Terrain contaminé à Bécancour: la Ville répond aux citoyens

ENVIRONNEMENT. Sans surprise, le dossier de l’ancien site d’enfouissement de matières résiduelles dangereuses sur le chemin Louis Riel, à Bécancour, a été abordé lundi soir lors de la séance régulière du conseil municipal, qui s’est tenue devant une trentaine de citoyens.

Aucun point sur la question ne figurait à l’ordre du jour, mais le maire avait en tête que le sujet serait abordé lors de la période de questions, ce qui a bel et bien été le cas.

D’entrée de jeu, le conseiller Alain Mercier, responsable de l’environnement, a rappelé les faits, puis exprimé les actions entreprises par la Ville de Bécancour depuis la mise au jour du scandale, le 25 novembre dernier. «Évidemment, nous avons pris connaissance de toute la documentation dont nous disposions à ce moment-là et nous avons fait faire nos propres expertises dans les deux puits concernés pour qu’on ait nos propres résultats, explique-t-il. Nous avons réalisé une étude bactériologique qui a révélé que l’eau s’avérait potable dans le secteur. Puis, une expertise physico-chimique a été faite, mais nous n’avons malheureusement pas encore reçu les résultats à ce moment-ci.»

M. Mercier a également précisé que depuis que la bombe médiatique a éclaté, le site a été clôturé. Pour lui, il est inconcevable de penser que des gens étaient au courant de cette affaire et qu’ils ont gardé le silence toutes ces années. «Peu importe le coupable, il y a des gens qui savaient ce qui s’était passé. Il y a une personne qui a appelé le journaliste ou qui l’a mis sur cette piste-là. Ces gens-là, pour moi, ce sont des bandits!», a lancé le conseiller.

La Ville de Bécancour entend mettre en place un «programme de surveillance» plus serrée et souhaite qu’un plan de communication soit créé entre les partenaires impliqués. D’ailleurs, une rencontre est prévue ce mercredi entre la Ville, la Santé publique, le ministère de l’Environnement et la Société du Parc industriel et portuaire de Bécancour (SPIPB). «Lors de cette rencontre, on veut essayer d’en venir à une entente pour le mieux de la population et pour assurer la sécurité de notre monde, a laissé entendre Alain Mercier. Il faut en savoir plus au sujet de la contamination de la nappe phréatique et on a bien l’intention de demander au Ministère l’inventaire des sites d’enfouissement sur le territoire.»

De son côté, le maire de Bécancour est une fois de plus demeuré prudent. «À l’heure où on se parle, je ne connais même pas l’étendue des dégâts. Je ne veux pas minimiser cette affaire, mais il faut nous laisser le temps de voir, d’analyser. C’est évident qu’on va suivre ça de près. Le fait que le ministre se soit reviré de bord rapidement me semble un point positif; ça signifie qu’il prend ça au sérieux», a souligné Jean-Guy Dubois.

Il espère par ailleurs qu’«au bout de la ligne, ce soit un mal pour un bien.» En effet, le maire admet que ce malheureux événement aura permis à la Ville de Bécancour d’améliorer son système de surveillance et l’aura amenée à être plus alerte. «C’est certain qu’à partir de maintenant, nos communications avec le ministère de l’Environnement seront plus nombreuses et plus sérieuses qu’avant, soutient M. Dubois. On aimerait que le Ministère soit réellement un partenaire avec nous.»

Le conseiller Mario Gagné abonde dans le même sens et s’explique mal que la Ville n’ait jamais été mise au courant de l’existence de ce dossier. «Il y a déjà eu des communications entre le ministère de l’Environnement, la Santé publique et les citoyens du coin, et jamais la Ville n’a eu de copie de ces échanges, clame-t-il. C’est insensé qu’une aussi petite ville n’ait pas été avisée et qu’on n’ait reçu aucun suivi là-dessus.»

La parole aux citoyens

Quelques citoyens ont pris la parole pour exprimer leurs inquiétudes et préoccupations dans ce dossier. Alors que l’un se demandait comment des métaux avaient pu être enfouis à cet endroit, considérant que la Ville compte des sites d’enfouissement avec un permis, un autre a suggéré aux élus de prendre exemple de cette situation afin d’éviter qu’un scénario similaire se répète si, un jour, des gaz de schiste devaient être extraits du sol bécancourois. «Là, vous dites que vous n’étiez pas au courant. Mais pour ce qui est des gaz de schiste, on vous a souvent démontré qu’il y aurait réellement déversement de produits toxiques dans notre sous-sol», a évoqué Marc Beauchesne.

Pour sa part, Yvon St-Onge a allégué la théorie du «Deux poids, deux mesures» en ce qui concerne l’environnement, tant dans le milieu municipal que provincial, faisant référence à des travaux personnels qu’il avait dû arrêter en raison d’une demande du ministère de l’Environnement.

Enfin, Nicole Racine avait amené avec elle une photographie datant d’octobre 2011. La photo a été prise sur le chemin Louis-Riel, à l’entrée d’un chemin perpendiculaire. Sur l’affiche photographiée, on peut y lire la mention suivante: «DANGER – Zone contaminée – Défense de passer – Plainte à caractère environnemental». La pancarte contient le logo du ministère de l’Environnement, de même qu’un numéro de téléphone. «À l’époque, j’avais fait un appel au numéro indiqué et, de mémoire, j’avais été référée à Nicolet. On m’a rappelé très peu de temps après pour me dire de ne pas m’inquiéter et que le camionnage constaté sur un chemin à proximité n’était que pour de la terre ou du sable», se souvient-elle. Or, elle ajoute que la pancarte a «curieusement» disparu peu de temps après son appel…