Quand l’art survit à l’artiste

La maison que l’artiste Elyane Roy, originaire de Nicolet, habitait depuis 1990 avec Laurent Mailhot est remplie d’oeuvres d’art. Non seulement d’oeuvres de celle qui signait « éroy », mais de Duguay, Matte, Rousseau, Brassard, Faidherbe… Décédée en décembre dernier, elle a fait l’objet, le 29 avril, d’une expo-donation organisée par son mari.

Élyane Roy avait complètement cessé de peindre en 1980, tout en conservant soigneusement près d’une centaine d’oeuvres: huiles, acryliques, gouaches, gravures, toutes redécouvertes dans un placard inexploré depuis 1980. Laurent Mailhot en a fait encadrer 80. Il en a ajouté à sa collection, distribué une vingtaine à des proches et offert le reste d’un seul coup à des parents, collègues, voisins et autres amis réunis pour l’occasion.

Élyane Roy

Dès l’âge de 25 ans, Elyane Roy avait participé à une exposition collective de 35 peintres dans l’actualité au Musée des Beaux-Arts de Montréal, dont Bonet, Borduas, Gauvreau, Leduc, Lemieux (son maître), Mousseau, Pellan, Riopelle, de Tonnancour, etc. Elle fit plus tard quelques expositions solos dont la dernière à Edmonton en 1980. Les tableaux d’Elyane Roy, dont les peintres préférés étaient Cézanne et Matisse, peuvent être situés quelque part dans le post-impressionnisme, entre le non-figuratif (rarement abstrait dans son cas) et un nouveau figuratif allusif, où on retrouve, fragmentés, réorganisés, des traits du visage, des lignes du paysage, des objets de nature morte. L’oeuvre d’Elyane Roy a évolué de 1955 à 1980. Sans jamais se répéter. Car l’artiste était avant tout une chercheuse. Ses expériences sont le plus souvent des réussites, des surprises, allant des couleurs éclatées aux compositions concentrées, contrastées, aux dissymétries dynamiques. Tout se tient, se répond dans cette oeuvre. C’est ce que la centaine de visiteurs ont pu voir, ou revoir en ce jour de printemps à Deschaillons. La moitié d’entre eux sont repartis avec une oeuvre de leur choix. Chacun pourra lire, interpréter, jouer (comme en musique) ces petits carrés ou rectangles, leur donner l’éclairage et le voisinage appropriés. L’art survit à l’artiste.