Un prestigieux prix pour une ébéniste de Bécancour

ARTISANAT. Pour la première fois une étudiante de l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie de Victoriaville, Nancy Bordeleau, s’est distinguée à l’annuel Craftsman’s Challenge, un concours d’envergure internationale organisé annuellement par la compagnie américaine Veneer Tech.

Résidente de Bécancour (secteur Saint-Grégoire) Mme Bordeleau a remporté le premier prix dans la catégorie étudiante avec sa table de style Louis XV en érable piqué.

La particularité de sa table est qu’elle arbore un ouvrage de marqueterie représentant une figure féminine et des oiseaux. Presque chacune des couleurs est celle, naturelle, de différentes essences de bois.

Mme Bordeleau est non seulement la première Québécoise à se distinguer à ce prestigieux concours, mais la troisième Canadienne à obtenir un prix. «En 2015, deux Ontariens avaient gagné.»

Cette année, le jury de la compétition a eu à sélectionner les lauréats parmi 75 dossiers. Encouragée par les gens de l’École nationale du meuble, Mme Bordeleau a décidé de faire parvenir sa candidature à trois semaines de l’échéance pour les inscriptions.

Le dévoilement des lauréats a eu lieu à Las Vegas lors du congrès de l’AWFS (The Association of Woodworking & Furnishings Suppliers®), la plus grande association commerciale nationale aux États-Unis, souligne Mme Bordeleau. Ce qui donne encore plus de visibilité à son prix, assorti d’une bourse de 1000 $. «Pendant un an, on pourra voir la photo de mon œuvre sur le site de la cie Veneer Tech.»  (http://www.veneertech.com/challenge/entries/)

C’est par «passion» et parce qu’elle veut davantage vivre de son art que cette mère de deux enfants est retournée sur les «bancs de scie» de l’École nationale du meuble et bois ouvré il y a un peu plus de deux ans. En mai dernier, à 48 ans, elle y a décroché son attestation d’études collégiales.

L’amour du bois, du travail du bois, elle l’a, pour ainsi dire, hérité de son père, l’ébéniste Marcel Bordeleau. Depuis dix ans, elle s’adonne à la marqueterie, la pratiquant comme un art, dessinant avec ses motifs de bois plaqué.

D’étudier l’ébénisterie lui a permis de développer sa palette, de fabriquer elle-même les éléments architecturaux ou le mobilier pouvant intégrer sa «peinture de bois». Elle crée ainsi un meuble en prévoyant les motifs de marqueterie qu’elle y imprimera. «Cela devient de l’art appliqué», dit-elle.

Au Québec, il n’y a pas vraiment de tradition en marqueterie, note-t-elle. Le bois coûtant cher, les artisans l’utilisaient souvent pour fabriquer des œuvres rustiques et utiles. «Quand on dit «marqueterie» au Québec, généralement on pense à des planchers. C’est bien différent aux États-Unis où elle fait partie du patrimoine.»

Employée de Sogetel, l’ébéniste d’art s’apprête à ouvrir un atelier à Saint-Paulin. L’ébénisterie se conjugue généralement au masculin, reconnaît-elle. «Mais elle s’attire de plus en plus de femmes, surtout l’ébénisterie d’art, parce qu’il y a de plus en plus d’applications possibles pour le travail du bois.»

Nancy Bordeleau vient de créer son site Web (http://nxmarqueterie.ca/) où l’on peut voir quelques-unes de ses réalisations dont cette autre carte de visite (une table pliante) qui flotte quelque part dans la mer des Caraïbes.