Écolait devant la justice

Le procès intenté par les ex-agriculteurs et éleveurs, Jean Côté et Pascale Cardin de Saint-Félix de Kingsey envers la Compagnie Écolait de Saint-Hyacinthe sera entendu les 12, 13 et 14 mars prochain, au Palais de Justice de Saint-Hyacinthe..

L’Affaire du « scandale des veaux de lait » avait fait beaucoup de bruit dans les médias en 2010-2011.

En effet, un article du Journal de Montréal : « Des millions soutirés aux contribuables » de Andrew MacIntosh publié le 27 octobre 2010, a mis au jour le stratagème frauduleux des Intégrateurs dont Écolait faisait partie. De plus un reportage de la Semaine Verte à Radio-Canada (octobre 2010) et une interpellation du Ministre de l’Agriculture, monsieur Laurent Lessard, à la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (4 novembre 2010) ont contribué à ébranler le système de subventions du Gouvernement du Québec aux agriculteurs.

On se rappellera qu’une manifestation monstre organisée par les éleveurs –revendicateurs du système des Intégrateurs, s’est tenue à Saint-Hyacinthe devant les bureaux de Delimax et d’Écolait afin de décrier ce système. De plus de nombreuses dénonciations de pratiques frauduleuses, de malversations et même de tentatives d’intimidation de la part des Intégrateurs ont été rapportées dans plusieurs articles de journaux locaux et régionaux du Québec à ce moment-là.

Le litige qui sera entendu bientôt à la Cour supérieure du Québec remet en lumière les pratiques malveillantes de la Compagnie Écolait qui a fini par reprendre la ferme de Jean Côté et Pascale Cardin après sept années à travailler sept jours par semaine, y laissant leurs biens et une partie de leur santé. Il faut noter aussi que plusieurs autres fermes ont été reprises par Écolait de la même façon, depuis ce temps.

Le tout a commencé en 2002 lorsque monsieur Jean Côté et son épouse, Pascale Cardin, ont dû emprunter à la Banque Nationale un montant substantiel endossé par Écolait afin de construire une étable qui servirait à l’élevage de 650 veaux de lait. Ils ont dû, comme le prévoit le règlement interne de l’Organisme, faire affaire avec un Intégrateur, soit Écolait : une compagnie qui gère une chaîne verticale de production de veaux de lait : achat des veaux, choix des éleveurs intégrés (Jean Côté & Pascale Cardin), fournisseur de l’alimentation (poudre de lait) , soins vétérinaires et médicaments, abattage, vente et développement des produits .

Malgré tous les efforts de Jean Côté et Pascale Cardin, ils perdent sans cesse de l’argent, les années déficitaires s’accumulent, et en septembre 2008 devant les dettes importantes des éleveurs, Écolait reprend la ferme des Côtés. Mais deux mois plus tard Écolait loue la même ferme à Jean Côté et à Pascale Cardin : le bail qui débute en janvier 2009 pour une durée de 5 ans est fixé à 4300$ par mois. Cependant, ils n’arrivent bientôt plus à joindre les deux bouts.

« J’ai été pris dans la même manigance en tant que propriétaire que locataire. Écolait est l’un des principaux Intégrateurs au Québec et il contrôle une partie du marché. Ils m’ont alors surfacturé les sacs d’aliments en poudre dont j’avais besoin pour nourrir les veaux. J’étais bien obligé d’acheter d’eux parce que c’était aussi une clause du contrat en matière d’approvisionnement agricole et de produits vétérinaires. Comme ils étaient officiellement propriétaires des veaux, ils recevaient de la Financière agricole 175$ pour chaque veau, mais m’en versaient que 122$. Un tel stratagème a eu raison de notre endettement toujours plus grand et nous fûmes presqu’acculés à la faillite » a déclaré Jean Côté lors d’une entrevue au journaliste Jean-Pierre Boisvert dans un article paru dans La Tribune, du 6 janvier 2011.

Devant tant d’abus de la part d’organismes subventionnés par le Gouvernement du Québec, il appert que « justice » sera bientôt rendue entre « exploitant et exploités ».