Les lockoutés d’ABI en visite à Deschambault

CONFLIT. Alors que le lockout à l’aluminerie de Bécancour (ABI) entre ce matin dans son quatrième mois, les lockoutés d’ABI ont rendu visite à leurs confrères qui travaillent chez Lauralco, à Deschambault, une usine non syndiquée d’Alcoa.

« Nous sommes venus dire à ces travailleurs avec lesquels nous partageons le même employeur que nous luttons aussi pour eux», lance Clément Masse, président de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos, qui représente les lockoutés d’ABI. « Nous luttons entre autres pour notre régime de retraite. Or, Alcoa a les retraites de ses travailleurs dans sa mire. Le lock-out l’incarne mais aussi la vente par Alcoa, la semaine dernière, de toutes ses obligations de retraite canadiennes à trois assureurs privés».

Lutter pour le respect

«Nous luttons aussi pour le respect de l’ancienneté et le respect tout court», reprend Clément Masse. «Nous voulons que les postes ouverts puissent être offerts aux travailleurs dans l’usine et non à des sous-traitants ou directement à ceux qui viennent d’être embauchés».

La semaine dernière, Alcoa a d’ailleurs demandé à ses lobbyistes de s’arranger pour que l’entreprise puisse continuer de discriminer les travailleurs embauchés par des agences de placement en les payant moins cher que les salariés. «C’est autant de bons emplois qui filent entre les doigts des gens d’ici».

Rappelons qu’il y a trois semaines, le Syndicat des Métallos a dévoilé que les généreux contrats d’approvisionnement en électricité d’Alcoa et Rio Tinto avec Hydro-Québec contenaient une clause dite de force majeure qui prévoie qu’en cas de lockout, ABI peut réduire sa consommation d’énergie sans devoir payer pour le bloc qui lui est réservé. Ce faisant, à ce jour, Hydro-Québec présente un manque à gagner de près de 55 millions, au rythme de 604 474 $ par jour. De plus, toujours en invoquant le cas de « force majeure », ABI échappe à la pénalité prévue au contrat pour une réduction de la production.

« Ce sont tous les Québécois qui paient pour cela», conclut Clément Masse. « Pour nous, la lutte de Bécancour, c’est aussi la lutte de Deschambault. Nous invitons d’ailleurs nos confrères et consoeurs de Deschambault à joindre les Métallos pour montrer un front uni à notre employeur commun.»