Un oiseau rare observé à Baie-du-Febvre

Les ornithologues amateurs sont accourus de loin lors de la dernière semaine de septembre, afin d’observer un oiseau extrêmement rare qui a fait une halte migratoire à Baie-du-Febvre.

Il s’agit d’un Bécasseau à queue pointue, une espèce qui niche généralement dans l’Est de la Sibérie et qui migre normalement vers le sud de l’Asie et en Australie.

Une quinzaine d’espèces de limicoles ont aussi été aperçus dans le bassin, dont un Bécassin à long bec et le Bécasseau Baird. «Quelques individus traversent en Alaska et c’est certainement l’un d’eux, né en 2013, qui a suivi d’autres migrateurs pour parvenir à Baie-du-Febvre.», souligne Michel Bertrand, un ornithologue.

«Les observateurs se sont succédé aux abords de l’étang et il y en avait une quarantaine ou une cinquantaine la plupart du temps, indique-t-il. Plusieurs sont venus de l’Ontario et des États-Unis. J’y ai moi-même amené un illustre ornithologue de France qui était en visite à Montréal, soit Norbert Lefranc qui est en autres l’auteur de la monographie mondiale sur le groupe des pies-grièches. Il fallait voir le bonheur dans les yeux de tous ces miroiseurs qui, pour la plupart, venaient de faire une observation inespérée.»

C’est la vidange d’un bassin d’épuration le long du chemin Janelle afin de réaliser des travaux qui a fait en sorte que les limicoles ont fait cet arrêt migratoire peu coutumier. Cette opération a permis de créer un habitat temporaire qui a été propice à ces oiseaux.

En raison de l’engouement des ornithologues pour ces visiteurs inattendus, la Municipalité a volontairement retardé le remplissage du bassin afin qu’on laisse une fin de semaine supplémentaire aux ornithologues retenus au travail pour observer ces oiseaux rares.

Phare de l’ornithotourisme

Dans une lettre adressée à la Municipalité, M. Bertrand demande que la vidange du bassin se répète chaque année en septembre de façon à consolider la notoriété de Baie-du-Febvre comme phare de l’ornithotourisme.

«La vidange du bassin implique le déplacement de divers canards, mais ils pourront utiliser les deux bassins voisins comme ils l’ont fait cette année. Un nouvel essai pourrait être fait au moins en 2014 pour commencer.»

«Voilà un beau projet qui devrait être peu coûteux pour la municipalité s’il lui suffit d’ouvrir et fermer des valves, ajoute-t-il. Ce faisant, la municipalité consoliderait son statut de réserve de la biosphère et bénéficierait d’un pouvoir d’attraction supplémentaire sur les oiseaux et les personnes qui les observent.»

La vidange d’un étang d’épuration des eaux usées est toutefois du ressort du Ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT). Depuis la construction du premier étang, vers 1967, ce serait la première fois que l’étang a été vidé pour procéder au nettoyage du bassin.

L’ornithologue estime que cette opération est nécessaire. «Il serait facile de faire valoir que les limicoles sont en difficulté et qu’il est crucial pour eux de trouver des sites d’alimentation sur leur route migratoire pour refaire leurs réserves, avance-t-il. Ces sites sont trop rares.»