Pour se réapproprier l’Île Moras

Un projet de mise en valeur récréotouristique de l’Île Moras est actuellement sur la table à dessin.

Il s’inspire d’un autre projet – le Parc Moras – qui avait pris place sur l’île au début des années 1980 et qui poursuivait des objectifs de mise en valeur du patrimoine faunique et floristique.

Dans le nouveau projet, piloté par la coopérative de solidarité Nature à l’œil, il est prévu que les aménagements réalisés autrefois par le Parc Moras soient mis à profit, notamment les vestiges des sentiers.

Il est également prévu qu’une plage naturelle donnant un accès direct au lac Saint-Pierre soit aussi accessible.

Des activités sportives

Comme elle est entourée du fleuve St-Laurent, de la rivière Nicolet et du Chenal de la Ferme, l’Île Moras offre un fort potentiel pour le développement d’activités nautiques.

Dans un document de travail préparé en décembre dernier par la Réserve de la biosphère du Lac-Saint-Pierre pour le compte de Nature à l’œil, on indique que l’île pourrait notamment devenir une aire de repos de la Route bleue (tronçon du Lac-Saint-Pierre/les Deux rives), qui manque d’arrêts autorisés. L’île réduirait la distance entre les deux sites présentement identifiés, qui est actuellement de plus de 15 kilomètres.

Le projet de mise en valeur favoriserait aussi le développement du ski de fond et de la raquette, puisque des pistes y seraient aménagées durant l’hiver. Une bonne nouvelle pour les amateurs, puisqu’en raison du développement domiciliaire derrière le centre d’achats, les sentiers du Club les 40, à Nicolet, diminuent d’année en année.

De plus, des cabanes et des équipements appropriés à la pêche blanche pourraient aussi être loués aux visiteurs; un atout supplémentaire, étant donné qu’il n’y a pas de pourvoirie à Nicolet.

Par ailleurs, l’Île Moras pourrait être mise à la disposition des amateurs qui pratiquent le cerf-volant à traction, le kitesurf, le kitewing, le paraski et la planche à voile sur le lac Saint-Pierre.

Toujours selon le document de travail, les deux sites de camping aménagés par le Parc Moras, près de la plage, seraient intégrés au projet. Étant donné leur nature rustique, ils respecteraient l’intégrité du milieu naturel en plus de nécessiter très peu d’infrastructures.

Culture et patrimoine

Selon les promoteurs, le patrimoine historique de l’Île Moras est indéniable puisque c’est le site de la première seigneurie du territoire.

En 1668, après que la paix ait été conclue avec les Amérindiens, Pierre Mouët y a construit un manoir et s’est mis à concéder des terres à des colons. Des familles ont habité l’île jusqu’en 1952, année où elles ont été expropriées.

À l’époque du Parc Moras, les vestiges d’un ancien moulin à scie ont été aperçus. Malgré son potentiel, aucune recherche archéologique n’a été réalisée sur ce site. Le projet à l’étude mentionne la possibilité d’y faire des fouilles archéologiques et d’y greffer des visites éducatives.

Les vestiges de la présence du CEEM (Centre d’essais et d’expérimentation en munitions) sont aussi un bien culturel de l’histoire militaire liée à la Guerre froide, de 1948 à 1991, ainsi que la présence du Canada au sein de l’OTAN et de l’ONU.

Ayant été pratiquement inoccupée pendant de nombreuses années, l’Île Moras présente une richesse faunique et floristique ainsi qu’un écosystème qui favorise les activités d’observation de la nature.

Des panneaux d’interprétation, de la randonnée pédestre, de l’ornithologie ainsi que de l’observation libre, autoguidée ou avec interprétation, seraient aussi offerts.

La contrainte d’accès

La principale contrainte que présente le développement de l’Île Moras demeure son accessibilité. «Un pont temporaire a déjà relié les deux rives, mais il a été emporté par les glaces ce printemps», raconte le président de la coopérative Nature à l’œil, Richard Lair.

«Nous ne sommes pas rendus à aménager une route depuis Nicolet-Sud et un pont enjambant le Chenal de la Ferme, parce qu’il faudrait passer sur le terrain de la Défense nationale», ajoute le conseiller Stéphane Biron.

Ainsi, l’accès à l’île se ferait pour le moment par bateau. Une solution envisagée serait l’utilisation d’un service de bateau passeur qui prendrait le départ du Club Nautique La Batture.

Les embarcations à faible tirant d’eau, comme les canots ou les kayaks, n’auront pas de difficultés à y avoir accès. Ce sera toutefois plus compliqué pour les embarcations à moteur en raison de la fluctuation des niveaux d’eau.

C’est durant l’hiver que l’accès sera le plus facile, puisqu’il ne suffira que de traverser la rivière en marchant sur la glace.

L’Hôtel Monfort mis à contribution

«Le projet de l’Île Moras s’arrimerait très bien avec celui de l’Hôtel Monfort qui est actuellement en construction», convient Stéphane Biron, qui s’implique sur les deux projets.

Il indique que les gens pourraient réserver leur terrain de camping à l’Hôtel et ensuite s’y rendre en canot ou en kayak en se servant du quai d’embarquement qui doit être aménagé juste en face.

«Ce serait complémentaire. Ça donnerait aussi quelque chose à voir et à faire à proximité de l’hôtel», ajoute-t-il.

Le dossier progresse

Le document de travail préparé par la Réserve de la biosphère du Lac-Saint-Pierre a déjà fait son bout de chemin.

La Ville de Nicolet et la MRC de Nicolet-Yamaska appuient le projet. Les élus considèrent qu’il est susceptible d’offrir d’intéressantes retombées économiques et de favoriser la protection de l’environnement.

La coopérative Nature à l’œil n’a pas l’intention de bousculer la Défense nationale pour une rétrocession systématique de l’île. L’approche empruntée est plutôt d’en faire un partenaire. Le député Louis Plamondon a été saisi du dossier. Il l’a remis au ministre Christian Paradis, le lieutenant politique des Conservateurs au Québec. Une réponse est attendue d’ici quelques semaines.