’il a évoqué l’éducation, il n’a rien dit sur la réouverture des écoles et des universités pour les filles et les femmes.

Il n’a pas non plus fait référence à des informations récentes non confirmées selon lesquelles il y aurait une reprise de la lapidation à mort des femmes afghanes pour adultère, un châtiment déjà infligé pendant la première période de règne des talibans, à la fin des années 1990.

Le chef suprême des talibans, dans le message de samedi, a déclaré que la sécurité ne venait pas du fait «d’être dur et de tuer davantage; la sécurité est plutôt alignée sur la charia et la justice».

Hassan Abbas, professeur à l’Université de la Défense nationale à Washington D.C. et auteur du «Retour des talibans», a noté que le message d’Akhundzada semblait «largement raisonnable» et était axé sur les questions de gouvernance et de lutte contre la corruption.

«Je pense que ce message est soigneusement conçu pour dissiper l’impression négative créée par un document audio récemment publié et où il figure, qui donne un message très dogmatique et régressif, en particulier sur les sanctions publiques et les droits des femmes», a analysé M. Abbas en entrevue avec l’Associated Press. «Je pense que ce nouveau message vise également à limiter les dégâts.»

Samedi également, la Cour suprême, contrôlée par les talibans, a déclaré que six personnes, dont une femme, avaient été publiquement fouettées pour adultère dans la province orientale du Logar.