L’homme fort David Nollet revient de loin

TÉMOIGNAGE. Le 13 novembre dernier, le Trifluvien et homme fort David Nollet a vu sa vie être chamboulée. Seul au bureau du médecin, il apprenait qu’il était atteint d’un cancer au testicule à 31 ans, lui qui venait de voir sa mère et sa belle-mère emportées par un cancer. Cinq mois plus tard, il vient de confirmer son retour à la compétition.

À l’aube de sa première saison sur le Circuit des hommes forts professionnels, David Nollet se voyait confronté à une épreuve encore plus grande, encore plus critique, encore plus significative.

«J’étais seul lors de mon échographie. Ce qui devait arriver arriva. Le radiologue m’annonce la nouvelle et enchaîne que c’est un cancer qui guérit bien et il m’explique les procédures. Mais j’avais arrêté de l’écouter au mot cancer», confie-t-il.

«Je suis sorti du bureau et je suis d’abord allé voir ma sœur. Elle a pleuré, mais c’est la seule fois que je l’ai vu pleurer durant tout le processus. J’ai ensuite expliqué le tout à mon employeur et je suis allé au gym en faire l’annonce, car on préparait ma première saison chez les pros. Puis, le soir, j’ai fait le souper. Nous avons mangé, tranquilles, comme d’habitude. Puis vers 20h30, j’ai annoncé à me femme que j’étais atteint du cancer. Je l’ai rassurée comme l’avait fait le docteur avec moi.»

«La chimio tue tout ce que tu as en dedans»

Deux semaines plus tard, David se retrouvait sur la table d’opération pour se faire retirer le testicule. Mais l’histoire ne s’est pas arrêtée là.

«Le testicule était mort avec le temps. Donc, le cancer était encore en moi et je devais passer un scan pour évaluer les dommages. J’avais plusieurs métastases dans le ventre, tout près de mes organes importants.»

C’est à ce moment qu’on lui prévoit trois cycles de trois semaines de chimiothérapie.

«La première semaine se passe bien. À ma première journée, il y a un petit gars à mes côtés et il est souriant et de bonne humeur. Ma blonde pleure. Je lui dis qu’on n’a pas le droit de pleurer ni être de mauvaise humeur si lui prend la vie en souriant. Ensuite, je continuais d’aller au gym et tout allait bien.»

«Mais la chimio tue tout ce que tu as en dedans, sans te tuer toi. Les traitements qui durent seulement une heure sont tellement forts que j’ai été hospitalisé par la suite. Un matin, je me suis réveillé et ma blonde m’a pointé l’oreiller. Ma barbe était tombée. Ça peut paraître banal, mais ça m’a fait tellement de peine. Ma grosse barbe était mon image, mon côté fort.»

Petit à petit, tous les poils de son corps allaient tomber.

Comme un fardeau

«Ma condition s’est détériorée. J’ai eu tous les effets secondaires négatifs possibles. J’étais déprimé. Tu ne peux plus voir personne pour ne pas attraper de virus. À la maison, tu te sens comme un fardeau. Je n’avais plus la force d’aller au gym. Tu ne te sens plus utile. Je me demandais si j’allais pouvoir redevenir David Nollet un jour. Si j’allais redevenir normal. Le David fort, qui adore son emploi, qui est très actif et qui est toujours là pour ses proches.»

«J’ai obtenu le résultat de mon dernier scan le 12 avril. Malheureusement, j’ai encore une masse, mais elle a réduit d’un centimètre, alors je n’ai pas besoin de chimio pour le moment. On verra dans le futur, mais ça se peut que je compose toute ma vie avec cette masse. Il s’agit d’une rémission partielle.»

Aujourd’hui, le Trifluvien profite de la vie au maximum.

«La maladie m’a ouvert les yeux. Maintenant, des petits problèmes me paraissent bien niaiseux. J’en dois énormément à ma blonde. Elle a toujours là, avec moi. Elle a tout fait pour moi! Ne pas l’avoir déjà marié, je le ferais assurément. Dans tout le processus, je n’ai jamais eu peur de mourir, j’ai eu peur d’abandonner les gens qui m’aiment. Et si un jour je dois mourir du cancer, j’en ai plus peur!»

«Je n’ai jamais chialé et je n’ai jamais détesté le cancer. Même si on est atteint, on se lève quand même à tous les jours. On est tellement faible et on se sent inutile, mais je n’ai jamais pensé que je n’allais pas guérir. Je n’en ai jamais voulu à personne non plus. Je ne me suis jamais demandé  »Pourquoi moi »? Je ne me suis jamais plains, je n’ai fait que l’accepter.»

De retour à la compétition

David Nollet n’a jamais totalement arrêté de travailler. Il n’a jamais cessé d’aller au gymnase non plus.

«Je voulais rester moi-même. Je ne pouvais plus être utile pour mes proches. Il fallait qui me reste quelque chose de moi, comme la job et le gym. Après les traitements, à la mi-mars, j’étais de retour à l’entraînement. C’était difficile au début, mais j’étais fier. Je vais maintenant au gym huit fois par semaine. Je mange beaucoup et je mange bien», raconte-t-il.

«Puis, Mike (Saunders) m’a demandé si je confirmais ma place sur le circuit professionnel qui s’amorce le 28 mai, à Saint-Odilon. J’ai confirmé ma place. Le 7 mai, j’ai été invité au défi de Jean-François Caron. En tout, nous aurons une quinzaine de compétitions et démonstrations prévues cette saison.»

Une saison qu’il voit avec beaucoup d’enthousiasme: «Ma motivation est encore plus forte! J’ai développé une force de la vie que les autres compétiteurs n’ont pas. Avant, je pouvais arrêter après cinq ou six séries. Maintenant, je n’abandonnerai plus. Je sais que la douleur n’est rien à côté de ce que j’ai vécu. Je pratique mon sport en sachant que j’aurais plus ne jamais le refaire. Je veux profiter ma deuxième chance de A à Z.»

David Nollet ne sera probablement jamais père, résultat des effets néfastes de la chimiothérapie. Malgré tout, aujourd’hui, c’est mission accomplie pour le Trifluvien. Car David Nollet est redevenu David Nollet.

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Le saviez-vous?

En 2015, 1 050 Canadiens ont reçu un diagnostic de cancer du testicule. L’incidence du cancer du testicule a augmenté de façon régulière au cours des dernières décennies, mais on comprend peu les raisons de cette augmentation. Le cancer du testicule est le cancer le plus courant chez les jeunes hommes âgés de 15 à 29 ans.

Détecter un cancer du testicule à un stade précoce accroît les chances de réussite du traitement. On recommande donc aux hommes de connaître leurs testicules. Palper soigneusement les testicules et comparer les deux côtés permet de sentir ces changements au toucher, comme une masse ou une certaine sensibilité. (Source: Société canadienne du cancer)