Perpétuer la culture autochtone : un défi pour Odanak et Wôlinak

En cette journée de la Fête nationale, les Québécois démontrent qu’ils sont fiers de leurs origines. Les autochtones du Canada étaient invités à faire de même le 21 juin, pour la Journée nationale des autochtones. À cette occasion, Le Courrier Sud a voulu savoir comment se portait la culture abénaquise sur les réserves d’Odanak et Wôlinak.

Odanak

Depuis quelque temps, la réserve amérindienne d’Odanak déploie plusieurs efforts pour perpétuer la culture abénaquise. Le Conseil de bande a même adopté une politique culturelle en ce sens. De plus, certaines personnes enseignent toujours les danses ou les chants traditionnels abénaquis aux plus jeunes tandis que la fabrication de paniers, un art très populaire pour eux, a été enseignée à un groupe de jeunes âgés d’environ 12 ou 13 ans. «Récemment, une fille d’une vingtaine d’années a commencé à faire ses propres paniers. Lorsque les Abénakis originaires des États-Unis viennent nous visiter, ils nous trouvent chanceux d’avoir conservé nos coutumes. Là-bas, si tu assistes à une fête abénaquise, les danses seront les mêmes que l’on retrouve dans les autres communautés», raconte la conseillère au Conseil de bande d’Odanak, Nicole O’bomsawin. Quelques personnes de l’endroit ont aussi conservé les recettes de plantes médicinales de leurs ancêtres. D’ailleurs, elles ont contribué à la réalisation d’un livre où l’on retrouve toutes ces recettes ancestrales. Il y a aussi un Centre de la petite enfance situé dans la communauté enseignant quelques mots aux enfants tout en leur montrant des danses et des chants. Le guide-animateur au Musée des Abénakis d’Odanak, Réjean Obomsawin, croit que le maintien des valeurs dans le village est dû à l’importance des origines pour le peuple. «Nous sommes un peuple fier et nous attachons une grande importance à la famille. Au fil des ans, nous nous sommes adaptés et avons continué de transmettre les valeurs aux plus jeunes», affirme-t-il.

Wôlinak

À Wôlinak, les coutumes autochtones sont toujours pratiquées par certaines personnes, mais la majorité des gens ne les connaissent pas, selon l’un des conseillers au Conseil de bande de la communauté, Christian Trottier. «Si quelqu’un veut apprendre les danses ou les chants traditionnels, il aura de la facilité à trouver un endroit pour le faire. Mais en général, la population ne les pratique pas beaucoup parce qu’elle ne les a pas appris. Il est difficile de transmettre ces valeurs aux jeunes lorsque les parents eux-mêmes n’ont pas eu cette opportunité», indique-t-il. Malgré tout, M. Trottier a commencé à enseigner les chants et rituels d’antan aux jeunes depuis l’an dernier et d’après lui, l’activité fonctionne bien. «Lorsque je sors le tambour, ils deviennent plus attentifs et écoutent la musique avec beaucoup de respect.»

Une langue à conserver

Pour les Abénakis, le plus grand défi réside dans l’apprentissage de la langue chez les enfants. «Le problème est que nous n’avons pas d’école sur la réserve, ce qui serait essentiel pour conserver la langue de nos ancêtres. Les jeunes suivent leur apprentissage à l’extérieur et l’immersion n’est pas totale», explique M. Obomsawin. De son côté, Nicole O’bomsawin propose la création d’une école alternative, à l’image d’une concentration arts-études. «Il y aurait les cours de base, comme le français et les mathématiques, mais un cours de culture abénaquise serait ajouté au programme. Toutefois, il faut leur donner des cours de chant, de danse ou l’enseignement des autres coutumes de manière active. S’ils l’apprennent comme un autre cours, ils vont s’ennuyer et retenir plus difficilement. Les enfants, par exemple, doivent apprendre comme s’ils étaient dans un jeu.» Pour Christian Trottier, la préservation de la langue doit d’abord passer par la population elle-même. «Il y a probablement des moyens de la préserver, mais les gens doivent avoir un intérêt. Nous ne pouvons pas les prendre par la main pour le faire», croit-il.

Reconnaissance

Des années 70 jusqu’à l’obtention de leur Fête nationale, les autochtones ont toujours réclamé une journée de célébration pour la reconnaissance de leur peuple. Au Canada, ils l’ont obtenu en 1996 et la date du 21 juin a été choisie, puisqu’elle coïncide avec le solstice d’été. «À l’époque, les rencontres pour le troc se faisaient davantage en été et la nourriture était présente en abondance, permettant ainsi de tenir les fêtes. Or, le 21 juin marquait le début de ces célébrations estivales», raconte Mme O’bomsawin.

Cette année, Odanak tenait quelques activités spéciales pour la Journée nationale des autochtones, comme une dégustation de la bannique et un tarif à moitié prix au musée des Abénakis. Cependant, le village autochtone s’est concentré davantage sur la promotion de sa culture ailleurs au Québec. «Cette année, par exemple, nous étions impliqué dans le festival Présence autochtone, qui se déroulait à Montréal jusqu’au 21 juin. Nous profitons plus de notre pow-pow pour pratiquer tout ce qui est rattaché à notre peuple», dit la conseillère municipale.

Pour sa part, Wôlinak n’a pas organisé d’activités spéciales. Elle se concentre aussi sur son pow-wow. «Nous étions très occupés dans plusieurs dossiers, mais certaines personnes l’ont souligné chez elles», allègue M. Trottier.

Le pow-wow représente une occasion de rassembler toutes les familles. «On retrouve des Abénakis un peu partout, que ce soit au Québec, en Ontario, aux États-Unis ou même en Europe. Cette fête nous permet donc de nous retrouver et de garder contact entre nous», explique Réjean Obomsawin.