Pourquoi certains Québécois n’auront-ils jamais le cancer?

SUPERAÎNÉS. Il a 106 ans, mais le Montréalais Robert Wiener n’est pas prêt à ralentir. Il enfourche son vélo stationnaire tous les jours et suit deux cours d’activité physique par semaine, en plus de pratiquer le yoga et le tai-chi.

Chirurgien à la retraite et doyen de la résidence pour personnes âgées où il habite, il croit que le secret de sa longévité et de sa forme exceptionnelle est un mélange de bons gènes et de saines habitudes de vie. «Le rire est le meilleur médicament, dit-il. Faites beaucoup d’exercice, mangez correctement et n’allez pas trop souvent au bar.»

Dr Wiener est l’un des 500 superaînés qui prennent part à une nouvelle étude financée par la Société canadienne du cancer (SCC) visant à déterminer pourquoi certaines personnes franchissent le cap des 80, 90 ou 100 ans sans souffrir de cancer. Cette recherche est la première à être financée par la Grande subvention canadienne pour l’innovation de la SCC.

Son objectif: mener une recherche risquée sur le cancer, mais offrant des retombées potentielles élevées. Cette subvention provient des 200 000 $ –dont près de 65 000$ au Québec – recueillis en décembre dernier par la SCC à travers le pays lors de la campagne «Mardi je donne».

À propos du projet sur les superaînés

La Dre Brooks-Wilson, de la BC Cancer Agency et de l’Université Simon Fraser, et son équipe ont déjà réuni des renseignements détaillés auprès de 500 personnes en santé âgées de 85 à 109 ans. Les aînés ont été interrogés sur leurs antécédents médicaux et familiaux et sur leur mode de vie. Ils ont aussi subi un prélèvement de sang et des évaluations de leur fonctionnement physique et mental. La Dre Brooks-Wilson et la cochef de l’étude, la Dre Denise Daley, du St. Paul’s Hospital et de l’Université de la Colombie-Britannique, seront maintenant en mesure de comparer les gènes des superaînés à ceux de plus de 100 000 personnes, atteintes ou non de cancer.

Plusieurs études confirment que, chez bon nombre des personnes avec une santé incroyable jusqu’à un âge avancé, des séquences de gènes contribuant au cancer sont en fait présentes, mais, pour une raison qui nous échappe, la maladie ne se développe pas. On soupçonne que quelque chose prévient la maladie en neutralisant les gènes qui causent le cancer.

L’étude recherche encore des superaînés. Les Québécois âgés de 85 ans ou plus et n’ayant jamais reçu de diagnostic de cancer, de maladie cardiovasculaire ou d’accident vasculaire cérébral, de démence, de maladie pulmonaire importante ou de diabète, sont invités à y participer. Toute personne de plus de 100 ans, quel que soit son état de santé, peut s’inscrire. Détails sur le site Web de la SCC.

«Il existe aussi plusieurs données selon lesquelles des comportements liés au mode de vie, tels que ne pas fumer, avoir une alimentation équilibrée, consommer peu d’alcool et faire de l’exercice régulièrement, jouent un rôle important dans l’absence de cancer. Toutefois, nous pensons que certaines personnes sont « génétiquement protégées » contre des mutations qui causent le cancer. L’objectif ultime de cette recherche est de repérer d’éventuels « interrupteurs » génétiques qui pourraient conduire au développement de médicaments contre le cancer, déclare Sylvie Poissant, directrice des Affaires publiques, SCC – Division du Québec. À terme, il est possible que de tels médicaments, jumelés à un mode de vie sain, aident à réduire le risque de cancer chez plusieurs Québécois.»