Parce que le loup est là!

LETTRE OUVERTE. Le 27 octobre dernier, M. Donald Martel, député de la CAQ, déclarait au Courrier Sud qu’il n’y avait « pas de projet d’exploitation du gaz de schiste à l’horizon chez nous ».

Dans la livraison du 1er novembre, sous le titre « Pourquoi crier au loup ? », M. Martel récidive en demandant que tous se fient à lui seul pour avoir l’heure juste à ce sujet.

M. Martel dénigre en même temps le travail des multiples comités de vigilance de sa circonscription en parlant de « tactiques », « d’alarmisme », et en se demandant quels sont les motifs réels des militants.

Cette attitude n’est pas nouvelle. En juin 2015, dans un de ses billets hebdomadaires, M. Martel mettait ses concitoyens en garde contre les « environnementalistes », dont il fallait, selon lui, « diminuer l’influence ». On peut constater qu’il s’y emploie lui-même de son mieux.

M. Martel devrait savoir que les militants qui sensibilisent la population, depuis 2010, sont des citoyens informés et inquiets des risques de l’exploration et de l’exploitation gazières pour la qualité de l’eau, de l’air, des sols, pour la santé et la qualité de vie dans notre milieu. Ces citoyens bénévoles donnent de leur temps et de leur argent à la cause qu’ils défendent. S’ils ne refusent pas qu’un député partageant leurs convictions se lève à leurs côtés, ils ne se réclament d’aucune allégeance politique. Voilà pour les motivations.

M. Martel devrait donc savoir qu’il n’y a pas de « tactiques » de la part de ces comités de citoyens. Oui, M. Martel, on peut juste vouloir travailler au bien-être de son milieu et à un futur sain pour les générations prochaines, sans autre intention que celle-là, sans salaire, sans agenda caché.

Ce que M. Martel a oublié de dire, dans ses déclarations, c’est que son parti ne cesse de réclamer que le Québec exploite ses hydrocarbures et a voté aux côtés des libéraux pour la loi sur les hydrocarbures (loi 106) adoptée sous le bâillon en décembre dernier.

M. Martel oublie aussi de dire qu’il s’est montré favorable, à plus d’une reprise, à un projet pilote de forage pour du gaz de schiste, dans notre région.

Ce que M. Martel ne savait peut-être pas au moment de son dernier billet, c’est l’intention de Questerre, clairement affirmée lors du récent congrès de l’Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ), d’obtenir l’acceptabilité sociale et de recommencer à forer dans Lotbinière et Bécancour.

Ce qu’il est aussi important de savoir, M. Martel, c’est qu’un projet pilote, même dans une MRC voisine, c’est un pied dans la porte. C’est le retour d’une industrie qui n’investira pas d’argent dans une plateforme de forage unique, qui veut s’étendre pour pouvoir exploiter, et qui a déjà tous les droits pour forer et fracturer des centaines et des milliers de puits dans la vallée du Saint-Laurent, en commençant par ici.

Ce que M. Martel devrait faire, c’est remercier les comités de vigilance de rester éveillés. On est bien plus nombreux que lui, on y met plus de temps et de ressources que lui, et il n’est pas facile de nous en passer des « p’tites vites ».

Danielle Rochette

Bécancour