En hommage à Alain Drouin

LETTRE OUVERTE. Je ne peux rester muet à l’annonce de la démission de monsieur Alain Drouin comme maire de la Ville de Nicolet. Parce qu’il mérite qu’on salue son travail, parce que j’ai eu personnellement l’immense privilège de travailler pour lui, mais aussi parce qu’il est resté mon ami.

L’annonce de sa démission m’a pris par surprise et il serait faux de prétendre que je m’y attendais. Mais je salue et respecte fondamentalement cette décision que certains pourraient considérer comme hâtive ou prématurée. Je dis cela parce que je connais bien cet homme que j’ai côtoyé régulièrement en tant directeur général de la MRC de Nicolet-Yamaska, dans ses fonctions de maire de Nicolet puis de préfet de la MRC. Je peux ainsi affirmer avec conviction que je ne doute aucunement des motifs qu’il invoque pour prendre sa retraite avant la fin de son mandat. On prend souvent avec un grain de sel « les motifs familiaux » et « les raisons de santé » avancés par certains politiciens pour se retirer de la vie publique. Dans son cas, je sais qu’il était véritablement confronté à un choix très réel entre sa vie publique et sa santé. Sa lucidité l’honore.

Je rends hommage à cette lucidité, mais si je salue sa décision, c’est parce que je comprends qu’elle s’inspire de son très grand attachement envers le processus démocratique. En effet, s’il a choisi de partir à cette date précise, c’est dans le seul but d’assurer que son remplaçant ou sa remplaçante soit élu en vertu des règles électorales habituelles, ce qui n’aurait pas été le cas s’il avait attendu jusqu’en novembre. Il veut ainsi donner au peuple le moyen de s’exprimer. C’est une préoccupation qui fut constante tout au long de sa carrière, autant à la MRC qu’à la Ville de Nicolet. On n’a qu’à penser à cette fameuse mobilisation citoyenne dont il s’est fait le plus ardent défenseur et qui demeure un élément majeur de son bilan. Il a poussé la chose jusqu’à risquer de se faire critiquer pour avoir fait augmenter le salaire du maire, geste posé non pas pour en tirer un bénéfice personnel, mais pour rendre la fonction plus attrayante à son successeur. Son souci de la démocratie l’honore.

Certains critiquent les mœurs politiques de nos maires. Ces affirmations me choquent, car elles sont injustes. Il existe certainement des maires corrompus, mais je n’en ai pas connu un seul au cours de ma longue carrière à la MRC. À ce propos, je dois dire que monsieur Drouin a été un véritable modèle d’intégrité. Pendant toutes ces années où je l’ai côtoyé, il est demeuré une personne au-dessus de tout soupçon. Son intégrité l’honore.

On ne peut pas parler d’Alain Drouin sans parler de l’avenir de nos régions rurales. Nous le constations tous les deux : la ruralité est malmenée, menacée. À titre de vice-président de Solidarité rurale et dans ses fonctions de préfet de la MRC, il a défendu cette cause avec une ardeur et avec une énergie considérables et je soupçonne que l’immense pression qu’il se mettait sur les épaules a pu contribuer à détériorer sa santé. J’admire encore sa façon de gérer les réunions du conseil des maires, alors qu’il traitait tous ses confrères avec le même égard, peu importe la taille de leurs municipalités, avec le seul souci de défendre et de promouvoir les intérêts de sa région. Son amour de notre région l’honore.

Comme l’amitié a joué un rôle majeur dans nos relations professionnelles, je veux aussi saluer sa décision parce que c’est la première fois à ma connaissance qu’il pense véritablement à lui. Il a choisi sa santé et c’est une très bonne nouvelle pour moi et pour tous les citoyens de Nicolet. Nous pourrons ainsi continuer de profiter de sa présence et de son exemple. Nous perdons un maire, nous gagnons plus de temps avec un citoyen honorable.

Monsieur Drouin, vous nous laissez une ville qui a connu une très belle expansion au cours des dernières années, autant du côté résidentiel que commercial et industriel. Et si je peux me permettre un petit mot d’humour, je dirai que nous avions à la tête de Nicolet, ville « zonée divin », un maire qu’on voudra peut-être un jour « canoniser ».

 

Donald Martel

Député de Nicolet-Bécancour