Pierre-Hugues Boisvenu sait que la suite sera chargée en émotion

CÉDRIKA. Dans les derniers jours, avec la découverte des ossements de Cédrika Provencher, le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu revit certains moments qu’il a lui-même vécus en 2002, alors que sa fille Julie avait été victime d’un récidiviste et retrouvée sans vie près de Sherbrooke.

Il explique que tant que le corps n’est pas retrouvé, la famille est partagée entre deux sentiments. «On vit entre deux eaux, soit le désespoir de la retrouver sans vie ou l’espoir de la revoir vivante. C’est ce qui fait qu’on ne dort jamais tranquille, soutient M. Boisvenu. Je dis souvent que la pire des réponses vaut mieux que pas de réponse du tout. Là, au moins, la famille pourra soigner sa plaie.»

Dans son cas, l’attente d’une dizaine de jours entre la disparition et la découverte du corps lui avait semblé interminable. «L’annonce du décès de ton enfant, c’est la fin de tous tes rêves de la revoir vivante. C’est la pire chose qu’on veut entendre, se souvient le père de Julie. Dans ce cas-ci, on doit se dire que cette réponse devait arriver un jour.»

Pour lui, la découverte des ossements de Cédrika n’est qu’une partie de la réponse que la famille Provencher attend depuis 8 ans. «La question est maintenant de savoir qui est ce monstre derrière le meurtre crapuleux. Est-ce un récidiviste, un proche, un ami, …? questionne-t-il. Ce sont tous des scénarios qui nous nourrissent.»

À l’abri

Pierre-Hugues Boisvenu n’a pas parlé à la famille depuis samedi. «J’ai choisi de les laisser en famille parce que je me rappelle que c’est ce que nous voulions: être à l’abri et prendre du temps pour nous, en famille. C’est un moment de solitude important parce qu’on vient de mettre un point final à la vie de Cédrika.»

Les prochaines étapes

Selon le sénateur, la famille de la fillette doit profiter de ce moment de recueillement pour prendre de l’énergie en vue des étapes à venir. «On doit d’abord trouver qui l’a assassinée. Ensuite, il faut voir s’il a un passé criminel, s’il a déjà fait de la prison, etc.»

S’il s’agit d’un récidiviste, comme ce fut le cas pour sa fille Julie, M. Boisvenu croit qu’une colère habitera la famille. «Dans ce cas, cela voudrait dire que l’état n’a pas pris ses responsabilités. Il faut savoir si cette mort aurait pu être évitée», clame-t-il.

Puis, plus tard, viendra évidemment le moment d’entamer le processus du service religieux, un autre moment difficile à passer, se souvient l’un des fondateurs de l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues.

«Le côté spirituel peut les amener à penser que Cédrika leur donnera toute l’énergie et la force dont ils auront besoin.»

D’ailleurs, Pierre-Hugues Boisvenu voit un signe dans toute cette histoire. «C’est quand même un hasard et toute une coïncidence qu’on ait hiver tardif, sans quoi cette découverte n’aurait jamais été possible. Je me demande si c’est elle-même qui a, en quelque sorte, amené les chasseurs à cet endroit, comme signe que sa famille avait assez souffert.»

Registre des prédateurs sexuels

Partagé entre le soulagement et la colère, le sénateur a réitéré son désir de voir la création d’un registre public des prédateurs sexuels, cause pour laquelle il se bat depuis plusieurs années. Pour lui, ne pas rendre publiques ces informations est incompréhensible.

Il estime que ces gens doivent être fichés. «La découverte du corps de Cédrika nous confirme l’urgence du gouvernement du Québec d’investir dans un registre public des prédateurs sexuels plutôt que dans un inutile registre des armes longues», martèle M. Boisvenu.

«On doit trouver le moyen de les arrêter avant que le crime soit commis, pas après, ajoute-t-il. Dans les autres provinces, ce n’est pas rare de voir des gens être arrêtés avant de récidiver, parce que la population a un outil pour les reconnaître.»

Enfin, Pierre-Hugues Boisvenu a tenu à offrir ses plus sincères condoléances à la famille de Cédrika Provencher.