« Je veux retrouver mon quotidien comme avant… »

Carole Lessard, l’ex-conjointe du présumé terroriste Said Namouh, arrêté le 12 septembre dernier, à Maskinongé, n’en revient tout simplement pas des événements qu’elle a vécus suite à ce coup de filet de l’Équipe intégrée sur la sécurité nationale de la Gendarmerie Royale du Canada

Namouh a été accusé de complot dans le but de livrer, poser, faire exploser ou détonner un engin explosif à l’extérieur du Canada. Les menaces terroristes auraient été proférées contre l’Autriche et l’Allemagne.

Abasourdie

Carole Lessard est serveuse au restaurant Chez Jean-Baptiste de Louiseville depuis sept ans. Elle compte 32 années de service dans son métier.

En 2002, elle a épousé Said Namouh au Maroc. Elle avait rencontré son époux lors d’un voyage au Maroc et non pas via Internet, comme rapporté par d’autres médias, précise-t-elle.

Le présumé terroriste est arrivé au Canada le 9 septembre 2003. « J’ai parrainé son arrivée au Canada. Ce parrainage s’est terminé en septembre 2006. Nous nous sommes divorcés en février 2006 », mentionne Mme Lessard.

Pendant leur mariage, ils ont vécu à Maskinongé. Said Namouh a travaillé dans la région, notamment à l’Abattoir ATRAHAN d’Yamachiche, chez Pliage de bois Louiseville et pour l’entreprise Shur Gain d’Yamachiche.

Rien ne lui a été reproché concernant son travail. Au Maroc, il était machiniste sur métal.

Après le divorce du couple, Carole Lessard n’a pas eu d’autres nouvelles de Said Namouh. Elle avait été informée qu’il demeurait à Pointe-du-Lac, sans plus.

Avant le matin de l’opération policière, Mme Lessard a accepté d’héberger son ex-conjoint pendant quelques jours car il était sans logement, évincé de celui qu’il occupait à Pointe-du-Lac. « J’ai eu pitié de lui. Il était mal pris. On ne laisse pas un chien dehors, encore moins un être humain. Avoir su, il est bien évident que je ne l’aurais pas hébergé », mentionne-t-elle.

Mme Lessard savait-elle que son ex-époux pouvait être rattaché à une organisation terroriste ? Said Namouh a-t-il déjà fait allusion au terrorisme sur la planète ? « Jamais il n’a parlé de terrorisme. En aucun temps il n’a fait allusion à quoi que ce soit qui pouvait se rapporter à des actes ou des mouvements terroristes », dit-elle. « Tout ce que j’ai appris sur mon ex-époux suite à son arrestation, c’est par les médias que je l’ai su. J’ai été abasourdie, assommée, dépassée par les événements. Il était un type travailleur, calme, doux, gentil. J’ai été complètement consternée, renversée par tout ce que j’ai lu et entendu sur lui et par les accusations auxquelles il fait face. Je suis victime de toute cette histoire. », ajoute Carole Lessard, avec de l’émotion dans la voix. »

Elle dit trouver dommage ce qui arrive pour les parents de Said Namouh. « Ces gens m’ont reçue comme une princesse, une reine, lors de mon séjour et de mon mariage au Maroc. C’est vraiment regrettable pour eux de devoir subir pareil choc », laisse tomber Mme Lessard.

Retrouver son quotidien

Le dossier Said Namouh est loin d’être clos. Il revenait devant la justice le jeudi 19 septembre. Comment Carole Lessard voit-elle les choses ? « Je vais suivre le dossier comme tout le monde, sans plus, par les médias. Ce que je veux le plus au monde, c’est retrouver mon quotidien, ma vie comme avant. Je veux remercier mes patrons, Francine Vallières et Marcel Renière pour leur compréhension et leur chaleur humaine envers moi suite aux événements. Merci aussi aux clients de Chez Jean-Baptiste qui m’ont témoigné leur estime et leur encouragement. Ils ont été très gentils avec moi. J’ai senti un grand élan de solidarité autour de moi et c’est ce qui m’a aidée à passer à travers cette période difficile. Ma famille m’a également supportée avec empressement et je l’en remercie du fond du cœur. Je continue à marcher la tête haute, je n’ai rien à me reprocher, rien à cacher. Ça va bien au travail, c’est ce qui compte. Pour ce qui est de mon ex-conjoint, tout ce que je peux dire, c’est que la justice va suivre son cours. En ce qui me concerne, je concentre mes énergies sur mon travail et je veux vivre comme je le faisais avant le 12 septembre dernier », conclut Carole Lessard, encore sous le choc des événements qu’elle a dû vivre, bien malgré elle.