Pas dans ma cour!

Le 5 juin dernier, Sandra Dupuis a eu la surprise de sa vie en constatant que Postes Canada était en train d’installer des boîtes postales sur l’emprise de son terrain, sur la rue Noël à Nicolet.

Pourtant, en mars dernier, elle avait signifié son désaccord à Postes Canada quant à cette démarche. «On m’avait dit que si on ne voulait pas que les boîtes postales soient installées chez nous, ça ne se ferait pas. J’ai pris ça pour acquis.»

Mais voilà que quelques mois plus tard, les gros modules de métal aboutissent tout de même chez elle. «Depuis, je multiplie les plaintes chez Postes Canada. Je n’en reviens tout simplement pas qu’ils aient installé les boîtes postales chez moi, contre mon gré!»

Depuis le déménagement, estime Mme Dupuis, la circulation automobile sur la rue Noël est plus importante puisque les boîtes postales desservent également la rue voisine. Certains automobilistes font des demi-tours dans la rue pour accéder aux boîtes postales ou pour les quitter et, ce faisant, roulent sur son gazon. Mais par-dessus tout, c’est la sécurité des enfants de la rue qui préoccupe la maman d’une petite fille de trois ans.

«Il y a une quinzaine d’enfants qui restent sur notre rue. En augmentant la circulation automobile, on augmente les risques d’accidents, laisse-t-elle entendre. Si, au moins, les boîtes postales desservaient uniquement notre rue…»

Un mal nécessaire

Mais selon Postes Canada, le déplacement des boîtes postales était nécessaire justement pour des raisons de sécurité.

Auparavant, elles étaient situées sur le terrain du Dépanneur Jean. Lorsque le commerce a été reconverti en garderie, elles ont été déplacées au garage McMahon. Mais les citoyens étaient obligés de ranger leur véhicule sur le rang Petit-St-Esprit pour aller chercher leur courrier, étant donné que l’accès au stationnement du garage était difficile. Une manœuvre relativement dangereuse.

Des plaintes ont également été acheminées à Postes Canada concernant la localisation des boîtes postales chez McMahon. Ces plaintes provenaient non seulement de citoyens mécontents, mais également du propriétaire des lieux. Considérant tout cela, la société d’État a décidé de déménager de nouveau les modules. C’est ainsi que trois d’entre eux ont abouti sur le terrain de Mme Dupuis, alors que les trois autres ont été installés sur le rang de l’Île. Un emplacement qui ne fait pas non plus l’unanimité, puisqu’une pétition circule déjà pour les déménager sur un terrain non construit, situé en face du 1335 Petit-St-Esprit.

«Je trouve ça désolant de voir que Postes Canada peut s’installer n’importe où sur les servitudes de la Ville et n’importe quand, sans consulter. On n’a pas de pouvoir», déplore Mme Dupuis.

 

Sandra Dupuis et son conjoint ont tenté des approches auprès de la municipalité, mais le maire Alain Drouin leur a signifié que la Ville ne pouvait rien faire étant donné qu’il n’y avait pas de tuyaux ou de fils qui passaient à l’endroit ciblé par Postes Canada.

La citoyenne entend continuer à loger des plaintes à Postes Canada dans l’espoir de retrouver éventuellement la tranquillité d’autrefois. Elle fait également circuler une pétition demandant à ce que les boîtes postales soient déplacées au parc situé au bout du rond-point et qu’elles ne desservent que sa rue.

Les explications de Postes Canada

Christian St-Jacques, agent de planification chez Postes Canada, est bien conscient que le déplacement de boîtes postales communautaires peut créer de l’irritation chez les gens. «Nous avons le devoir de fournir un service au client, rappelle-t-il d’entrée de jeu. Dans le cas des boîtes postales relocalisées sur la rue Noël et le rang de l’Île, à Nicolet, très peu de possibilités s’offraient à nous en vertu des critères et des règles de sécurité que nous devons suivre», indique celui qui s’est rendu sur place pour examiner la situation. Il explique que les normes de Postes Canada obligent l’installation de boîtes postales à l’entrée d’une rue existante pour limiter le plus possible la circulation dans un quartier, afin de ne pas perturber la tranquillité et la sécurité du secteur. Il ajoute que selon leur configuration, les boîtes postales viennent nécessairement en bloc de trois modules. Celui installé sur la rue Noël desservait déjà cette rue et la rue Alexandre-Poirier. «Lorsque nous procédons à un déménagement, nous choisissons évidemment un endroit n’occasionnant pas trop de désagrément. Par exemple, on n’ira jamais installer les boîtes postales communautaires dans un parterre, à l’avant même d’une maison», illustre-t-il. Monsieur St-Jacques rappelle enfin que les servitudes servent justement à l’installation de biens publics, comme les bornes fontaines ou les panneaux de signalisation. «Et malheureusement pour les gens, on a également le droit de les utiliser pour y installer des boîtes postales.»