La fermeture de l’abattoir Kunipac de Trois-Rivières fait mal

Par Émilie Tremblay La fermeture de l’abattoir Kunipac donne bien des maux de tête aux petits producteurs de lapins et de petites volailles de la Mauricie. C’est que depuis la date fatidique du 9 mai, ces derniers tentent par tous les moyens d’absorber les pertes financières et surtout la perte de temps que cause l’absence de l’abattoir à Trois-Rivières.

Les producteurs doivent dorénavant parcourir des centaines de kilomètres pour aller faire abattre leurs bêtes. «Ça demande vraiment une réorganisation, explique le propriétaire de la Ferme le crépuscule de Yamachiche, Jean-Pier Clavet. Le problème avec la petite volaille, c’est que les abattoirs remplissent déjà leur volume. Pour nous, c’est toujours de l’incertitude puisqu’ils s’occupent de nous s’ils ont des trous. Par exemple, je n’ai pas encore réussi à trouver d’endroit où aller à partir de la fin novembre jusqu’en janvier.»

Depuis la fermeture de Kunipac, M. Clavet s’est promené entre Saint-Apolinaire, Granby et Drummondville. «On m’a conseillé d’aller jusqu’en Beauce, mais je ne suis pas certain de vouloir aller jusque là-bas.»

Le même problème se présente chez les producteurs de lapins où certains vont jusqu’en Ontario pour un obtenir un travail semblable : autrefois, ils l’avaient à moins d’une heure de chez eux. «Régulièrement, je fais deux heures de route pour aller porter mes lapins à l’abattoir, je retourne ensuite Saint-Tite, explique le propriétaire de LaProdéo, Maxime Tessier. Le lendemain, il faut que j’aille les chercher et les porter à un autre établissement qui s’occupe du découpage de mes bêtes.»

Tout cela, sans compter les lourdes pertes financières que doivent absorber les producteurs. «Ça me coûte 0,65$ de plus par lapins, fait savoir M. Tessier. J’ai environ 32 000 lapins par année, faites le calcul…» Et ce ne sont pas les consommateurs qui paient plus cher, puisque le prix à la vente n’a pas changé.

Les causes

En fait, c’est pour des raisons de rentabilité que l’abattoir Kunipac a fermé. «Les producteurs n’étaient pas capable d’augmenter leurs prix au détail», explique un des propriétaires de l’ancien abattoir Kunipac, Stéphane Lemire.

Une dizaine d’entreprises avaient recours à leurs services. L’usine opérait à 90% avec les lapins et était présente à toutes les étapes de la transformation de l’animal.

Malheureusement, elle n’est pas la première à fermer. M. Clavet se rappelle qu’en 18 ans, il y a eu celles de Saint-Paulin et de Saint-Luc-de-Vincennes.

Les solutions

Néanmois, on tente de tout faire pour conserver un abattoir dans la région. Plusieurs rencontres ont eu lieu, à cet effet, entre le MAPAQ, l’UPA, la Table agroalimentaire, les ex-dirigeants de Kunipac, M. Clavet et M. Tessier.

«Nous sommes tous très préoccupés par la situation, précise le directeur régional du MAPAQ, Norman Houle. C’est d’autant plus important parce que Kunipac relevait du fédéral, ce qui permettait aux producteurs de vendre partout au Canada et aux Etats-Unis.» Ils en sont à évaluer les chances de revente.

Il faut dire que la tâche est d’autant plus ardue puisque c’est de plus en plus difficile de trouver de la main-d’œuvre qualifiée dans les abattoirs. «Ça nuit aussi à la qualité de nos produits», notent les producteurs.

Est-ce qu’à long terme les petits producteurs pourraient se faire engloutir par l’élevage à la chaîne des grosses entreprises ? C’est bien la crainte qui perdure.