Un médecin, s’il vous plaît…

Lentement mais sûrement, un guichet d’accès à un médecin de famille est en train de s’enraciner sur le territoire du Centre de santé et de services sociaux de Bécancour-Nicolet-Yamaska (CSSSBNY). Le projet chemine depuis 2007, mais c’est depuis un an, tout au plus, que sa structure se met réellement en place.

Ce guichet (appelé GACO) sert à recevoir les demandes des personnes qui cherchent un médecin de famille dans la région. Il remplace les fameuses listes d’attente des cliniques médicales et des groupes de médecine familiale. C’est par lui qu’il faut désormais passer pour tenter de dénicher un médecin. Il permet de centraliser les demandes. Mais attention : cet outil n’accélère pas nécessairement l’accès à un médecin.

Les effectifs sont encore insuffisants sur le territoire pour répondre à toutes les demandes. Celles-ci sont priorisées en fonction de l’état de santé des gens. Les gestionnaires du GACO se sont entendus avec les médecins pour s’assurer que les patients les plus malades aient accès rapidement à leurs services.

Une façon de faire provinciale

Il faut souligner que toutes les régions du Québec ont mis en place un tel guichet. Le médecin coordonnateur de celui du CSSSBNY, Dr Dominic Tardif, explique que la situation est la même partout.

«Le principe des guichets d’accès à la clientèle orpheline (GACO) a été mis en place vers 2007, à la suite de négociations entre le ministère de la Santé et les médecins. L’objectif était de structurer la recherche de médecins de famille au Québec. Il a été décidé que ce serait les Centres de santé qui les géreraient.»

Au cours des cinq dernières années s’est déroulé tout le processus d’implantation. Celui-ci s’est accéléré en novembre 2011, à la suite de nouvelles négociations entre le gouvernement et les médecins. De l’argent a été investi dans le projet et il a été convenu que les médecins qui accepteraient de prendre en charge certains patients inscrits au guichet auraient droit à des bonifications.

Gare aux faux espoirs

Depuis, plus de patients ont été pris en charge par un médecin de famille. Dr Tardif estime toutefois qu’il reste beaucoup de travail à faire avant que le guichet d’accès soit parfaitement au point. «On reste dans un contexte de pénurie. Il faut garder à l’esprit qu’il n’y a vraiment pas beaucoup de médecins sur le territoire peuvent prendre 50 patients de plus à court terme», dit-il, soulignant au passage que la région compte 43 spécialistes en médecine familiale.

Pour cette raison, le GACO a été peu publicisé par le Centre de santé, qui en fait mention à peu près juste sur son site web. L’institution ne veut surtout pas donner de faux espoirs à la population en ce qui concerne l’accès à un médecin de famille.

«En le publicisant davantage, on nuirait à tout le monde. Quelqu’un qui s’inscrit au guichet a nécessairement des attentes et il n’est pas garanti que nous puissions y répondre. En bout de ligne, ça peut créer de l’insatisfaction», fait valoir Dr Tardif.

Par ailleurs, il souligne que le personnel affecté au dossier du guichet d’accès est limité. «On ne veut pas l’embourber pour des gens à qui, malheureusement, on ne pourra pas trouver de médecin de famille tout de suite. »

Bref, il manque encore des bras pour porter le GACO. C’est pour cette raison que d’ici à ce que le gouvernement investisse davantage dans ce projet, le Centre de santé continuera à prioriser les gens vulnérables, âgés et malades.

Notons finalement que l’on ignore combien de personnes sont sans médecin de famille sur le territoire du CSSSBNY. Dr Tardif estime qu’il s’agit de plusieurs milliers. «C’est en rapatriant toutes les listes d’attente du territoire pour les ramener en une seule que nous le saurons. Nous y travaillons. Ultimement, nous aurons un portrait plus juste», conclut-il.

Au moment où Le Courrier Sud a rencontré le Dr Dominic Tardif, 614 inscriptions figuraient au guichet d’accès.