Pêche blanche : une saison catastrophique pour les pourvoyeurs

Le moratoire imposé sur la pêche à la perchaude a eu des conséquences sur les activités des pourvoyeurs, qui viennent de connaître l’une des pires saisons de leur histoire.

À Notre-Dame de Pierreville, où le site est particulièrement propice à la pêche à la perchaude étant donné qu’il est situé dans une baie, la Pourvoirie Paulhus estime avoir encaissé une baisse de fréquentation de 50 % à 60 %.

Le moratoire sur la pêche à la perchaude a entraîné un désintérêt des familles pour la pêche sur la glace, selon Mario Paulhus. C’est que la pêche aux dorés avait beau être ouverte, ce poisson se pêche généralement très tôt le matin ou au coucher du soleil. « Tu ne réveilles pas un enfant à cinq ou six heures du matin pour l’emmener à la pêche, fait valoir Mario Paulhus. On a essayé d’attirer les familles avec une patinoire, mais ça n’a pas fonctionné. »

De plus, étant donné que les pêcheurs aux dorés quittaient le lac vers huit ou neuf heures du matin, ce sont tous les revenus liés à la journée de pêche que les pourvoyeurs ne pouvaient pas retirer.

« En perdant tout le va-et-vient de la journée, on ne vendait presque rien. En plus, ceux qui viennent aux dorés le matin sont déjà équipés, alors on ne louait pratiquement pas de cabanes », raconte Mario Paulhus.

Même son de cloche au Centre de pêche Jean-François Lemire, à Baie-du-Febvre, qui estime avoir enregistré une baisse de 70 % de sa clientèle. « C’est la place idéale pour la perchaude, parce que c’est la plus grosse frayère du lac Saint-Pierre », souligne le propriétaire, Jean-François Lemire.

Les clients ne souhaitaient pas non plus remettre les perchaudes à l’eau. « Surtout que ça ne donne rien, parce que 50 % à 60 % des perchaudes remises à l’eau meurent, indique-t-il. Je comprends que les gens ne veulent pas payer pour rien. Ils vont aller faire autre chose, c’est normal. »

Fermées l’an prochain ?

Si le moratoire à la perchaude n’est pas levé au moins de façon partielle, comme l’a réclamé l’Aire faunique communautaire du lac Saint-Pierre, la Pourvoirie Paulhus et le Centre de pêche Jean-François Lemire n’ouvriront pas l’hiver prochain.

« Je n’attendrai pas en décembre comme cette année, dit le propriétaire de la Pourvoirie Paulhus. Si je n’ai pas eu de nouvelles en septembre ou en octobre, et que le moratoire n’est pas levé, c’est sûr que je resterai fermé. Je continuerai à vendre des appâts de chez moi, mais je n’ouvrirai plus de chemin. Les pêcheurs devront aller sur le lac par leur propre moyen. Monétairement, ça ne vaut pas le temps qu’on y a mis. Cet hiver, on travaillait pour 2 $ ou 3 $ de l’heure. »

Jean-François Lemire n’a pas, lui non plus, l’intention d’embarquer ses cabanes sur le lac Saint-Pierre. « Je vais tout laisser à terre, assure-t-il. Cette année, je ne louais qu’une douzaine de cabanes, lors des plus gros samedis, contre 30 par le passé. Nous n’avions que 70 à 75 cabanes privées contre 150. »

À peine un mois d’activités

Étant donné que la pêche aux dorés doit se faire plus au large sur le lac Saint-Pierre, la saison de la pêche blanche s’est ouverte un peu plus tard qu’à l’habitude pour la Pourvoirie Paulhus, soit le temps que la glace épaississe.

Ce problème ne se posait pas par le passé puisque la perchaude se pêchait dans des baies où il n’y avait environ que deux pieds d’eau. En plus de laisser la glace épaissir plus longtemps, la pourvoirie a dû défrayer des coûts supplémentaires pour ouvrir un chemin afin de se rendre plus au large.

La météo a aussi joué des tours. Le 31 janvier, plusieurs cabanes ont été renversées par des rafales. Le 2 février, la Pourvoirie Paulhus émettait un avis selon laquelle plusieurs cabanes avaient été perdues en raison d’un redoux. La saison s’est finalement conclue le 27 février dernier.

« Il commençait déjà à y avoir de l’eau sur le lac. En étant plus au large, ça devenait dangereux, reconnaît Mario Paulhus. On aurait pu rester deux autres semaines, mais pour ce que cela aurait changé… On a décidé de sortir nos cabanes du lac. »

 

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