Mobilisation pour le maintien des services à Nicolet

SANTÉ. Entourée de spécialistes du milieu de la santé et en présence de nombreux élus de la Rive-Sud, la mairesse Geneviève Dubois a lancé une mobilisation pour dire NON aux coupures annoncées au Centre Christ-Roi.

Il faut dire que depuis le 1er janvier dernier, les services d’orthopédies, d’ORL, de plastie, de chirurgie générale et d’endoscopie ne sont plus offerts à Nicolet, si bien que les patients qui en ont besoin doivent traverser le pont. En juin prochain, ce sera la fin pour les services de cardiologie et de gynécologie. Sans compter la fin annoncée du service de la pharmacie et l’incertitude entourant le laboratoire.

Une pétition a donc été mise en ligne sur le site de l’Assemblée nationale pour demander le rétablissement des cliniques externes spécialisées perdues et d’assurer la pérennité des services encore en place, dont les urgences mineures de Nicolet et de Fortierville.

Il est possible de la signer au https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-6513/index.html jusqu’au 12 mars. Une version papier sera aussi disponible les bureaux municipaux, les cliniques médicales et les pharmacies de Bécancour-Nicolet-Yamaska.

La mairesse Geneviève Dubois souhaite d’ailleurs que d’autres régions emboîtent le pas pour refuser les coupures en santé. «Les soins de santé et les services de proximité sont très importants pour les gens qui décident de venir s’établir à un endroit. Sans compter que les transferts d’emplois ont des impacts dans nos milieux», souligne-t-elle.

Elle dénonce du même coup le double discours que tient le gouvernement du Québec. «D’une main, ils nous donnent des responsabilités et de l’autre, ils nous coupent des services. S’il pouvait y avoir de la cohérence, ce serait facilitant», lance-t-elle.

Déjà des impacts

Des médecins et des organismes communautaires ont aussi souligné les impacts qui sont déjà sentis au sein de la clientèle la plus vulnérable.

Le Dr Jean Blondin, un omnipraticien qui compte environ 2000 patients, dont 800 vulnérables souligne qu’il voit tous les jours les impacts des coupures. Déjà, plusieurs patients décident de différer des examens en raison de la distance.

«Ce ne sont pas les jeunes qui sont affectés, mais les plus âgés, les plus démunis et les personnes en perte de mobilité et qui sont obligés de demander à leur famille, souligne-t-il. S’ils attendent, avec le temps, ça va finir par affecter leur santé.»

«C’est bizarre qu’on coupe les services spécialisés à un moment où on en a le plus besoin, où la population est vieillissante et où l’on a jamais autant de spécialistes, ajoute Dr Blondin qui rappelle qu’en 1996, lors de la réforme Rochon, on avait promis de toujours les maintenir.

Le Dr Guillaume Langlois estime quant à lui que le fait d’éloigner les services amènera de belles statistiques pour le ministère, mais sera désastreux pour les dossiers des patients. «Attendez dans cinq ans, quand nous allons lui avoir découvert un cancer et qu’il sera inscrit dans son dossier qu’il a refusé une colonoscopie parce qu’il n’est pas capable de se rendre», lance-t-il

De son côté, Isabelle Brunelle de la Corporation de développement communautaire souligne que le fait d’éloigner les services signifiera une pression supplémentaire sur les familles et les bénévoles pour transporter les patients qui ne sont pas capables de se déplacer par eux-mêmes. Sans compter une hausse des coûts supplémentaires liés au fait de devoir se déplacer à Trois-Rivières et à avoir à subir de longues heures d’attente.

Des données biaisées

«La Loi 20 visait à améliorer l’accès aux médecins de famille et aux services spécialisés. Je ne suis pas certain que ça favorise l’accès de les envoyer dans les grands centres, souligne Dr Pierre Beaudry. Comme médecin, je ne peux pas rester silencieux sur des décisions qui ont pour effet de défaire le système en place.»

Celui-ci estime d’ailleurs que les données sur lesquelles le ministère s’est basé pour rendre la décision de couper les services externes sont biaisées en tenant compte de la performance des infirmières.

C’est que dans les 5 688 visites, on ne tenait pas compte que certaines d’entre elles, notamment en cardiologie, comportaient deux à trois examens. Celles-ci auraient dû être comptabilisées séparément pour comparer le travail avec Trois-Rivières. «Les statistiques ont été mal interprétées. Les infirmières travaillent autant, sinon plus qu’ailleurs».

Par ailleurs, il souligne que le conseil d’agrément avait accordé une note de 97,5% aux services dispensés au Centre Christ Roi de Nicolet, ce qui est le meilleur résultat dans la région.