L’attaque au couteau contre deux religieux australiens considérée comme du terrorisme

SYDNEY, Australie — La police australienne a déclaré que l’attaque au couteau, à Sydney, qui a blessé un évêque et un prêtre lors d’un service religieux, sous les yeux de fidèles horrifiés en ligne et en personne, et qui a déclenché une émeute, était un acte de terrorisme.

La police a arrêté mardi un garçon de 16 ans après l’attaque au couteau à l’église Christ the Good Shepherd qui a blessé l’évêque Mar Mari Emmanuel et un prêtre. Les deux devraient survivre.

La commissaire de police de Nouvelle-Galles du Sud, Karen Webb, a déclaré que les commentaires du suspect indiquaient un motif religieux derrière l’attaque.

«Nous alléguons qu’il y a un certain degré de préméditation, car cette personne s’est rendue à cet endroit, qui n’est pas proche de son adresse résidentielle, elle a voyagé avec un couteau et par la suite, l’évêque et le prêtre ont été poignardés, a expliqué Mme Webb. Ils ont de la chance d’être en vie.»

L’adolescent était connu de la police, mais ne figurait pas sur une liste de surveillance terroriste, a précisé Mme Webb.

L’Australian Security Intelligence Organization (ASIO), la principale agence d’espionnage nationale du pays, et la police fédérale australienne ont rejoint la police de l’État dans un groupe de travail antiterroriste pour enquêter sur les autres personnes potentiellement impliquées.

Le directeur général de l’ASIO, Mike Burgess, a déclaré que l’enquête n’avait pas encore révélé de menaces associées.

«Cela semble être motivé par des raisons religieuses, mais nous poursuivons nos investigations, a dit M. Burgess. Notre travail consiste à examiner les individus liés à l’attaquant pour nous assurer qu’il n’y a personne d’autre dans la communauté avec des intentions similaires. À ce stade, nous n’avons aucune indication à ce sujet.»

Selon les conseils de l’ASIO, le risque d’une attaque terroriste en Australie est jugé «possible». Il s’agit du deuxième niveau le plus bas après «non attendu», selon le système national de conseil sur les menaces terroristes à cinq niveaux.

En réponse à l’attaque, le premier ministre Anthony Albanese a martelé: «Il n’y a pas de place pour la violence dans notre communauté. Il n’y a pas de place pour l’extrémisme violent.»

L’église Christ the Good Shepherd de la banlieue de Wakeley diffuse des sermons en ligne et les fidèles ont vu une personne vêtue de noir s’approcher de l’autel et poignarder l’évêque et le prêtre Isaac Royel lors d’un service religieux, lundi soir, avant que la congrégation ne le maîtrise, a indiqué la police.

La foule en colère

Une foule de plusieurs centaines de personnes cherchant à se venger s’est rassemblée devant l’église orthodoxe assyrienne, lançant des briques et des bouteilles, blessant des policiers et empêchant la police d’emmener l’adolescent à l’extérieur, ont indiqué des responsables.

L’adolescent suspect et au moins deux policiers ont été hospitalisés, a rapporté le commissaire de police adjoint par intérim Andrew Holland aux journalistes.

L’église, dans un message sur les réseaux sociaux, a déclaré que l’évêque et le prêtre étaient dans un état stable et a demandé les prières du peuple. «L’évêque et le père souhaitent que vous priiez également pour l’auteur du crime», indique le communiqué.

M. Holland a félicité la congrégation pour avoir maîtrisé l’adolescent avant d’appeler la police. 

Plus de 100 renforts de police sont arrivés avant que l’adolescent ne soit emmené de l’église au cours de l’incident qui a duré plusieurs heures. Plusieurs véhicules de police ont été endommagés, a indiqué M. Holland.

«Plusieurs maisons ont été endommagées. Ils ont pénétré par effraction dans plusieurs maisons pour récupérer des armes à lancer sur la police. Ils ont jeté des armes et des objets sur l’église elle-même. Il y avait évidemment des gens qui voulaient avoir accès au jeune qui avait causé les blessures aux membres du clergé», a-t-il détaillé.

Les Australiens étaient encore sous le choc après qu’un assaillant isolé ait poignardé à mort six personnes samedi, dans un centre commercial de Sydney, et en a blessé plus d’une douzaine d’autres.

M. Holland a suggéré que l’attaque du week-end avait intensifié la réponse de la communauté aux attaques au couteau contre l’église.

«Étant donné qu’il y a eu des incidents à Sydney ces derniers jours avec des couteaux impliqués, il y a évidemment des inquiétudes, a-t-il raconté. Nous avons demandé à chacun de penser rationnellement à ce stade. Nous avons parlé aux dirigeants communautaires et aux membres de la communauté pour parler à la population locale et essayer de garder les gens calmes.»

Le premier ministre de la Nouvelle-Galles du Sud, Chris Minns, a qualifié les scènes de «troublantes» sur les réseaux sociaux et a exhorté la communauté à rester calme et à «rester ensemble ». Les chefs religieux ont exprimé leur choc et leurs condoléances.

L’évêque, décrit dans les médias locaux comme une figure parfois considérée comme source de discorde sur des questions telles que les restrictions liées au COVID-19, a fait la une des journaux nationaux l’année dernière avec des commentaires sur le genre.

Une vidéo publiée en mai 2023 par l’Australian Broadcasting Corporation à propos d’une campagne ciblant la communauté LGBTQ+ montrait l’évêque dans un sermon disant que «quand un homme se dit femme, il n’est ni un homme ni une femme, vous n’êtes pas un humain, vous en êtes alors un ça. Maintenant, puisque vous êtes un ça, je ne m’adresserai plus à vous en tant qu’humain, car ce n’est pas mon choix, c’est votre choix.»

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McGuirk a écrit de Melbourne, en Australie.