Les ressources résidentielles victimes du système

LETTRE OUVERTE. Un très récent communiqué émit par Jean-François Lisée, porte-parole du Parti Québécois en matière de services sociaux, de protection de la jeunesse, de soins à domicile et de prévention, dénonçant les mesures d’austérité imposées par le gouvernement, nous a fait réagir.

Enfin, des faits extrêmement troublants sur ce que l’on dénonce depuis plusieurs années, soit l’exploitation d’un réseau vulnérable, régi par un système autocratique et arbitraire.

Bons nombres de ces ressources ont déjà fermé leurs portes (près d’une vingtaine en 2015) et d’autres suivront dans les prochains mois pour diverses raisons :  retraite anticipée, détresse psychologique, détresse financière face à un avenir incertain, mais ce qui fait le plus mal, c’est l’augmentation de la bureaucratisation et la manipulation des services à rendre, au détriment de l’humanisme de ce réseau, dit « familial ».

Un alourdissement et une complexification de la clientèle tant sur le plan physique que mental ou on leur confie une clientèle se rapprochant du milieu carcéral ou de se comporter comme des CHSLD alors que les ressources humaines, matérielles et budgétaires ne suivent pas. 

Ces coupures draconiennes ont un impact direct sur la qualité des services à la clientèle.  La « non-reconnaissance » de certains troubles graves du comportement afin de prioriser l’enveloppe budgétaire des établissements, limite les interventions appropriées auprès d’une clientèle qui, par exemple : s’automutile ou ayant des comportements de coprophagie, copromanie ou autres.

Il est totalement inacceptable de laisser des responsables de ressources aux prises avec de tels comportements alors qu’on devrait intervenir avec des moyens pour contrôler ses écarts de comportement.

La sécurité ainsi que l’intégrité de la clientèle sont compromises.  Par exemple, dans un cas extrême, suite à une décision clinique de l’établissement ; le vêtement restrictif que portait une cliente afin de la protéger de son comportement de copromanie (qui joue avec ses excréments) a été retiré sans aucune alternative.  Le retrait de ce vêtement restrictif (grenouillère) a un impact direct sur la rémunération à la baisse de la ressource d’hébergement.

C’est une formule aux effets pervers ou les établissements manipulent l’outil de classification, dans l’intérêt du financeur et non du client.  Bien au-delà du vol « social » que subissent nos membres, il y a la clientèle qui subit en silence, faute de structure avec des dents pour les protéger contre les différents abus et négligences organisationnelles, souffrant du syndrome du «pas dans ma cour». 

Je connais personnellement presque l’ensemble des 260 responsables de notre région, des gens de cœur et de conviction qui se dévouent au quotidien pour une clientèle vulnérable, qui nous est confié par l’État.  Et après toutes ses années, je peux vous affirmer que le consensus qui émerge de nos membres : «il ne s’agit pas d’une question d’argent, mais bien de respect, de support et de collaboration».

Le regroupement continuera sa bataille afin qu’on leur reconnaisse un statut clair et une utilisation du « Système de mesure de l’autonomie Fonctionnelle » (SMAF).  C’est un outil moderne qui a fait ses preuves, utilisé depuis des années dans le réseau de la santé et qui intègrent très bien la philosophie ou les orientations ministérielles.

 

-Pierre Hébert

Président du Regroupement des ressources résidentielles de la Mauricie/Centre-du-Québec

Co-propriétaire d’une ressource intermédiaire de Ste-Élisabeth-de-Warwick