El Nicaragua, une expérience à partager

Le 8 février 2011, un groupe de 15 élèves, de 16 à 17 ans, de l’École secondaire Les Seigneuries de Saint-Pierre-les-Becquets et leurs deux accompagnateurs, soit Gaétan Thibodeau et Angéline Lamarche, se sont envolés en direction du Nicaragua.

En collaboration avec le Groupe d’entraide international Spirale et le Centre communautaire Oscar Arnulfo Romero (CCOAR), c’est dans la ville de Nandaime qu’ils ont résidé tout au long de leur stage de 15 jours. Ce stage, ils s’y préparaient depuis plus d’un an à travers plusieurs campagnes de financement, des cours d’espagnol et des camps de formation. Les élèves ont séjourné trois jours au Centre communautaire avant de se séparer en groupes pour vivre dans des familles d’accueil du Nicaragua. Ces 15 élèves, j’en faisais partie, et j’ai écrit cet article car je crois fermement que des inégalités comme celles que mon groupe et moi avons vues au Nicaragua se doivent d’être dénoncées.

Le voyage au Nicaragua, pour moi, c’est une expérience de vie inoubliable, une multitude de photos splendides, des souvenirs mémorables, un groupe soudé, deux accompagnateurs dévoués, des centaines d’anecdotes, une ouverture sur le monde et sur une culture différente, le développement d’un esprit solidaire mais, d’abord et avant tout, une prise de conscience indispensable à la création d’un monde juste et équitable. Selon moi, il est important de partager cette prise de conscience à un plus grand nombre de gens possible pour qu’ensemble, on réussisse à faire changer les choses pour le mieux.

De lieux touristiques couramment visités à une petite communauté rurale éloignée de tout et ayant l’électricité depuis seulement un an, nous avons vécu une multitude d’activités. Bien sûr, le Nicaragua est un pays magnifique avec ses panoramas majestueux et ses habitants accueillants et chaleureux, mais il y a toujours deux côtés à la médaille. C’est en vivant quotidiennement avec les Nicas et en étant témoins de scènes d’extrême pauvreté que nous avons pu constater la véritable réalité des gens du pays et non pas celle que les touristes observent.

À la suite de ces deux semaines de sensibilisation au Nicaragua, on ne peut plus nier la réalité que nous avons vue et vécue. Les preuves de la grande différence entre nos deux sociétés abondent, nous n’avons qu’à penser à la condition de vie des jeunes du Nicaragua. La majorité de ceux-ci sont aux prises avec des problèmes de drogue, d’alcool ou de violence et les jeunes adolescentes ont généralement leur premier enfant à l’âge de 16 ans. De plus, leur plus important problème est, sans contredit, la difficulté d’accès à l’éducation, engendrant ainsi la pauvreté et divers problèmes de société. Il est plutôt rare qu’un jeune a les moyens de poursuivre ses études à un niveau plus élevé que le secondaire.

Évidemment, la déplorable situation des jeunes n’est pas du tout, et loin de là, le seul problème présent dans ce pays pourtant plein de potentiel. Pensons tout simplement aux coupeurs de canne à sucre qui travaillent à la sueur de leur front pour un salaire de misère, aux nombreuses femmes battues par leur mari, aux jeunes enfants, pieds nus dans le dépotoir, qui recherchent désespérément des produits recyclables afin d’aider leurs parents à payer le nécessaire pour vivre ou encore aux yeux empreints de gratitude et de joie des enfants du quartier lorsque l’on prend une partie de notre temps pour jouer avec eux, ce que leurs parents ne font pratiquement jamais.

Toutes ces scènes, il est clair que personne n’est capable de les oublier et ce sont tous ces souvenirs marquants qui nous poussent à agir et à consommer de façon responsable. C’est également en revenant d’un voyage comme celui-ci que l’on se demande pourquoi nous sommes venus au monde dans une société si riche et généreuse et, surtout, pourquoi on ne s’était jamais rendu compte de la grande chance que nous avons de pouvoir évoluer dans cette société où nos rêves sont à portée de main. Pourquoi est-ce que l’on demande toujours plus alors que nous avons déjà bien suffisamment et comment faisons-nous pour toujours trouver matière à « chialer » alors que nous sommes si chanceux de vivre dans une société comme la nôtre.

Cependant, se culpabiliser ne sert à rien : il faut agir ! S’engager en étant solidaire est une question de petits pas et ne signifie pas vivre en se privant de tout plaisir. Cela signifie simplement prendre un temps pour s’arrêter et reconsidérer notre mode de vie. Il ne s’agit pas seulement de consommer mieux mais surtout de consommer moins.

Est-il vraiment nécessaire de changer de cellulaire à chaque année, de jeter son Ipod à l’arrivée de la nouvelle génération, d’avoir une garde-robe remplie à craquer ou encore de laver son asphalte, tout cela pour donner une belle image de soi aux autres ? Un milliard d’êtres humains souffrent de malnutrition alors qu’ici on surconsomme et on s’étourdit dans le divertissement . Cette situation mérite d’être dénoncée et c’est en la partageant avec le plus de gens possible que la possibilité d’un monde plus juste et équitable grandira jusqu’à devenir réalité…

Pour terminer, j’aimerais remercier tous les citoyens qui nous ont permis de rendre ce voyage possible en nous encourageant à travers les différentes campagnes de financement. Nous sommes à un âge où la surconsommation nous touche plus que jamais avec des offres de plus en plus alléchantes. Nous sommes le public cible d’un bon nombre de publicités et il est parfois difficile de résister à la tentation. C’est un voyage comme le Nicaragua qui permet de nous sensibiliser et de changer notre mentalité à tout jamais. En faisant part de ces injustices à tous, entre autres par le biais de cet article, en consommant de façon responsable, en achetant des produits équitables de temps en temps et en faisant un don de 0,30$ par jour, soit 120$ par année, au centre communautaire Oscar Arnulfo Romero, je fais ma part…Et vous ?

Vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre- Ghandi

Catherine Provencher alias Catalina, 17 ans, Gentilly