Parlons des «vraies affaires»

OPINION. La Coalition pour les droits des personnes assistées sociales de la Mauricie et du Centre-du-Québec réagit aux dernières annonces faites la semaine dernière par le ministre François Blais, responsable de l’aide sociale. Voici une lettre que la Coalition nous a fait parvenir:

Lorsque les Libéraux étaient en campagne électorale, ils se sont faits élire en disant qu’ils allaient s’occuper des vraies affaires, qu’ils allaient créer 250,000 emplois en 5 ans, qu’ils n’allaient pas toucher aux personnes démunies, etc.

Posons donc la bonne question: quelles sont donc ces vraies affaires pour un ministre responsable de l’Emploi , de la Solidarité sociale et de la lutte à la pauvreté? Quelles solutions propose-t-il face à l’itinérance qui augmente, face à l’augmentation de la fréquentation des tablées populaires, y compris par des travailleurs à faibles revenus ? Que fait-il pour soulager la misère de milliers de personnes au Québec qui ne couvrent pas leurs besoins essentiels ? Que fait-il face à la situation préoccupante de l’emploi ?

Ce que nous avons vu cette semaine, c’est que le principal mandat qui a été confié au ministre de la Solidarité sociale, ce n’est pas celui de se préoccuper des problèmes sociaux, mais plutôt d’appliquer les compressions budgétaires commandées par le Conseil du Trésor. Que des milliers de personnes ne couvrent pas leurs besoins essentiels, ce qui a un impact assuré sur leur santé, est jugé secondaire comparé à la « santé » des finances de l’État.

Pour cacher la réalité de cette détresse grandissante, nous avons vu le ministre « surfer » sur les préjugés et les idées reçues. Se servant de situations très marginales, il nous dit qu’il croit pouvoir récupérer de 11 à 15 millions $, ce qui laisse entendre que ces situations ne sont pas si marginales que ça. Il nous dit qu’il a indexé les prestations d’aide sociale au coût de la vie. Tout le monde conclut de ce discours que les personnes pauvres, si elles n’ont pas d’augmentation, du moins ne s’appauvriront pas. La réalité, c’est que cette indexation s’est traduite pour les prestataires les plus pauvres par un 6 $ de plus par mois, ce qui ne correspond même pas à la moitié de leur future augmentation de loyer, sans compter les hausses d’Hydro, du panier d’épicerie, etc.

Pendant que notre gouvernement refuse d’aller chercher des revenus sur les profits anormalement élevés des banques et des personnes à très hauts revenus, nous trouvons normal qu’à l’aide sociale, tout revenu de travail qui excède 200 $ pour une personne seule soit entièrement soustrait du chèque d’aide sociale même si ces personnes ne couvrent pas leurs besoins essentiels. On en est même rendu à comptabiliser les « revenus » des mendiants. Cela nous en dit long sur les valeurs de notre société et surtout de ceux et celles qui nous gouvernent.

Les mesures qui ont été les plus efficaces ces dernières années pour faire diminuer le nombre de personnes à l’aide sociale, ce sont les programmes qui tiennent compte de la réalité des personnes rejointes, qui leur offrent une formation qualifiante pour le marché de l’emploi et qui améliorent leur situation financière. Ce sont donc les personnes qui ont reçu le meilleur soutien qui ont été le plus en mesure de quitter l’aide sociale. Au nom de l’austérité, c’est exactement le contraire de tout cela qui se fait actuellement.

Personne au Québec ne sortira gagnant de mesures qui risquent d’accroitre encore plus les écarts de revenus entre les plus riches et les plus pauvres. Tout le monde a droit au Québec de vivre décemment. C’est une question de dignité, de justice sociale et tout simplement d’humanité.

Coalition pour les droits des personnes assistées sociales de la Mauricie et du Centre-du-Québec