Glissement de terrain de 1955: Nicolet se souvient

PATRIMOINE. Ce samedi, une cinquantaine de personnes ont assisté à une activité de commémoration du glissement de terrain survenu le 12 novembre 1955. La célébration, organisée par Le Rendez-vous des souvenirs nicolétains, se tenait au Centre des arts populaires de Nicolet.

L’animation de cet après-midi était assurée par l’écrivain nicolétain Louis Caron. On y a présenté des photos d’archives, de même qu’un petit film. L’animateur commentait le tout et agrémentait les images de faits et de souvenirs.

La rencontre se voulait participative. Ainsi, les gens présents étaient invités à prendre la parole à tout moment pour offrir leur témoignage ou donner des explications à propos de la catastrophe survenue il y a 61 ans. Certains, plus âgés, ont vécu le terrible drame et sont venus racontés leurs souvenirs, tandis que d’autres assistaient à l’activité pour en apprendre plus concernant cette histoire qui a marqué la ville de Nicolet.

Par ailleurs, dans le cadre de cette activité, une célébration du souvenir s’est tenue par monseigneur Gilbert Lemire.

Rappelons que Le Rendez-vous des souvenirs nicolétains est un regroupement de personnes intéressées par l’histoire, le patrimoine et le partage des souvenirs d’autrefois.

Un peu d’histoire

Le 12 novembre 1955, la ville de Nicolet se remettait doucement du terrible incendie qui avait ravagé une grande partie du centre-ville huit mois auparavant.

Des travaux de terrassement étaient planifiés pour l’aménagement de la berge en prévision de la construction d’un boulevard qui longerait la rivière et allait relier le «bas» et le «haut» de la ville.

C’était déjà un fait connu que la berge de la rivière Nicolet présentait des problèmes de stabilité. En effet, un glissement de terrain s’était produit en 1950.

Le glissement de terrain de 1955 a commencé lorsque la station-service a été emportée dans ce qui semblait être une vague de boue. Tour à tour, on vit des maisons s’effondrer comme des châteaux de cartes avant qu’un bosquet de majestueux pins ne glisse lui aussi dans la coulée d’argile. L’Académie commerciale disparut à son tour au fond du gouffre. La marée destructrice termina sa course aux abords de la cathédrale, laissant l’évêché à moitié détruit.

C’était le 12 novembre 1955, à 11h50, que s’est produit ce terrible glissement de terrain. En l’espace de dix minutes, près de 160 000 m2 de matériaux furent engloutis dans le lit de la rivière Nicolet. Pire que les pertes matérielles évaluées à 7 000 000$, en 1955, trois vies humaines (un frère des Écoles chrétiennes, la cuisinière de l’Académie et un bébé) furent emportées dans les décombres.

Malgré cela, la chance a voulu que tous les résidents de l’évêché aient le temps d’en sortir, échappant à une mort certaine. La cathédrale, bien qu’épargnée par le sinistre, dut être démolie puisque sa structure affaiblie rendait les risques d’effondrement trop grands.

«Si la nature avait frappé une heure plus tard, le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd, a laissé entendre Louis Caron. En effet, tous les jours, environ 200 élèves de l’Académie commerciale se réunissaient pour regarder un film. Le destin nous a tout de même épargné…»

À l’époque, plusieurs hypothèses ont été étudiées. Par contre, en 2004, des investigations effectuées sur le site en 2004, par le Service de la géotechnique et de la géologie du ministère des Transports du Québec, ont montré que les travaux en bordure de la rivière en prévision de la construction du boulevard sont le facteur qui a amorcé cette catastrophe. En excavant le pied de la pente pour les travaux d’enrochement de la berge, les conditions de stabilité déjà précaires du talus ont été modifiées, provoquant ainsi l’affaissement d’une première tranche de sol.

Informations historiques tirées du passage «1955 : le glissement de terrain de Nicolet» tiré de «Revue Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, Numéro 82».