L’Ukraine s’invite à Bécancour

COMMUNAUTÉ. Une trentaine de familles de partout au Québec se sont réunies samedi, à Bécancour, pour un pique-nique bien particulier. Le point commun entre ces ménages : ils ont tous adopté un ou des enfants ukrainiens.

Par Matthieu Max-Gessler

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«Le but est de se regrouper pour partager nos expériences et se soutenir, explique Joël Lapierre, père de neuf enfants, dont quatre Ukrainiens. C’est aussi pour les enfants : ils se sentent souvent un peu seuls, à part, mais là, ils voient d’autres enfants qui vivent une réalité semblable à la leur.»

Les invités étaient reçus chez Israël-Luc Godfrey et Agnès De Leeuw, qui sont eux-mêmes parents de 15 enfants, dont sept qu’ils sont allés chercher en Ukraine.

Le rassemblement était chapeauté par l’organisme humanitaire TDH Canada, membre de la Fédération internationale de Terre des hommes, un organisme humanitaire dont la mission est la protection des enfants et dont le siège social se situe à Genève, en Suisse. L’aide à l’adoption fait partie de la mission de l’organisme.

L’adoption, un processus «trop difficile» au Québec

Si l’événement avait une signification particulière pour toutes ces familles «pas comme les autres», il avait aussi pour but de redorer le blason de l’adoption internationale.

«Surtout dans le contexte de la guerre en Ukraine, on dénigre beaucoup l’adoption, surtout celle d’enfants plus vieux. C’est sûr que c’est un défi plus grand pour les parents, quand ils adoptent un adolescent de 13, 14 ou même 15 ans, mais des familles peuvent vivre les mêmes difficultés avec des ados qui sont de leur sang», soutient M. Lapierre.

Outre la mauvaise opinion qu’ont certains médecins, thérapeutes et intervenants de l’adoption d’adolescents, M. Lapierre déplore la lenteur du processus qui semble caractéristique au Québec.

«Le Secrétariat à l’adoption internationale a resserré ses critères, ce qui rend l’adoption plus difficile au Québec alors qu’aux États-Unis et même au Canada, c’est beaucoup plus simple. La conséquence, c’est qu’on est passé de 1000 adoptions internationales à 200 en seulement quelques années», affirme-t-il.

Préoccupés par la guerre

En plus de peser sur l’image de l’adoption, la guerre en Ukraine préoccupe les jeunes nouveaux venus au Québec.

«Les plus vieux sont préoccupés, car ils ont encore de la famille là-bas. Mes deux fils ont encore une grand-mère qui vit en plein dans une des zones de guerre. Ils sont aussi préoccupés par la situation économique. Ils communiquent régulièrement avec leur grande sœur qui a 20 ans et elle dit que c’est très difficile de se trouver du travail», relate M. Lapierre.