Poteries, flèches et foyer…vieux de plus de 3000 ans!

Une équipe d’archéologues qui effectue des recherches dans la région de Bécancour n’a pas été déçue par les trouvailles qu’elle y a faites l’été dernier. Plusieurs objets dénichés ont permis d’en savoir un peu plus sur le mode de vie des habitants qui peuplaient le territoire de 2500 avant J.-C. à 500 avant J.-C.

«Il y maintenant trois ans que nous travaillons dans la région de Trois-Rivières/Bécancour. Notre projet de recherche cible surtout les occupations préhistoriques de la fin de la période dite Archaïque et le début de la période appelée Sylvicole», explique Dr Adrian L. Burke, professeur agrégé du département d’anthropologie à l’Université de Montréal.

Du côté sud du fleuve St-Laurent, quelques sites préhistoriques ont été visités par les archéologues. Ceux-ci se situent non loin du pont Laviolette, du club de golf Godefroy et de la rivère Godefroy, du lac St-Paul, près de l’autoroute 30, à proximité de la rivière Bécancour et finalement près du parc écologique Godefroy.

Malheureusement, on ne peut révéler exactement les emplacements des sites, en raison des normes imposées par le gouvernement, de peur que des pilleurs s’emparent des objets.

De nombreux objets retrouvés

Plusieurs techniques ont été utilisées pour recueillir les artéfacts. Tout d’abord, la première année, les archéologues ont marché dans les champs labourés à la recherche d’objets en surface. Ensuite, des sondages ont été effectués par le tamisage de terre issue de trous de 50 cm par 50 cm. Finalement, des fouilles plus étendues ont été faites à l’intérieur de parcelles de terrain de quelques mètres carrés.

Sur le site situé non loin de l’autoroute 30, cette dernière étape aura permis de trouver un foyer et ses charbons ainsi que des outils en pierre, des flèches, des couteaux et des éclats, ou soit les déchets de fabrication de ces éléments.

À proximité du parc écologique Godefroy, ce sont des poteries datant de 1500 avant J.-C. qui ont été découvertes. «Il s’agissait de vases pas très grands pouvant contenir 2 ou 3 litres», précise Dr Burke.

Des habitants au cœur d’un réseau d’échange

«La présence de ces objets révèle que les habitants de la région étaient bien connectés et reliés aux réseaux d’échanges d’objets et de connaissances pouvant provenir de très loin. Certaines matières retrouvées provenaient des régions de Niagara Falls, de Mistassini et du Maine», énumère l’archéologue.

En effet, durant ces deux mille ans, la région de Trois-Rivières/Bécancour était peuplée par des groupes de chasseurs, de pêcheurs et de cueilleurs qui entretenaient des liens commerciaux et culturels avec les groupes de la vallée du Saint-Laurent jusqu’aux Grands Lacs, mais aussi avec les groupes du Bouclier canadien et le nord de la Nouvelle-Angleterre.

Selon M. Burke, outre le fait que cela confirme une fois de plus que la région était positionnée à un endroit très stratégique, les recherches soulèvent d’autres hypothèses. «Au-delà de sa situation géographique, la région avait-elle autre chose à offrir?», questionne-t-il.

À son avis, il pourrait être possible que le territoire offrait, par exemple, des poulamons, du riz sauvage, des noix, des glands, etc. «Nos interprétations préliminaires issues de ce projet triennal suggèrent que cette présence amérindienne importante dans la région Trois-Rivières/Bécancour est due à une combinaison de la densité des ressources (poissons, sauvagine) avec sa position géographique névralgique à l’échelle régionale.»

À ce sujet, le chercheur souligne avoir prélevé des carottes de sédiments (boue) dans les lacs St-Paul et des Outardes. «Un de nos étudiants travaille très fort pour en analyser le contenu. Il faut dire que pour un mois passé sur le terrain, il faut consacrer trois mois d’analyse en laboratoire, dit-il. Ces analyses permettront de reconstituer l’environnement dans la région il y a 4000 ans.»

Un site ouvert au public cet été

Les recherches archéologiques préhistoriques se poursuivront cet été. «Nous allons faire plusieurs interventions archéologiques dont au moins deux ouvertes au public», annonce M. Burke.

Dans un premier temps, des fouilles seront menées avec le public par l’archéologue consultante Marie Fournier. Il faut préciser qu’il s’agit de fouilles simulées, offertes du jeudi au dimanche. Elles ont débuté cette fin de semaine et elles se poursuivent jusqu’au 7 octobre. «Elles se déroulent au petit parc où il y a des pins, en face du club de golf Bécancour, juste à côté du parc écologique Godefroy et la rivière Godefroy», précise Adrian L. Burke.

Dans un deuxième temps, en août, soit lors du mois de l’archéologie, les gens pourront visiter des fouilles actives. «Ils pourront passer un peu de temps avec les archéologues», précise M. Burke. Des conférences seront également proposées. On en saura un peu plus sur la programmation au courant de l’été.

Les fouilles simulées ouvertes au public ont lieu de 9h à 12h et de 13h à 16h. Pour en savoir plus sur l’activité et sur les tarifs: Marie Fournier au 819 692-1436. *Avec la collaboration de Marie-Eve Veillette