L’effort demandé aux municipalités est «raisonnable»?

POLITIQUE. Les libéraux et caquistes de la région ne s’entendent pas sur les effets qu’auront la réduction de l’ordre de 300 millions $ des transferts du gouvernement du Québec aux municipalités.

D’un côté, les libéraux assurent que cette situation n’entraînera pas de hausse de taxes, ni de réduction des services à la population. «Les municipalités seraient en mesure d’accomplir l’effort auquel elles ont consenti en utilisant les surplus accumulés et en resserrant leurs dépenses sans avoir à refiler la facture à leurs contribuables», souligne le ministre responsable de la Maurice et député de Trois-Rivières, Jean-Denis Girard.

L’effort demandé directement aux municipalités s’établit à 220,7 millions de dollars, soit 1,2 % de leurs revenus estimés de 2012. Pour les députés libéraux de la région, il s’agit d’un effort «raisonnable» si on le compare à celui demandé à d’autres secteurs de la société.

Ils rappellent également que les municipalités disposent de surplus de 1,3 milliard de dollars, et que, malgré la réduction, les transferts que le gouvernement du Québec verse aux municipalités demeurent importants, soit de l’ordre de plus de 3 milliards de dollars.

En cette période budgétaire dans le milieu municipal, les députés libéraux de la Mauricie croient que les «contribuables seront en droit d’exiger des comptes de leurs élus municipaux qui seraient tentés de justifier ainsi une augmentation de taxes ou une baisse de services».

Tout faux

Le député de Nicolet-Bécancour, Donald Martel a vivement réagit aux propos tenus par les libéraux, lui qui en connaît un bout sur le monde municipal à titre d’ancien directeur général de la MRC de Nicolet-Yamaska pendant plus de 20 ans.

Donald Martel dément les chiffres avancés par les libéraux. «Premièrement, le gouvernement soustrait de son calcul l’augmentation de 50 M$ dédiés à la voirie locale, une somme pour laquelle les municipalités sont tenues de consacrer à cette mission», commence-t-il.

«De plus, le ministre a utilisé comme base de calcul les revenus totaux des municipalités, plutôt que ceux sur lesquels elles ont réellement compétence, soit les revenus de taxes et de tarifs qui totalisent 10,97 milliards $. Ce faisant, les compressions imposées représentent 2,61 % des revenus des villes et non pas 1,2 %.»

Donald Martel dément le fait que les municipalités pourront se servir des surplus accumulés pour compenser les compressions. «Ces surplus ne sont pas libres et ne dorment pas aux états financiers. Ils sont utilisés comme fonds de prévoyance ou pour financer des projets d’investissement. D’ailleurs, les investissements non financés en cour s’élevaient à 1,2 milliards $ pour l’ensemble des municipalités en 2012», indique le député.

«Les compressions imposées par le gouvernement du Québec forceront une hausse des taxes municipales, entraîneront une réduction des services ou obligeront à reporter des investissements, déplore-t-il. Selon certains maires, une compression de 2,6 % calculée sur la base de leurs revenus de taxes pourrait même causer une augmentation de 4 à 5 % du compte de taxes pour les propriétaires fonciers, ce qui représente une augmentation d’environ 100 $ en moyenne.»