Des pressions auprès des administrateurs et des actionnaires d’Alcoa

BÉCANCOUR. Après avoir envoyé au cours des dernières semaines des centaines de courriels aux principaux actionnaires d’Alcoa, les sympathisants des lockoutés d’ABI envoient à partir de ce matin un message aux administrateurs d’Alcoa qui  a dévoilé mercredi dernier des résultats déficitaires de 41 millions.

« Un tel déficit n’aurait pas été enregistré si l’Aluminerie de Bécancour fonctionnait à pleine capacité. Le lockout est une mauvaise décision d’affaires, dans laquelle s’enlise la direction d’Alcoa en le laissant perdurer. Les membres du conseil d’administration et les actionnaires doivent intervenir », fait valoir le président de la section locale 9700, Clément Masse.

Dans le message envoyé aux administrateurs, les sympathisants font valoir que le lockout qui dure depuis maintenant plus de neuf mois est irrationnel dans la mesure où une entente négociée était possible et qu’il ne restait que deux points en litige : le financement d’un nouveau régime de retraite correspondant aux attentes des actionnaires et le respect de l’ancienneté dans les mouvements de main-d’oeuvre.

«Le syndicat avait déjà accepté de mettre fin à l’ancien régime pour mettre en place un régime où le risque serait assumé par les travailleurs. Il ne restait que certains aspects du financement à finaliser.

Depuis le début du lockout, l’employeur a renié sa signature. Il a remis en question des clauses qui avaient déjà été paraphées lors des négociations. Cela dénote un manque flagrant de volonté d’arriver à un règlement négocié dans un proche avenir. L’Aluminerie de Bécancour est reconnue comme celle parmi les installations d’Alcoa affichant les coûts de main-d’oeuvre les moins élevés en Amérique du Nord.

Le lockout a déjà fait perdre plusieurs dizaines de millions de profits à Alcoa. Certains diront que c’est dans l’espoir d’obtenir des concessions plus avantageuses pour la compagnie dans le contrat. Pourtant, il n’existe aucun scénario où ABI pourrait contrebalancer les pertes du lockout.

La direction d’Alcoa fait preuve d’un entêtement malsain à vouloir briser le syndicat. Cela ne fonctionne pas. Bien au contraire, la solidarité n’en est que plus forte. Et l’exaspération monte au Québec devant une multinationale qui profite des rabais d’électricité, ne paie pas ce qu’elle devrait par contrat au gouvernement du Québec et prend en otage les travailleurs et toute l’économie d’une région», fait-on valoir dans la lettre.

Par ailleurs, le syndicat souligne que le conflit a privé à ce jour Hydro-Québec de revenus de près de 175 millions de dollars, en électricité gaspillée et non payée, puisque la compagnie a eu recours à la clause de « force majeure » pour se soustraire à ses obligations.