Le Syndicat des Métallos demande au gouvernement d’intervenir

LOCKOUT. Maintenant qu’Hydro-Québec a confirmé que le lockout à l’aluminerie de Bécancour a coûté 165 millions aux Québécois, en 2018 seulement, qu’attend le gouvernement pour intervenir? En cautionnant le lockout comme un cas de force majeure, Québec se montre complice de la compagnie et finance par la bande son lockout, dénoncent les Métallos.

« Si Alcoa avait été tenue de payer pour tout le bloc d’électricité qui lui est réservé, les 1030 travailleurs d’ABI travailleraient aujourd’hui et payeraient leur juste part de taxes et d’impôts. Le gouvernement a trop longtemps ignoré le déséquilibre des forces, héritage de la dernière négociation du contrat d’électricité qui a eu lieu sous l’administration précédente. Cela devient gênant, d’autant plus que ce gouvernement a placé une figure bien connue des entreprises d’aluminium, l’ancienne pdg de Rio Tinto, à la tête d’Hydro-Québec. C’est à se demander si le gouvernement a la distance nécessaire pour poser les gestes qui s’imposent devant le lobby des alumineries. Il est temps de corriger le tir », dénonce le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau.

Le Rapport annuel 2018 d’Hydro-Québec dévoilé hier confirme que le lockout à l’aluminerie de Bécancour coûte cher aux Québécois : cela représente une perte nette de 165 millions en 2018 plus précisément, selon les chiffres présentés en conférence de presse par le chef de la direction financière d’Hydro-Québec, Jean-Hugues Lafleur et cités par La Presse canadienne.

Concrètement, le lockout est venu grever la demande d’électricité en 2018 de 4,2 TWh, ce qui a amené la société d’État à enregistrer un solde négatif de la croissance de la demande de base, tous types de clientèles confondus, de 1,2 TWh.

« En refusant de remettre en question la clause de force majeure, qui permet à la compagnie de décréter elle-même un lockout pour ensuite s’en servir de prétexte pour échapper à ses obligations, Québec cautionne le déséquilibre des forces. Alcoa fait traîner les choses depuis maintenant plus de 13 mois, elle négocie de mauvaise foi. Encore vendredi, elle annulait toutes les journées de négociations prévues. La mascarade a assez duré, Québec doit mettre son pied à terre », dénonce Alain Croteau.

Les 1030 travailleurs et travailleuses d’ABI sont en lockout depuis le 11 janvier 2018, jetés à la rue par Alcoa et Rio Tinto. Les négociations achoppaient sur le financement du régime de retraite et le respect de l’ancienneté dans les mouvements de main-d’œuvre.