ABI: le syndicat fait le point sur l’impasse dans les négociations

BÉCANCOUR. Quelques jours après l’annonce de la suspension du processus de médiation, le Syndicat des Métallos a fait le point sur l’impasse qui persiste dans les négociations après maintenant neuf longs mois de conflit.

Le président de la section locale, Clément Masse, et le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau, estiment que la partie patronale n’a jamais démontré d’ouverture et n’a pas fait preuve de bonne foi tout au long du processus.

Ils déplorent même que l’employeur a renié plusieurs documents qu’il a lui-même signés sur des points de la négociation, revenant même avec de nouvelles concessions qui étaient inacceptables aux yeux des syndiqués.

Ils déplorent même que l’employeur a renié plusieurs documents qu’il a lui-même signés sur des points de la négociation, revenant même avec de nouvelles concessions qui étaient inacceptables aux yeux des syndiqués. Ils donnent en exemple le régime de retraite, pour lequel les employés avaient déjà accepté de prendre tous les risques.

«Ils nous demandent des concessions de 20% de ce qu’ils avaient déjà déposé, a indiqué Clément Masse. La médiation nous a permis de voir l’ampleur des nouvelles demandes de l’employeur et on voit que sa volonté de négocier n’est pas là.»

Les Métallos estiment même que la compagnie tente de leur faire porter l’odieux de la décision qu’ils ont prise de les mettre en lockout et font valoir que ce ne sont pas les coûts de la main-d’œuvre qui sont en jeu dans la négociation.

En effet, selon les chiffres qu’ils ont puisés auprès de Compilation Commodities Research Unit, le coût de la main-d’œuvre à Bécancour est de 142,90$ la tonne à Bécancour, comparativement à 145,30$ à Deschambault et 157,60$ à Baie-Comeau. Il s’agit même du plus bas en Amérique du Nord, fait valoir Clément Masse.

Le Syndicat estime que ce sont plutôt des facteurs externes qui font augmenté le prix de production à l’ABI, alors que le coût de l’énergie est de 406,90$ la tonne, contre 325,$ à Deschambault, et 273,40$ à Baie-Comeau.

«Ils essaient de faire porter aux travailleurs leur incapacité à négocier un bon contrat pour leur approvisionnement en électricité. Parce que même si on réduisait de moitié les coûts de la main-d’œuvre, le coût serait encore plus élevé à Bécancour», ajoute Clément Masse.

Une partie de l’explication pourrait aussi se trouver du côté du prix de l’alumine, alors que les difficultés d’une raffinerie de Norsk Hydro, au Brésil, un important fournisseur de la compagnie, ont fait monter le coût de la matière première.

Le syndicat entend maintenant mener d’autres actions pour que la compagnie revienne s’asseoir à la table de négociation. «On sait où aller pour que ça leur fasse mal. On va viser les actionnaires, les marchés financiers, les administrateurs pour mettre de la pression sur la compagnie. On l’a déjà fait, mais on va continuer d’une autre façon», explique Alain Croteau.

On fonde également des espoirs dans le nouveau premier ministre du Québec, François Legault, qui a promis de se mêler des négociations pour faire débloquer les choses. «On s’attend à ce qu’il aille rencontrer les dirigeants à Pittsburgh et qu’il les fasse revenir négocier correctement», ajoute le directeur québécois des Métallos.

Le moral est bon

L’assemblée général tenu mardi soir a permis d’informer les quelques 1030 travailleurs en lockout de la situation. Aucun vote n’a été tenu quant aux offres patronales qui étaient sur la table au moment de la rupture de la médiation spéciale.

«Nous avons déjà pris un vote au mois de juillet concernent notre mandat et les gens nous avaient confirmé à 90%, indique Clément Masse. C’était une assemblée d’information pour faire le point. On aurait pu rencontrer les gens sur les lignes de piquetage, mais on a préféré que tout le monde apprenne la situation en même temps».

Celui-ci ne voit pas de règlement dans un  horizon à court terme. «Nous allons continuer de mettre de la pression. Si l’employeur vient s’asseoir avec une volonté réelle de négocier. Ça peut se faire très rapidement», indique le président.

Même s’il n’a pas réussi à rapprocher les parties, le président du syndicat a qualifié l’intervention de Me Lucien Bouchard d’excellente. «On sentait que la volonté n’était pas là, et il faisait des tentatives pour faire bouger l’employeur, mais il n’a pas le pouvoir d’imposer», explique-t-il.

Clément Masse assure tout de même que le moral des troupes est bon. «On ne peut pas dire que les gens étaient heureux d’apprendre ça, mais ils comprennent que c’est un conflit et qu’il faut passer au travers, a-t-il commenté. Avec l’automne qui arrive et la période des Fêtes, on ne peut pas dire que c’est agréable, mais les gens nous disent qu’il faut revenir à l’usine avec une entente négociée. Pas une entente imposée qui nous remettrait dans des conditions malheureuses au niveau du  climat de travail, même de la productivité et de la rentabilité de l’usine.»