Nucléaire: l’énergie du désespoir?

Débat jamais terminé que celui de l’effet des centrales nucléaires sur la santé des populations environnantes et des travailleurs.Un documentaire diffusé prochainement à Canal D tentera d’apporter un nouvel éclairage sur l’état des choses en sol québécois, à la centrale de Gentilly-2.

Baptisé «Nucléaire: l’énergie du désespoir…», l’émission d’une heure donnera la parole à d’ex-travailleurs de l’entreprise atteints d’un cancer ainsi qu’aux autorités de santé publique. Des spécialistes des groupes contre le nucléaire seront aussi entendus, tout comme des représentants de l’association nucléaire canadienne. «Je souhaite que la série relance certains débats. À Sannon par exemple, la contamination de l’eau a déjà fait l’objet d’attention médiatique, mais c’est la diffusion de notre documentaire le 1er octobre dernier qui a remis le sujet sur la table», affirme André Mailly, producteur de la série Toxique, qui compte dix épisodes, dont celui de Gentilly qui sera diffusé le 22 octobre prochain. «Avec la démonstration qu’on fait des situations comme celle de la centrale nucléaire, on pense que les probabilités sont assez élevées pour qu’on se pose des questions. Au lieu de se braquer et de dire systématiquement qu’il n’y a pas de danger, il va bien falloir qu’on examine la situation», estime M. Mailly.

Deux ex-travailleurs de la centrale de Gentilly témoignent donc de leurs conditions de travail et du refus d’Hydro-Québec de reconnaître aujourd’hui leur statut de malade industriel alors qu’ils estiment la centrale responsable du cancer qu’ils dont ils sont atteints. «Ils étaient contractuels à la centrale, donc pas couverts par les avantages sociaux de l’entreprise, comme les assurances par exemple. Ils nous expliquent que ce sont toujours les contractuels et jamais les permanents qui vont dans les zones les plus dangereuses», relate M. Mailly, soulevant une interrogation sérieuse sur la transparence des mesures de sécurité à la centrale. «Tous les jours, quand les employés passent les contrôles, on mesure leur niveau de contamination. Ces relevés-là sont conservés et envoyés au ministère. Étrangement, pour ces deux employés-là, aucun relevé n’a été retrouvé», souligne le producteur.

Le documentaire présentera aussi le cas de la propriétaire d’une résidence pour personnes âgées à Champlain, tout juste en face de la centrale sur la Rive-Nord. «Elle a un cancer de la glande thyroïde, la maladie qui est la plus susceptible d’être due à des radiations libres dans l’air. Sans compter son chat, qui est né avec seulement deux pattes», évoque M. Mailly.

En contrepartie, des experts témoigneront des conclusions d’études publiques sur la santé des populations et traiteront des mesures de sécurité prises autour des installations nucléaires. «Ils nous disent qu’il n’y a pas de souci à se faire, mais en élaborant la série Toxique on a réalisé qu’il y avait une constante: peu importe de quelle pollution on parle, l’Institut national de santé publique du Québec nous dit que la population environnante n’est pas suffisante pour faire une étude épidémiologique. Donc, ils nous disent qu’ils ne peuvent pas en venir à des conclusions. Mais la question reste: est-ce que c’est dangereux?», conclut M. Mailly. Son documentaire sur Gentilly tentera probablement d’apporter un début de réponse.