Superpétrolier: une capacité d’intervention insuffisante en cas de déversement

ENVIRONNEMENT. En plus d’engendrer des effets inimaginables sur la faune et la flore aquatiques, un déversement de pétrole bitumineux dans le lac Saint-Pierre engendrerait des coûts de nettoyage qui se chiffrerait en milliards de dollars…

Un déversement de moins de 10% de la cargaison d’un superpétrolier de la taille ayant obtenu récemment l’autorisation de sillonner le fleuve Saint-Laurent, soit 10 millions de litres, occasionnerait des coûts de nettoyage de 2,14 milliards $.

C’est du moins ce que révèle un nouveau rapport publié par le Conseil de Canadiens et Équiterre. Celui-ci rappelle que la limite de responsabilité pour un déversement est fixée à 1,4 milliard $, et que ce sont donc les contribuables qui devraient assumer l’excédent. Le rapport s’est limité à 10 millions de litres puisque c’est la capacité maximale d’intervention en cas de déversement.

L’étude fait également valoir que la capacité d’intervention est insuffisante, alors qu’il n’y a que la SIMEC qui est certifiée pour intervenir sur le Saint-Laurent. Cette entreprise privée, appartenant à Imperial Oil, Ultramar, Schell et Suncor, ne compte que 13 employés répartis à Verchères, Québec et Sept-Îles.

La Société d’Intervention Maritime, Est du Canada (SIMEC) a conclu des accords avec ALERT, basé à Halifax, et PTMS, à Port Tupper. Ces organismes auraient 72 heures pour transporter l’équipement nécessaire sur les lieux.

Dans son rapport sur le projet Énergie Est, la SIMEC estime qu’elle commencerait à traiter un déversement douze heures après l’accident, selon ce que rapporte le rapport.

Or, dans le cas où l’incident se produisait à la hauteur de Saint-Anne-de-Sorel, près de l’endroit où des superpétroliers ont été chargés l’automne dernier, la nappe de pétrole prendrait 8 heures avant d’atteindre Nicolet avec des vents à une vitesse de 4 km/h.

C’est pourquoi l’étude recommande que l’équipement d’intervention d’urgence, comme les barrages flottants, soit conservé en permanence près des régions écosensibles, qu’il y ait une quantité suffisante d’équipement de personnel, de formation pour les interventions d’urgence et que les évaluations des risques soient actualisées.

Le rapport recommande également que des restrictions quant à la largeur maximale des navires, qui est passée de 32 à 44 mètres, soient remises en place.

Une étude d’actualité

Si les chargements au quai de Kildair, à Sorel-Tracy, ont arrêté en même temps que le prix de l’essence a chuté, en raison de la baisse de demande de pétrole brut, l’étude est encore brûlante d’actualité.

D’autant plus qu’on apprenait récemment que le port de Bécancour était l’un des sites potentiels pour l’implantation d’un terminal pétrolier dans le cadre du projet de l’Oléoduc Énergie Est de TransCanada après l’abandon de Cacouna.

Ce sont 200 à 300 superpétroliers par année qui emprunteraient le fleuve Saint-Laurent et viendraient accoster dans la région. Si un éventuel déversement évitait le lac Saint-Pierre, qui est considéré comme une biosphère de l’UNESCO, il n’en demeure pas moins qu’un déversement de pétrole brut dans le fleuve Saint-Laurent aurait des impacts catastrophiques…