Un conflit de travail chez ABI?

ÉCONOMIE. Le spectre d’un conflit de travail se dessine à l’Aluminerie de Bécancour, selon ce qu’indique le Syndicat des Métallos.

C’est que les négociations entre les deux parties semblent difficiles, alors que l’employeur souhaite instaurer un régime de retraite à deux vitesses, ce que le Syndicat rejette catégoriquement, jugeant qu’il s’agit de discrimination envers les futurs travailleurs.

Le bras de fer se déroule alors que le gouvernement évalue la possibilité d’interdire dans la Loi sur les normes du travail les clauses orphelin dans les régimes de retraite et d’assurance. À Bécancour, où une forte vague d’embauches est à prévoir au cours des prochaines années, le syndicat rejette la discrimination envers les nouveaux travailleurs.

«Nous faisons le même travail, il n’y pas de raison que les salariés qui entrent n’aient pas droit au même régime de retraite. L’entreprise essaie de presser le citron en divisant les travailleurs entre eux. Nos employeurs doivent comprendre qu’au Québec, on refuse la discrimination envers les nouveaux travailleurs. Ça ne passe pas», a fait valoir le président de la section locale 9700, Clément Masse, par voie de communiqué.

Le Syndicat des Métallos, qui représente les 1030 travailleurs, fait valoir qu’avant ABI, d’autres employeurs ont tenté d’imposer ce qu’on appelle des clauses orphelin ou clauses de disparité de traitement dans les régimes de retraite. Chez les Métallos du Québec, il y a notamment eu une grève chez Ciment Lafarge, chez Resco, et cela a passé près chez ArcelorMittal. Rappelons que lors du congrès du Parti libéral tenu en juin 2015, les délégués avaient adopté une résolution pour interdire les disparités de traitement dans les régimes de retraite.

« Les Métallos se battent contre les clauses orphelin depuis plusieurs années. Nous demandons une loi pour rendre de telles clauses discriminatoires illégales dans les normes du travail, comme c’est déjà le cas sur les salaires depuis 2001. ABI doit être consciente qu’elle se dirige droit dans un mur avec une telle demande. Nos confrères métallos se sont battus avant nous et nous sommes prêts à suivre leurs traces. Le contexte économique actuel est particulièrement favorable aux producteurs d’aluminium qui engrangent d’importants profits. Cela devrait se refléter dans les conditions des travailleurs », ajoute Clément Masse.

Outre le régime de retraite, les négociations achoppent également au sujet du respect de l’ancienneté dans les mouvements de main-d’œuvre. Des centaines d’embauches sont à prévoir au cours des prochaines années, ce qui nécessitera d’importants mouvements de main-d’œuvre.

Le contrat de travail arrive à échéance le 22 novembre prochain. Selon ce que rapportait TVA Nouvelles, mardi, des roulottes de chantier pourraient faire leur apparition prochainement pour se préparer à l’éventualité où la compagnie décidait de décréter un lock-out.

Rappelons que le dernier conflit de travail chez ABI remonte à 2004, alors qu’une grève avait duré près de cinq mois.