Pêche à la perchaude: le moratoire est maintenu

La nouvelle est tombée comme une tonne de briques pour l’Aire faunique communautaire (AFC) du lac St-Pierre. Le moratoire sur la pêche à la perchaude est maintenu sur le lac St-Pierre, pour 2013, du moins.

« On a appris la fin du monde une journée avant tout le monde », balance le président de l’AFC, Stéphane Marin.

Le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet a expliqué à l’association que sa principale préoccupation était de préserver la ressource.

« C’est aberrant, il se pêche entre 12 et 14 tonnes au pied du pont Laviolette et la pêche commerciale est permise là-bas. C’est encore les pêcheurs sportifs qui écopent. Ils vont sauver 3 à 4 tonnes. C’est des conneries », fustige M. Marin.

Le moratoire imposé par Québec vise à restaurer les écosystèmes et la population de perchaudes dans le lac Saint-Pierre, et ce, compte tenu de l’état critique des populations dans ce plan d’eau.

Rappelons qu’en mars 2012, le gouvernement avait annoncé l’imposition d’un moratoire sur la pêche à la perchaude commerciale et sportive au lac Saint-Pierre à compter du 4 mai 2012 et pour une période de cinq ans. C’est que malgré les efforts déployés depuis plusieurs années, la population de perchaudes ne parvient pas à se rétablir.

Le rétablissement de la perchaude au lac Saint-Pierre est limité par plusieurs facteurs : la détérioration des habitats de reproduction, de croissance et d’alimentation dans le lac et sa zone littorale, l’arrivée de nouveaux prédateurs comme le cormoran à aigrettes, et celle de compétiteurs tels le gobie à taches noires.

Pour ces raisons, l’exploitation de la perchaude au lac Saint-Pierre n’est plus possible dans un avenir prévisible et la protection intégrale du stock reproducteur s’avère une priorité pour le gouvernement afin d’assurer la pérennité de cette ressource.

Afin de contrer la dégradation de la population de perchaudes, le Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs a décidé de maintenir le moratoire sur la pêche sportive et commerciale. Il a également décidé de poursuivre les essais de contrôle par abattage du cormoran réalisés à l’été 2012.

Le ministre Yves-François Blanchet reconnaît l’importance économique de la pêche à la perchaude : « Je partage l’inquiétude des pourvoyeurs et des pêcheurs, mais nous devons nous rendre à l’évidence : seul un ensemble de mesures sévères de protection et de restauration donnera une chance, même incertaine, de relancer cette activité à moyen terme. »

Le ministre présentera aux acteurs locaux et régionaux une démarche dès le début de l’année 2013 afin d’agir rapidement et durablement sur les écosystèmes du lac Saint-Pierre, prioritairement sur l’habitat de la perchaude. Cinq ministères participeront activement à cette action gouvernementale, reconnaissant ainsi la gravité de la situation et la nécessité d’intervenir en synergie et de façon concertée.

« Il ne s’agit plus seulement de permettre ou non la pêche, mais bien de faire reconnaître qu’en vertu des principes du développement durable et de la préservation des espèces, c’est l’ensemble des écosystèmes du Lac St-Pierre qui doivent être l’objet d’une réflexion et d’une série de mesures vigoureuses. Le Lac St-Pierre est un bijou géographique et écologique dont nous avons le devoir de rétablir l’équilibre et la vitalité », a conclu le ministre.